surfrepotes.fr

[kevinseconds]

Notre reporter shaper-punkrock critic masqué

Ca fait un moment que je cherche les premiers morceaux de police, faudra que tu fasses ecouter!

[pipeau]

Lundi pas de shape pour moi. Une terrible et irrémédiable nouvelle ce week end, une humeur triste et maussade, un gros coup de spleen. Je suis bien passé voir Kamikaze mais l’envie n’était pas là. La tête ailleurs. Mais les aléas de la vie font qu' AUJOURD’HUI une super bonne nouvelle est venue m’éclairer la journée et j’ai la patate qui va avec. Il faut dire que dés midi cela avait bien commencé : Un petit resto avec Mister Fanchig, on parle de tout sauf de surf …. Mais Nan, bien sur qu’on a parlé que de ça ! Et hop direction l’atelier…

Mon ami le rabot est là, tapi dans un coin. Je sens son regard me suivre. Je m’approche. Un sourire narquois sur les lèvres il semble me lancer un défi. Je m’assois à côté de lui. Je lui propose une clope. Silence de sa part. Puis d’une voix douce, je lui dis que nous sommes mal partis tous les deux. Je lui propose de tout reprendre à zéro. Il ricane … Je lui fait alors face et lui glisse au creux de l’oreille d’une voix posée mais ferme: « Ecoutes mon gars, la Garonne n’est pas loin. Et à ce que je crois savoir, la nage c’est pas votre truc à vous, les rabots. Soit cela se passe bien entre nous, soit je t’envoies direct vérifier le sens du courant. ». Toujours ce silence mais son regard a changé. Il me regarde différement. Peut être fait il parti de ces gens qui apprécient les rapports de force ? Peut être a-t-il compris que je ne rigolais plus ? En tout cas il ne dit rien quand je l’empoigne et commence le décroutage du pont.

Je commence par le rail droit, inclinant très légèrement le rabot afin de mordre très légèrement sur à la fois le pont et sur le rail dessinant ainsi la toute première ébauche d’un vrai rail. Puis me faisant le plus léger possible je commence a m’attaquer au pont, essayant dans la mesure du possible de respecter le V ou dome-deck (a-t-on le droit de parler de V pour le pont ?) qui est doux, très doux sur le pain. Pour rappel le dome-deck très prononcé du compressor étudié chez Kami ne m’avait pas vraiment séduit, bien au contraire.

Kamikaze et Fanchig ont fermé la porte derrière eux et discutent dans l’autre partie de l’atelier. Je suis seul. C’est bien. Je m’attaque au côté gauche. C’est déjà plus facile. Le geste est plus précis. Je prends du plaisir à suivre cette courbe de cet outline que j’aime de plus en plus. Je repasse en effleurant à peine le pain sur les endroits qui ne me conviennent pas. Même au rabot, la matière est agréable à travailler. Le bruit lorsque je passe sur la latte est différent mais ne me laisse plus cette sensation désagréable de la première journée. Etrangement, tout à mon travail et concentré J’oublie ou plutôt j’accepte enfin cette saloperie de nouvelle qui m’avait tant secouée. En supprimant une source d’éclairage, les ombres se dessinent. Les passages du rabot ont laissées des marques. Moins visibles sur le côté gauche, elles restent néanmoins là. Il reste du boulot.





Le surform attaque doucement en grandes courbes les irrégularités. La surface du pont devient peu à peu uniforme. Je passe au surform plus doux pour juste effleurer le pain, par plaisir et pour affiner le travail, la surface. Je passe une main, ce n’est pas parfait mais je suis content. Cela ressemble à quelque chose. Je prends du recul. On est très loin des photos qui illustrent les articles des maîtres du shape mais ce truc là, devant moi, me plait. Je range le rabot. Il me semble l'avoir aperçu me faire un clin d'oeil. Comme si nous étions enfin pôtes ... Comme si le premier jour n'était en fait qu'un rite d'initiation...







Ce sera tout pour aujourd’hui, je range mon pain au-dessus de celui de Zitoune. Je passe le balai. Je suis bien, serein. Aujourd’hui les Dire Straits se sont invités dans mes érances musicales. J’ai laissé les riffs de guitares hargneux et les basses mal accordées pour l’instant. Si ce jour j’ai un drapeau noir a levé ce ne sera pas celui de la révolte.

[Uhaina]

Mon ami le rabot est là, tapi dans un coin. Je sens son regard me suivre. Je m’approche. Un sourire narquois sur les lèvres il semble me lancer un défi. Je m’assois à côté de lui. Je lui propose une clope. Silence de sa part. Puis d’une voix douce, je lui dis que nous sommes mal partis tous les deux. Je lui propose de tout reprendre à zéro. Il ricane … Je lui fait alors face et lui glisse au creux de l’oreille d’une voix posée mais ferme: « Ecoutes mon gars, la Garonne n’est pas loin. Et à ce que je crois savoir, la nage c’est pas votre truc à vous, les rabots. Soit cela se passe bien entre nous, soit je t’envoies direct vérifier le sens du courant. ». Toujours ce silence mais son regard a changé. Il me regarde différement. Peut être fait il parti de ces gens qui apprécient les rapports de force ? Peut être a-t-il compris que je ne rigolais plus ? En tout cas il ne dit rien quand je l’empoigne et commence le décroutage du pont.

Paragraphe culte sur Surfrepotes,ou comment passer d'une émotion triste au rire en te lisant,t'es un sacré bonhomme tout de même.
Ca s'est plutôt bien passé on dirait,ce que j'ai pensé c'est que les cogitations,le stress et la technique laissent place au ressenti et que c'est le premier VRAI jour dans la peau d'un shaper sur TON surf.

[Bellota]

Merci Pipeau pour ce post bien sympa qui donne une note de bonne humeur dans une journée de boulot somme toute assez dure ...

Sur le changement de sensation avec le rabot en main et en laissant parler le feeling, ça me fait penser à cette sensation quand tu apprends à jongler et que tu dois te forcer à laisser ton instinct prendre le dessus (ce qu'on pourrait appeler "le lâcher prise" ou "laisser parler son cerveau droit" ...) un peu comme un jeune jedi qui mettrait un écran opaque devant ses yeux et qui serait quand même capable de placer son sabre devant les rayons lasers du robot d'entrainement

et désolé pour la mauvaise nouvelle qui t'as foutu le bourdon ... j'espère que ça passera ...

[zitoune]

j'ai vu la planche de près et c'est assez chouette effectivement ce qu'a fait pipeau

[Fanchig]

Mon ami le rabot est là, tapi dans un coin. Je sens son regard me suivre. Je m’approche. Un sourire narquois sur les lèvres il semble me lancer un défi. Je m’assois à côté de lui. Je lui propose une clope. Silence de sa part. Puis d’une voix douce, je lui dis que nous sommes mal partis tous les deux. Je lui propose de tout reprendre à zéro. Il ricane … Je lui fait alors face et lui glisse au creux de l’oreille d’une voix posée mais ferme: « Ecoutes mon gars, la Garonne n’est pas loin. Et à ce que je crois savoir, la nage c’est pas votre truc à vous, les rabots. Soit cela se passe bien entre nous, soit je t’envoies direct vérifier le sens du courant. ». Toujours ce silence mais son regard a changé. Il me regarde différement. Peut être fait il parti de ces gens qui apprécient les rapports de force ? Peut être a-t-il compris que je ne rigolais plus ? En tout cas il ne dit rien quand je l’empoigne et commence le décroutage du pont.

Paragraphe culte sur Surfrepotes,ou comment passer d'une émotion triste au rire en te lisant,t'es un sacré bonhomme tout de même.
Ca s'est plutôt bien passé on dirait,ce que j'ai pensé c'est que les cogitations,le stress et la technique laissent place au ressenti et que c'est le premier VRAI jour dans la peau d'un shaper sur TON surf.

Je rejoins Uhaina sur le fait que ce paragraphe est culte .

Pipeau revisite le slogan fondateur, aux limites de la SF. Quel grand moment !

[kimkamikaze]

pipeau fait une bd didactique pour enfants de 5 a 99 ans sur le shape. bonne idée non?

[kyu]

super récit que tu nous fait là pipeau .
le soucis de perfection qui te caractérise me laisse penser que ce "pipeaupressor " sera vraiment chouette au final !
Allez courage pour la suite et en esperant que la mauvaise nouvelle qui t'a affecté ne sois pas trop mauvaise

[wAga]

Ce que j'aime avec Pipeau, c'est que la moindre anecdote devient souvent une belle histoire, juste par la mise en lumière de sa prose

...t'as jamais pensé faire des interviews ou raconter de belles histoires, ...de surf ?!

[Grolapin]

Mon ami le rabot est là, tapi dans un coin. Je sens son regard me suivre. Je m’approche. Un sourire narquois sur les lèvres il semble me lancer un défi. Je m’assois à côté de lui. Je lui propose une clope. Silence de sa part. Puis d’une voix douce, je lui dis que nous sommes mal partis tous les deux. Je lui propose de tout reprendre à zéro. Il ricane … Je lui fait alors face et lui glisse au creux de l’oreille d’une voix posée mais ferme: « Ecoutes mon gars, la Garonne n’est pas loin. Et à ce que je crois savoir, la nage c’est pas votre truc à vous, les rabots. Soit cela se passe bien entre nous, soit je t’envoies direct vérifier le sens du courant. ». Toujours ce silence mais son regard a changé. Il me regarde différement. Peut être fait il parti de ces gens qui apprécient les rapports de force ? Peut être a-t-il compris que je ne rigolais plus ? En tout cas il ne dit rien quand je l’empoigne et commence le décroutage du pont.

...

[kyu]

Mon ami le rabot est là, tapi dans un coin. Je sens son regard me suivre. Je m’approche. Un sourire narquois sur les lèvres il semble me lancer un défi. Je m’assois à côté de lui. Je lui propose une clope. Silence de sa part. Puis d’une voix douce, je lui dis que nous sommes mal partis tous les deux. Je lui propose de tout reprendre à zéro. Il ricane … Je lui fait alors face et lui glisse au creux de l’oreille d’une voix posée mais ferme: « Ecoutes mon gars, la Garonne n’est pas loin. Et à ce que je crois savoir, la nage c’est pas votre truc à vous, les rabots. Soit cela se passe bien entre nous, soit je t’envoies direct vérifier le sens du courant. ». Toujours ce silence mais son regard a changé. Il me regarde différement. Peut être fait il parti de ces gens qui apprécient les rapports de force ? Peut être a-t-il compris que je ne rigolais plus ? En tout cas il ne dit rien quand je l’empoigne et commence le décroutage du pont.

...

[zitoune]

sacré grolapin

[pipeau]

Aujourd’hui Kamikaze est arrivé tout sourire. D’emblé Il me dit : « Hier à la télé, j’ai vu un super documentaire. Je pense que l’on va s’inspirer de cette histoire vraie pour continuer ton shape ! ».
- « Ok, topes là. ». Fis je naïvement.
- Bien tu commences par laver ma voiture !
- Hein ? Ben pourquoi…. ?
- Parce que dans le documentaire c’était comme ça !
- Heu il s’appelle comment ton truc ?
- Karaté boy ou kid karaté, je sais plus…
- Mais c’est « karaté Kid » ! Je l’ai vu mais ce n’est pas un docu, c’est un film !
- Tu oses mettre ma parole en doute ?
- Nan c’est pas ça. C’est que c’est pas une histoire vraie quoi, c’est un film, une connerie quoi.
- Et bien retournes taper sur ton petit clavier, sur ton petit forum si tu ne veux pas bosser. Mais n’oublies pas :
« Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux »
-Ouais c’est sur mais…
- « Ce qu'on sait, savoir qu'on le sait ; ce qu'on ne sait pas, savoir qu'on ne le sait pas : c'est savoir véritablement ».
- Heu Kim t’est sur que tu te sens bien ? Tu ne veux pas te reposer ? Tu ne veux pas un verre d’eau, une bière ?
- « Celui qui excelle ne discute pas, il maîtrise sa science et se tait ».

Là-dessus il rentre dans l’atelier en claquant la porte. Je reste interdit, figé. Bon ok. Je remplis deux sceaux, me muni d’une éponge et me voilà à faire briller la 5 portes familiale du maître… Une fois la voiture clinquante et un peu calmé devant le résultat, il me fit couper du bois en prévision de l’hiver, puis resté en équilibre sur une jambe sur un pot de résine, taper sur un vieux pain tout desséché de longboard, pêcher à main nue les pauvres truites du Jardin public. Une fois débarrassée du gardien de ce dernier dans une folle course poursuite à pied dans les rues de Bordeaux, j’eus enfin le droit de shaper.

J’entre enfin dans l’atelier. Kamikaze est en train de faire des choses qui sont d’une autre planète. Il jongle entre un kite de compétition et un plaquage sous vide bambou.







Il faut que je vous avoue un truc. Je ne lis les reports de sessions shape de Zitoune qu’après avoir fait les choses dont il a parlé. J’ai en effet envie de découvrir les choses par moi-même et ne pas apréhender les passages difficiles. Ouais ben, c’est une belle connerie ! J’ai donc tracé moi aussi mes lignes parallèles à l’outline. Et si je me suis bien appliqué comme tout, le rendu est vraiment approximatif et incertain…Mais bon, Je suis un manuel ! Pas besoin de planifier les choses, de les calculer, de les étudier avec des chiffres et des calculs. Je sens les choses, je communique avec la matière moi !

















Et cela tombe bien je doit attaquer une nouvelle phase de rabot. En effet le rocker naturel du pain n’est pas assez prononcé sur l'avant et si je le garde tel quel ce sera un festival d’enfournages. Déjà que…passons. Allez hop 2cm à prendre sur le rocker naturel et cela au feeling avec en plein passage de rabot une variation à la main de la profondeur de coupe. L'arrière va bien comme ça, je vous remercie.





Je me lance, première passe : yes c’est beau. Deuxième, c’est vrai que c’est chouette ! Troisième passe, Oh mince. Je devine avant de regarder l’embrouille… J’arrête le rabot. Retire les lunettes. Je regarde en sachant déjà ce que je vais découvrir. Ce n’est pas une passe, c’est une tranchée ! La grande faille de L.A ! Une abysse sous-marine ! Le sang se retire soudainement de mon visage. Kim rentre à ce moment. Il s’immobilise. Le temps se fige. La stupeur se lit sur ses traits. Le sang qui avait disparu de ma face revient à grande vitesse. Je suis rouge de confusion. J’ai déçu le maître, je le sais. Seul le chant d’un oiseau bien étranger au drame qui se déroule viendra briser ce trou noir temporel. Nous reprenons vie et commençons à étudier l’ampleur des dégâts.

Je me vois déjà transformé cette 6’.9’’ en 5’.9’’. C’est bien aussi une mini compressor. Junior va être content. Bon où est mon téléphone pour commander un nouveau pain. Puis peu à peu je dédramatise la chose. Regardes mes repères latéraux, oui, bon je suis juste limite mais bon, cela peut passer. Le sourire de Kim et ses vannes me rassurent. La catastrophe n’a pas l’air catastrophique. Un coup de rabot manuel pour abaisser la latte. La calle à poncer, je m’attaque à la matière afin de mettre tout cela à niveau. Peu à peu revient une surface plane. La courbe du rocker n’est pas là mais je commence à m’amuser à insuffler à mes mouvements une courbe horizontale afin de rattraper au mieux un rocker non pas fait d’une succession de plats reliés entre eux mais une vraie courbe… Cela fonctionne ! Reste l’extrémité du nose où ayant peur de trop manger la mousse j’ai relâché la pression sur mes passages de calle.







C’est déjà l’heure de quitter l’atelier. J’ai déjà en tête le petit coup de rabot manuel de demain pour faire tomber ce bout de nose. Les coups de calles pour aplanir le tout ! Vivement demain… Quoi que j’ai un peu peur quand même. Je viens de regarder le programme télé, y’a " Fight Club" qui passe ce soir !

[kevinseconds]

[Aramis]

Merci Pipeau pour ce récit .

A méditer pour demain :
"Il y a un adage qui dit qu'on fait toujours du mal à ceux qu'on aime, mais il oublie de dire qu'on aime ceux qui nous font du mal."
Jack dans Fight Club

Tu adores ton rabot , non ?