Ce sujet m'intéresse et il se fait d'ailleurs l'écho d'une partie d'interview en préparation...
Pour ma part je pense que le surf est sans nul doute un des sports les plus mal représenté dans la presse et dans les médias français. En cherchant les raisons de cette absence on peut se dire qu’effectivement le surf est un sport « jeune » sans réelle culture « grand public » française, et que sa pratique se limite aux régions océaniques de notre pays.
Mais en poussant la réflexion plus loin on peut se demander si le réel problème, si problème il y’a, n’est pas d’ordre économique. Bien que les grandes marques du surf business engendrent des profits considérables ont-ils les reins assez solides pour faire des interlocuteurs intéressant pour un partenariat avec les chaines de télévision ? Difficile de placer des encarts publicitaires de cuisines ou d'assurances voitures entre deux sets. Encore plus dur d'intéresser la ménagère de 50 ans à deux heures du matin (décalage horaire oblige), sur une compétition où des gugusses en lycra semblent attendre (quoi?) dans l'eau pour finalement disparaitre trois secondes dans une vague et en ressortir tout joyeux les bras en l'air et tout content d'eux.
Il en est de même pour le support papier où le conseil d’administration, porte parole des actionnaires (et non pas l’équipe rédactionnelle) a plus intérêt à voir des sujets et articles sur des supports intéressant le maximum de lecteurs plutôt qu’un secteur/lectorat de niche. Les profits de la presse se font grâce à la publicité présente entre les articles et les systèmes d’abonnement (argent travaillant sur des comptes) que sur le magazine ou le journal proprement dit… Alors le surf c’est une question de lecteurs "spécialistes" pour une presse spécialisée.
Cette même presse spécialisée qui de son propre aveu ne se porte pas très bien ces temps-ci. En France vous le savez c’est le groupe Sud-ouest qui détient le monopole de la presse surf. Et qui malgré une réécriture récente dans le fond et la forme voit ces ventes stagner pour ne pas dire baisser.
Pour ma part et cela n’engage que moi, le surf est en train de se construire son support médiatique via internet. Bon il va falloir que m’explique.
D’une part par son côté professionnel et donc le plus médiatique c'est-à-dire la compétition le surf nous invite à voyager en temps réel vers des destinations lointaines. La télévision n’offrant aucune possibilité de visualisation de ces épreuves les grandes marques ont vite compris l’intérêt d’un relais internet afin de satisfaire au mieux les spectateurs. Elles ont donc développée la couverture en live des événements de compétition. Si au début les cadrages étaient aléatoires et les connexions hasardeuses , il faut bien avouer que les images offertes s’améliorent d’années en années et que les vitesses de connexions toujours plus importantes permettent un spectacle de qualité en termes de moyens techniques. Nous qui analysons de temps en temps notre trafic pouvons voir d'ailleurs l'intérêt grandissant des repotiens pour les sujets relatifs aux compétitions en cours.
Hormis les forums et les blogs qui ne sont que de vastes rigolades dans l’infini du net, il faut bien dire que des sites officiels comme « surfline », « surfers village » ou encore « surfer magazine » sont devenus les vraies voix de l’information surfique. Car au contraire de beaucoup de sites qui ne sont que des relais d’informations de ces sites cités ci-dessus, ces passerelles font un vrai travail journalistique. Certes avec les outils qu’offrent internet : vidéos, photos et textes courts (parfois un peu trop) mais le travail est là et le sérieux nécessaire allant avec aussi. Passerelle qu’à peut être tenté « surf session » dernièrement en revisitant complètement son site et en faisant, toujours de mon point de vu, une énorme gaffe de communication le jour de son ouverture (un vague strip tease d’une modèle en combinaison, comme quoi on ne change pas un état d’esprit aussi facilement, passons…). SurfSession.com semble depuis s’être orienté vers plus de sobriété graphique. Bref, revenons aux références anglo-saxonnes qui fortes de leurs succès et de l’intérêt qu’elles suscitent s’offrent les moyens de s’enrichir pour devenir de vraies valeurs médiatiques et d’informations pour le surf.
Bien sur tout cela peut changer et de façon assez rapide. Nike qui rentre très intelligemment depuis quelques années dans le monde de la glisse pourrait inverser cette tendance et devenir le moteur d’une découverte grand public de notre sport. A grands renforts de publicité et de partenariats sur des compétitions la marque pourrait entrainer avec elle d’autres enseignes et solliciter ou attirer les médias. Leur politique de sponsoring n’est sans doute pas due à un engouement soudain pour le surf (snow, bmx, skate...) mais plus à une stratégie commerciale. De plus, l’arrivée en masse de nouveaux consommateurs, véritables pratiquants ou non (là n’est pas le problème, le surf business habille 90% de non surfers) pourrait par effet direct ou non charriée avec elle un nouvel éclairage sur le surf.
On peut se demander si K. Slater n’a-t-il pas lui aussi senti ce manque de reconnaissance médiatique. Il a beau être le surfer le plus connu du grand public voir le seul pour la majorité son désir de création du « surf rebel tour » (appelé aussi ESPN Tour) n’est il pas le désir d’une plus grande médiatisation du monde professionnel surfique et donc par conséquence du surf en général ? Pour rappel ce championnat du monde à grands renforts de prize money dépassant de loin ceux offerts par l’ASP classique offrirait une couverture télévisuelle par ESPN (groupe américain leader des chaines sportives et initiateur du projet). Le surf aurait enfin une place (la sienne ? ) sur le support médiatique visuel et historique qu’est la télévision tout en assurant, c’est inscrit dans le cahier des charges, une diffusion simultanée via internet.
Je vous le dis l’avenir médiatique du surf sera/est internet. Ne dis-t-on pas surfer sur la toile ?