Olala un sujet comme ça quand je dois partir bosser
Je suis un transfuge du windsurf, mais dans mon cas c'est par pures raisons logistiques, étant venu au surf non pas par vocation mais plutôt en tant que solution de repli (huées de la foule). Mais je ne le regrette pas (applaudissements frénétiques).
Effectivement en rapport étroit avec la Bretagne avant de débarquer à Bordeaux pour les études, Nantais mais aux bases familiales Quiberonnaises, l'espace de quelques années j'étais obnubilé par la planche à voile. Plusieurs entrainements hebdomadaires en club (en rivière sur la plaine de Mazerolles, certains connaissent peut-être puisque c'est La Mecque Nantaise du windsurf) et les sorties du week-end sur la côte pour se frotter à l'océan et éventuellement aux vagues. Quelques heures de gloire en régate et même une participation aux championnats de France lors d'une année faste, je devais avoir 17 ou 18 ans.
Et puis la "mutation estudiantine" à Bordeaux, contraint et forcé de laisser mon matos... volumineux dans le garage de la maison familiale. Après c'est un hasard, l'école où j'ai débarqué avait un club de surf mais pas de club de planche à voile, étant sans voiture c'était plus simple de m'organiser avec eux. D'où changement d'activité favorite, plutôt radical parce que j'ai très peu refait de planche à voile depuis, pendant les vacances d'été à Quiberon au début et maintenant carrément plus du tout. Plusieurs flotteurs et gréments végètent tristement dans le garage, je me refuse toujours à les vendre "des fois que". Et puis le matos a tellement évolué que ça doit plus valoir grand chose...
Voila pour mon expérience personnelle de la planche à voile. Maintenant que dire de succint sur le sport en lui-même quand il y en a tant à raconter ?
Au niveau de l'apprentissage, un peu comme le surf c'est plutôt long avant de se faire vraiment plaisir et de ressentir les premières décharges d'adrénaline. Au niveau des prévisions météo ou de l'observation d'avant-session, même combat que le surf.
Et puis bien sûr il faut se construire un certain physique, et comme c'est ingrat c'est au début qu'on en a le plus besoin, ensuite en progressant et en apprivoisant la vitesse tous les mouvements demandent beaucoup moins d'efforts.
Niveau sensations, c'est extra. Filer pleins gaz au planning c'est vraiment grisant, d'autant qu'avec un peu d'habitude en étant calé dans les footstraps et accroché au harnais, la position est très confortable et qu'à l'inverse d'une vague qui s'achève, en planche à voile rien n'oblige d'interrompre la glisse quand le flotteur fuse sur l'eau...
Alors vous allez me dire oui mais bon c'est monotone et puis rien avoir à faire c'est chiant en fait. Oui mais non, car le vent et le plan d'eau ne sont jamais parfaitement réguliers... De la même manière qu'en surf on épouse le déferlement de la vague en essayant d'en tirer le meilleur parti, en windsurf c'est au vent qu'il faut au mieux adapter pour négocier les risées ou au contraire les déventes.
Pour la pratique du windsurf dans les vagues je peux moins en parler, j'ai essayé certes mais avec moins d'assiduité dû à la configuration de la presqu'île de Quiberon. Quel que soit l'orientation du vent, il y a toujours un des deux côtés avec un plan d'eau propre et propice à la vitesse (généralement la baie) quand l'autre propose des vagues. Et du fait de mon régime entrainements / compets à la régate, j'ai toujours privilégié la navigation aux jumps.
D'autant que je me suis blessé et fait une belle peur dans les vagues du côté de Penthièvre, en étant retombé à la suite d'un saut sur le flotteur à l'envers. Cuisse profondément entaillée par l'aileron, à plusieurs centaines de mètres de la côte on fait pas le malin. Je suis quand même rentré tant bien que mal, j'en garde une belle cicatrice mais finalement surtout dans la tête...
C'est comme en ski ou en snowboard, faire un saut droit avec de la vitesse est juste une question d'appréhension, pas de technique. Après il y a comme dans tous les sports une panoplie de figures toutes plus invraisembables les unes que les autres et là j'y connais que dalle.
Quelques vidéos pour illustrer tout ce roman autobiographique, pas de moi mais de mes idoles de l'époque : Robert Teriitehau, Robby Naish, Jason Polakow et consorts !
Late double frontloop par Robert Teriitehau, le premier à se lancer dans ce genre de trucs suicidaires...
Push loop par Robby Naish, niveau difficulté technique c'est du même accabit qu'un Kerrupt en surf par exemple, du très lourd...
Un peu de waveriding par Josh Stone, même exploitation de la vague que pourrait la faire un surfeur...
Du freestyle avec un Lollypop par Jason Polakow, ce truc est devenu le B.A.BA des planchistes alors que lorsque je pratiquais j'avais jamais vu ce genre de manoeuvres...
Pas forcément besoin de vague pour s'envoyer en l'air, avec la vitesse un appui sur l'arrière (exactement comme les "pop" en surf d'ailleurs) et ça décolle... Markus Keller en spin loop.