Chose importante à préciser avant de lire le texte : je sors professionnellement d’une série de nuits et suis dans un coton nuageux digne des paradis artificiels. Le texte ci-dessous peut dans ce contexte être sensiblement lui aussi cotonneux…
Bien, je ne sais pas si vous vous en souvenez mais j’avais laissé mon shape sur un problème et une interrogation : comment briser ce plat dans la courbe avant du rocker … Et bien voilà la solution : prendre le problème à bras le corps et laisser les outils de précision pour juste un instant attaquer pour de vrai sans peur et comme vous allez le voir sans reproche.
La mousse bleue représente l'emplacement du plat.
je laisse tomber une vastringue que je laisse aux baltringues (obligé de la faire celle là)
Pour un vrai rabot de bonhomme !
Et d'une passe décisive j'abats non pas le hut mais ma latte de très peu mais de façon harmonieuse, quelques menus passage de cale mettront tout ça à niveau. Que de neurones grillées par surchauffe alors que c'était si simple ...
Bien maintenant l’arrière … J'ai peu a enlever... Je reprend le rabot qui m'a tant plu dans le maniement ...Je vais enfin pouvoir faire disparaitre le gros shoot qui m'écorche l'œil depuis le début :
Là à droite vous voyez le truc pas beau là, ben regardez le bien car dans quelques instants ce ne sera qu'un souvenir !
Puis la calle à poncer, du 36 puis du 80 (bon là je fais mon pro, en fait ce n'est que le nombre de grains au cm2)
résultat :
Je m'attaque maintenant au Vee que je veux ! Pour ça une ligne sur les rails est tracé (rappel: pour l'instant les rails sont perpendiculaires à la carène et non travaillés ).
Le but est simple : sans abaisser la latte venir abaisser les bords de la planche dans une surface plane (chapeau les gars si vous avez compris car moi même en me relisant je comprend même plus ce que j'aurais due faire !). Pour ça je prend une cale en mousse et à l'aide de grand mouvements appuyés sur les bords j'incline peu à peu ma surface tout en essayant de rester dans une surface plane (inclinée mais plane... ouais j'ai vraiment l'impression que c'est plutôt moi qui plane là...).
Chaque coté sera fait l'un après l'autre...
Le fameux trait où je dois arriver...
La simple ébauche des rails sera faite ensuite. Rabot électrique, petite inclinaison, et hop un passage simple très très doux dans l'angle d'attaque il vient juste marqué le début du travail futur ...
ON NE TOUCHE PLUS A RIEN !
On retourne délicatement la planche et me voilà à abattre un peu de matière au niveau du tail trop épais pour l'instant. Il y'a la solution du rabot électrique mais les nuits de boulots se font sentir et j'ai peur de la faute irrémédiable. Je prend donc mon temps et choisies le traditionnel :
je vous remet la même photo pour vous montrer le petit trait au tiers supérieur.
C'est jusqu'à lui que je dois descendre...
Rabot sur la latte, Surfoam de biais sur la longueur du tail, cale à poncer, on recommence : Rabot sur la latte, Surfoam de biais sur la longueur du tail, cale à poncer... et ainsi de suite... Mais c'est agréable. Kim est assis et on parle. Avec la fatigue accumulée le boulot est quasi hypnotique... Toujours dans mon nuage de coton, je vois peu à peu le niveau baisser. Rien ne presse, la matière est toujours agréable à travailler...
Un coup de fil au portable me ramène à une altitude normale... Ah oui c'est l'heure... Je range un peu pas trop parce que je sais que demain je serais là, la fatigue en moins... Je vous jure les gars , le shape c'est bien !
Niveau musique ce sont les Bauchklang qui m'accompagnent ce soir. Cela va bien avec l'état cotonneux je trouve.
), les premières passes du surform ( pas de rabot ), tout cela dans un état de stress et puis finalement , la main , l'oeil, le corps, parlent , se mettent au service de la création.Les pas comptés , le rythme de la cale à poncer, la lumière bleutée et discrète, la douceur de la mousse caressée....... Lors de mon travail de shape, j'étais dans une bulle de bien être, au delà des tracas quotidiens, concentré sur mon " oeuvre", le cerveau inondé de la seule musique apportée pour l'occasion .Cette plénitude dans l'accomplissement d'un travail manuel , c'était vraiment une nouveauté pour moi, il y avait là un " superbe isolement " .La matière, le corps, l'outil et finalement l'esprit qui se laisse porter au délice de la sensation et non plus de la réflexion.
quelle bouée antistress d'aller le soir chez kim "shaper" 
