Ne t'inquiète pas pour si peu. Dis-toi que tu n'as pas connu le quart des galères que d'autres (en des temps plus reculés) ont eu à surmonter. Tu travailles dans un vrai atelier, avec les conseils d'un vrai shaper, avec des matériaux top (les mêmes qu'utilisent les pros) et en ayant accès à des outils de pro.
Je te laisse imaginer ce que ça pouvait être d'aller en train jusqu'à Dax depuis Guéthary, puis à pied de la gare jusqu'aux établissements Cazaux (fabricants de camions frigorifiques) et en revenir (toujours à pied et en train) avec un bloc de mousse d'isolation rectangulaire et plat de 10 CM d'épaisseur, un rouleau de tissu de verre et un bidon de résine (presque rouge). Puis, après avoir réussi à rapporter tout ça jusqu'au garage de Papa, scier en deux le "pain" (avec une égoïne...), coller une latte de contreplaqué au milieu et serrer avec des sandows (eh oui...) après avoir mis le pain sur deux tréteaux avec le bidon de résine dessus pour qu'il se courbe un tout petit peu, permettant un semblant de rocker... Je passe sur la suite...
Quand j'ai commencé à intervenir sur différents forums, il s'est trouvé des gens dans "l'industrie" pour me dire que j'allais achever la profession en dévoilant les secrets des techniques de fabrication... Moi j'ai toujours pensé que c'était une excellente chose et que tout surfer devrait avoir essayé de faire une planche au moins une fois... Ca n'a que des avantages, pour tout le monde.
Pour celui qui le fait, c'est super enrichissant et, en même temps, bien peu nombreux sont ceux qui persévèreront après la première: ayant soudain pris conscience du boulot que ça représente, il ne leur semblera plus du tout excessif de payer quelques centaines d'Euros à un shaper pour faire faire leur planche. Et puis, bien sûr, dans le tas, il y en aura quelques uns qui continueront à faire des planches pour eux, puis pour les copains, puis qui tenteront peut-être la grande aventure de se lancer "officiellement". Après tout, face à la standardisation et à l'industrialisation des planches, c'est plutôt positif de voir des gens prêts à empêcher un métier artisanal de mourir. Et si les artisans d'aujourd'hui ne transmettent pas leur savoir et les valeurs qu'ils défendent, qui le fera?