C'est clair que de suivre pas à pas avec les photos te mets vraiment dedans, mais quand en plus il y a autants de détails sur l'âme de l'artiste, on va finir par se téléporter dans l'atelier... You should have been here .....
Je pense que je ne suis pas le seul à avoir envie de connaitre les épisodes suivants de la folle aventure du shape au pays des pigeons critiques et des rabots silencieux qui n'en pensent pas moins ...
Aujourd’hui cagnard sur Bordeaux. En fait comme une belle et chaude journée d’août mais avec les gens en plus. Les vitres des voitures sont ouvertes et on se fait son zapping radio pour pas un rond. Moi depuis ce matin c’est Tagada Jones qui m’accompagne avec de temps en temps des petits morceaux de l’album d’ Orelsan. Mais si, ce rappeur qui a toutes les féministes sur le dos car disons le, il est un tantinet cru le garçon. Moi il me fait marrer et me fais penser à mon adolescence. Comme quoi les années passent mais les problèmes existentiels des boutonneux restent les mêmes. Je ne vois même pas pourquoi je vous raconte ça moi, surtout qu’on arrive à l’atelier. Vous reconnaissez ? Allez faites pas les timides, rentrez quoi.
Petit sas avant de franchir la salle de glass. Tiens le cornichon de Zitoune est là, en train de sécher ; Ouais joli pour un concombre pas mur. En fait, Il a mis la barre haute le bougre mais je lui dirais pas cela lui ferait trop plaisir. Et si je m’entravais, maladroit que je suis, et que j’allais faire tomber sa planche… je note pour plus tard en cas ou je foire ma strate à moi.
Mais venez par là les gars, dans la salle de shape proprement dite, y’a le « truc à moi » qui attend. Alors ? Oui, bon c’est sur, là sur le rail cela part un peu en cacahuète, oui la latte est un peu haute par rapport au reste, je sais les rails sont pas finis faut que j’arrondisse le tout… Mais sinon ? Comment ça un shape d’amateur ? T’es qui toi ? Tu crois que le métro de Rome c’est construit en un jour ? Figures toi que chaque aspérité même microscopique de ce pain de mousse taillé avec amour est remplie de ma sueur petit ! Et baisses toi, t’as pas à être plus grand que moi quand je t’explique ! Bon de toute façon fichez le camp, maître Kamikaze et moi il faut que l’on fasse notre méditation avant de shaper.
Nan mais t’as vu ça Kim… Ca a jamais shapé et ça donne des conseils, ça relève des détails, des sois disant imperfections. C’est leur face entière qu’est une imperfection. Je te jure. Si J’ai pas trop mangé de melon… Non pourquoi ? Pourquoi tu dis ça Kim ? Hein Kim ?
Bon c’est pas le tout maintenant me voilà bien tout seul là… Kim fait des trucs de shaper dans son coin, moi je me retrouve devant mon shape que j’ai pas vu depuis un mois. Il va falloir que l’on réapprenne à communiquer, à parler, tous les deux. Et puis chose importante : à ce que je la touche sans prendre une grosse mandale dans la tronche.
Bon première étape : finir les rails du moins finir de casser touts ces angles au maximum pour travailler l’arrondi final. Pour cela le rabot électrique. Hum, l’avais oublié celui-là. Toujours l’air aussi sympa. Un jour, il a du bouffer du poisson pas frais et je suis sur que je dois avoir la même gueule que le poissonnier qui lui a vendu. Bon ça passe plus ou moins. Ce qui est un truc de fous dans cette histoire, c’est qu’à chaque fois où j’ai l’impression que la planche parait ressembler enfin à quelque chose de propre qui pourrait un jour surfer, l’étape suivante va tout mettre en l’air et faire apparaître une nouvelle arrête disgracieuse, un nouveau problème d’équilibre dans une des courbes. Bref dés qu’on touche à un endroit cela se répercute ailleurs.
Et puis il y’a ce nose qui dans l’ensemble est bien sauf juste à l’extrémité devient trop épais, comme un gros bouton sur le nez d’une jolie fille. Allé sur les conseils du maître on rabat cette grosse verrue de la carène vers l’extérieur. Et puis il y’a ce tail trop épais dans les derniers centimètres, comme un gros bouton sur les fesses d’une jolie fille. Cette fois-ci c’est le pont que l‘on rabat vers l’extérieur.
Affinage des rondeurs des rails avec la « peau de dragon ». Si avec un nom comme ça, j’arrive pas à en faire une joli histoire pour junior c’est que je suis pas un bon papa. Là le travail est agréable, doux, tout en finesse. Rien d’irréparable de suite, les rondeurs arrivent tout doucement, au fil des passes. Le maître c’est assis et on fouille mon Ipod à la recherche de la musique adéquate au travail. Le rock irlando-new-yorkais des Dropkick Murphys sera vite jugé trop bourrin pour le travail. « Explosions in the sky » est choisi.
Kim assis dans un coin me raconte qu’il a relu l’alchimiste lors de son voyage à Bali. Je fais mes passes. La planche apparaît par magie, peu à peu au rythme de la musique. La latte à besoin une nouvelle fois d’être abaissée. Une dernière fois. Les rails sont enfin des rails. Le pont est propre, le nose est beau, le tail aussi. La carène qui n’a plus été touchée depuis un moment n’a rien à envier aux autres parties.
Je signe enfin décrétant que mon niveau d’exigence est atteint. Je signe d'un trait mal assuré. Je mets l’année car cela à encore plus d’importance à mes yeux que mon prénom. Et je la numérote d’un 0, comme tous les premiers numéros de fanzines qui ont bercé ma jeunesse.
Ce n’est qu’une fois dans la voiture que je réalise véritablement la chance que j’ai d’être accompagné dans mon premier shape. J’ai déjà en tête la décoration, je ne néglige pas la difficulté de la strate, mais bon dieu, c’est quand même pas facile de sortir une forme d’un pain de mousse.
Et encore du beau boulot....toute blanche comme elle est cela fait très pure non ? ! juste un pinline et hop... un teaser sur la suite peut être déco...strat ...ailerons ???
Franchement, vu le temps passé aux premières étapes, je trouve que ta dernière a été vraiment super rapide: T'as continué le shape dans ta tête pendant le mois d'arrêt, ou bien c'est Kim qui en avait marre que ça n'avance pas plus vite ?
Très chouette! Dis donc t'es allé vite en besogne et / ou t'y as passé un max de temps car il tes restait encore du boulot avant de finir le shape! Bravo