

Il fut un temps où l’océan me connaissait. Où chaque aube m’appelait au rivage, où chaque déferlante portait mon nom. J’ai glissé sur les crêtes du vent, chevauché les ondulations du large, laissé l’écume écrire son histoire sur ma peau salée.
Vingt ans à danser avec l’Atlantique, à écouter ses murmures, à deviner ses humeurs. Vingt ans à lire l’horizon comme une promesse, à attendre ce frisson sacré qui précède l’instant parfait.
Puis, peu à peu, le silence. Quatre années où mes pas se sont éloignés du sable, où ma planche s’est assoupie dans un coin de garage. Mais l’océan, lui, ne m’a jamais oublié. Il m’appelle encore, dans le souffle du vent, dans la rumeur des marées.
Peut-on réellement quitter la mer ? Peut-on éteindre cette fièvre qui brûle sous la peau ? Peut-être n’ai-je fait que m’éloigner pour mieux revenir, comme une houle qui prend son temps avant d’exploser sur la grève.
Je suis Aramis, surfeur en pause, rêveur insatiable. Mon cœur bat au rythme des vagues, et un jour, sans doute, je renaîtrai dans leur sillage.