Commençons par les classiques, qui est Sean Magyar et d'où viens-tu ?
- J'ai 44 ans, je suis venu à Paris en 2009 pour suivre ma copine ! Je viens de Californie.
Est-ce que tu vivais dans une famille surf ou es-tu tombé dedans par hasard ?
- Mes 2 cousins et mon oncle surfaient, une famille plutôt surf et skate. Je ne sais pas depuis
combien de temps je surfe, je ne m'en rappelle pas, mais j'ai commencé vers 10 ans.
C'est par eux que je suis tombé dedans ils m'emmenaient surfer.
Quel est ton meilleur souvenir de cette enfance passée sur les plages de Californie ?
- Les bonnes vagues ! Aller voir les pros après l'école à la compétition de l'OP Pro, à Huntington Beach,
c'était juste dingue de les voir tous là : Larry Bertleman, Cheyne Horan, Shaun Thompson, Mark
Richards... Tous ces mecs nous pouvions les voir à l'époque pendant la compète du “Katin” ou du
“Stubbies Pro”.
As-tu une anecdote marrante sur le shape ou tes moments passés dans les shops à produire des boards ?
- La plus marrante pour un shaper oui. Un client était revenu au shop après avoir acheté une planche
2 ou 3 jours avant en disant : “Je ne sais pas ce qui ne va pas avec cette planche mais elle ne
fonctionne pas vraiment comme je l'espérais...” Mon ami lui demande ce qui ne va pas avec cette
planche et le client répond : “Je ne sais pas trop, peut-être les dérives je ne suis pas trop sûr...”.
Mon ami : “Pas de problème on va réparer ça, reviens dans une semaine !” dit-il l'air sûr de lui.
Donc il met la planche sur les racks et elle reste là pendant 2 semaines. Il rappelle le client en lui
disant que la board est prête et il la récupère. Quelques jours plus tard il rappelle et dit : “Je ne sais
pas ce que vous avez fait les gars mais maintenant cette planche est une tuerie !!”. Mon pote avait
pris l'argent comme s'il avait fait le boulot, ce qui dans un sens vrai puisque le client était content
au final !!
Quel est le type de planche que tu préfères rider ?
- Des single fins définitivement ! Une dérive pas plus. J'en ai d'ailleurs une en cours de finition encore.
Ces planches fonctionnent le mieux. Les gens qui disent que vous ne pouvez pas tourner radicalement
sans que la dérive s'échappe, ce nʼest pas vrai ! Les channels agissent comme des petites dérives et
permettent de mordre dans la vague.
Depuis combien de temps shapes-tu maintenant ?
- J'ai commencé par shaper 1 ou 2 planches sans me considérer vraiment comme un “shaper” mais
disons environ 25 ans d'expérience maintenant, et environ une vingtaine de boards “parisiennes” :
longboard, fish, evolutive, thruster, un peu de tout en fait.
Comment as-tu appris le fait même de shaper ?
- Juste en pratiquant, en achetant des pains bruts, tu regardes les nouveautés qui sortent, les
gens te montrent quelques astuces dans l'atelier, ça vient comme ça. Quand tu es dans une
shaperoom, que tu tournes autour, que tu montres que tu ne t'ennuies pas, que tu veux
apprendre, tu ne parles pas, tu ne touches pas, tu ne poses pas de question. Tu t'assois et tu
regardes... Richie Collins est un de mes amis et son père Lance Collins était un bon shaper à
l'époque (http://www.wavetoolsurfboards.com/index.html), après le surf on trainait
au shop et ensuite tu regardes sans cesse et ça vient.
Donc comment était ta 1ère planche ?
- C'était une planche qui déchirait !! Non plus sérieusement c'était une bonne planche, je ne sais
plus où elle est maintenant mais quand j'y repense je crois vraiment que c'était une bonne
planche. C'était le meilleur que j'avais pu tirer de tout ce que j'avais appris jusqu'à alors.
Quels sont les shapers ou surfers qui ont eu une influence majeure sur ton shape ?
- Maintenant tout ce que je peux dire c'est que je suis ma propre voie. Tout ce que j'ai appris
des autres, cʼest une super collection de nombreuses années qui ont fait ce que je suis à présent.
Tous ces gars m'ont indirectement influencé, certains m'ont montré des choses que je ne savais
pas, beaucoup de choses qui ne sont pas que le shape en lui même comme le placement des
dérives, le grain du papier de verre, le rocker... Ça prend du temps, vraiment du temps d'intégrer
tous ces paramètres.
Quelle est la partie la plus difficile du shape ? Faire l'outline ? Le pre-design lui-même ?
- Non je crois que c'est vraiment le shape physique en lui-même. Avec mes années d'expériences,
de ce que peux me dire le client, c'est assez facile de designer l'outline maintenant.
Justement, quand un nouveau client vient te voir pour une planche sur mesure,
quelles questions lui poses-tu pout t'assurer de répondre à son besoin ?
- Son expérience (niveau de surf), où il surfe, évidemment son poids, sa taille, ce qu'il veut
comme outline général pour la planche, la couleur, combien de dérives...
Plutôt adepte des dérives fixes ou amovibles ?
- Pour moi je préfère les fixes car tu n'as pas à faire de trous dans la planche pour placer
les plugs. Tu peux littéralement rider la planche jusqu'à sa mort avec des dérives fixes !
Avec les dérives fixes, tu dois vraiment tester de nombreuses planches pour savoir quel
est ton meilleur placement pour celles-ci. C'est vraiment un ingrédient important dans le
fonctionnement d'une planche. Moi-même j'ai passé beaucoup de temps dans mon surf
avant de savoir où placer exactement mes dérives: un peu plus sur l'arrière pour
améliorer le drive, où placer la dérive arrière pour tourner plus serré, placement proche
des rails etc...
Que penses-tu du shape assisté par ordinateur ?
- Cʼest une bonne chose, c'est une base pour affiner ton shape, pour le pousser plus loin.
J'en reviens une nouvelle fois aux dérives, si tu dois réaliser 20 ou 30 planches pour
trouver le bon placement. Si tu dois shaper à la main, ce qui me convient aussi, c'est
fastidieux alors que si tu as un modèle que tu aimes, tu repars de cette base et tu ajustes
juste 2 ou 3 points et c'est là. C'est vraiment une aide, je ne vois pas cela comme le fait
de gommer le travail manuel.
Quelle est ta philosophie quand il sʼagit de créer une planche ?
- La créativité ! Essayer de produire quelque chose qui n'a jamais été fait jusque là, utiliser
mon imagination pour cela. Pas forcément dans le but de révolutionner le monde mais
pour arriver à produire une nouvelle planche qui fonctionne au moins aussi bien que ce
qui existe déjà. Si tu shapes tous les jours une 6ʼ2” 18”1/2 en tri-fins, c'est plutôt
ennuyeux non ? C'est le challenge de shaper une board dans laquelle personne ne croit
au départ ou n'y a encore pensé.
A Paris tu n'as pas trop d'aide extérieure, est-ce que cela te dérange ou non ?
- Pas du tout, j'aime le fait de maitriser tout le process, du début à la fin, shaper les dérives
si besoin, faire le glass, la déco etc ...
En dehors du shape, quʼest-ce qui te passionne également ?
- La musique tient une grande part dans ma vie. Créer de la musique. Jouer de la
musique. Regarder la réaction des gens dans la salle.
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Crédit Photos : Guillaume LAPIE
Interview : Thomas RIVIERE
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En tout cas merci pour cette interview 
Je trouvais ça juste curieux comme choix pour ce métier mais si c'est pas son activité principale , ça se conçoit . ça doit lui changer de la Californie !!