Ce matin le Tage offre ses eaux à un majestueux trois mats sous ma fenêtre , mon regard se laisse emporter et mon esprit navigue dans un demi sommeil .
L'air ce matin est agréable, une douce fraicheur aiguise les sens , le ciel d'un bleu sans partage nous promet une belle journée .
Nous sommes Lundi , mais c'est Lundi de Pâques, alors la journée nous appartient et surtout nous pouvons encore profiter de nos hôtes en ce jour férié .
La houle a baissé nous laissant espérer une session sur un spot Worl Class à notre portée . Je suis à la fois excité et anxieux .
Quelles vont être les conditions ?
Cela sera t il vraiment à ma portée ?
Il y aura t il des locaux en quantité ?
Seront ils accueillants ?
Comment dit on bonjour en Portugais ? Et hop hop hop priorité ?
C'est donc la tête remplie de questions existentielles que nous nous dirigeons vers la rivière enchantée . Sortant de l'autoroute désert , nous voilà à emprunter le chemin des chèvres, passage escarpé où les voitures se croisent à peine et où le frein moteur est un allié .
Enfin , nous y voici .
Mon Dieu c'est beau , ce cadre entre les falaises ocres , cette rivière à l'eau glacée, et surtout ces vagues , belles droites alignées .
Je n'y tiens plus, mais je me maitrise, il faut faire bonne figure , on est sur un spot World Class quoi !
Allez allez allez !!!!!!! On y va !!!!!!!!!!
Quand tout à coup :
« Allez y, moi je le sens pas »
« ???????? »
C'est mon fidèle compagnon d'échappée qui se sent faible , pas en jambe, un rien canné .
« Je vais faire les photos »
Et bien soit , quand on ne le sent pas , il ne faut pas y aller, mais connaissant le compère Gil et son indéfectible optimisme dés qu'il s'agit de surfer je me dis qu'il sait ce qu'il fait . Parce que là c'est le bonheur en barre face à nous . Pas de vent , peu de monde, des vagues à notre portée et qui déroulent , un guide pour nous éviter les pièges d'un spot inconnu , le pied ,le pied, le pied !!!!!!
Prenant chacun nos longboards, nous laissons Bellota et moi , la petite famille sur le sable , tandis que Gil partira explorer les alentours en quête de belles images à rapporter
Et c'est parti pour une de ces sessions que l'on n'oublie jamais , non pas parce qu'elles sont parfaites, la perfection c'est vite ennuyeux, mais simplement parce que tout ce que vous recherchez dans le surf est là .
Et pour moi , tout est là , des amis , des droites longues, un peu de taille , juste assez pour se faire plaisir , du soleil, un cadre somptueux , une découverte de tous les instants sur ce spot inconnu .
C'est donc à tout jamais que sont gravés dans ma mémoire ces images et ces émotions.
Bellota au take off et Aramis en arrière plan
Bellota
L'Aramis invisible
L'Aramis visible
Au bout d'un temps indéterminé , quand on aime on ne compte pas , nous sortons prendre un peu de repos, s'hydrater, faire quelques étirements et observer à nouveau le plan d'eau .
Mais au loin , une vague m'intrigue
Une dalle bien méchante qui vue d'ici, semble se creuser en dessous du niveau de la mer , la taille semble le double de nos vagues et le creux n'est pas une plaisanterie
C'est insurfable pour nous mais nous distinguons quelques kamikazes qui pratiquent un autre sport .
Pour les surfeurs de bronze, c'est l'heure de remettre la dérive à l'eau, en face c'est encore jouable, non ?
Nous passons cette fois par la droite , au ras de la falaise et sur les rochers, en suivant l'école de surf qui se met à l'eau. D'ailleurs c'est étonnant ce passage pour des débutants, un sol de rochers, une falaise abrupte et des paquets qui arrivent en face . Un test pour la motivation !
Et encore du plaisir à l'eau sur ces belles droites
Puis le corps crie son repos , le ventre famine, il faut sortir .
Tout le monde se retrouve au sec et au soleil à déguster une pizza et une bière fraiche sur les tables du surf camp . Certains se perdent dans les yeux bleu vert de la serveuse pendant que les paroles françaises de Serge Gainsbourg donnent à cet instant ce parfum d'un exotisme suranné …....« couleur café, que j'aime ta couleur café »........
L'après midi se poursuit par la visite d'Ericeira alors que le vent forcit, ses ruelles escarpées, ses maisons blanches et bleues, ......je me sens de mieux en mieux de ce pays .
Nous retournons vers Lisbonne, je viens de vivre une excellente journée, mon compère lui semble bien fatigué et file se coucher , un mauvais microbe s'est invité, il faut le neutraliser .
Dans la soirée , les studios Surfrepotes délocalisés auront encore œuvré sous la houlette de Maitre Bellota
à notre mousquetaire qui ne devrait pas tarder à le faire 
