Le Maroc a toujours offert des vagues et des trips surf de qualités. Connu depuis longtemps des vieux routards du surf, il est de plus en plus mis en avant grâce au support que sont Internet et la presse spécialisée. Parallèlement à son expansion touristique dans le monde du surf, il se développe de façon nationale avec une fédération de plus en plus présente et active et un magazine dédié au surf: AMOUAGE. Unique support papier Marocain traitant du surf et autres glisses, AMOUAGE est sans nul doute l’un des exemples de ce développement surfique Marocain. Vous nous connaissez, nous n’avons pas pu faire autrement que chercher à en savoir plus. Nous vous proposons donc une encontre avec l’équipe de rédaction d’ AMOUAGE :
Dans un premier temps, je vous propose de vous présenter.
Rachid Fahmi : 32 ans, Directeur de publication et initiateur du projet Amouage.
Driss Ghallab : 25 ans, rédacteur en chef et co-fondateur de Amouage.
Rachid
AMOUAGE a soufflé dernièrement sa première bougie. Pouvez vous nous raconter sa toute jeune histoire ?
Amouage surf magazine N°0 était mon projet de fin d’études, dans une école de communication visuel a Casablanca. Des photos en basse définition et deux vrais articles de Nicolas rousson et d’autres d’internet. Numéro 0 mais presque un vrais magazine. Apres j ai commencé à chercher des partenaires pour lancer le projet, j’avais que la maquette N°0 et rien d’autre. Ça m’a pris quelques mois, je peux même dire que c’étais impossible. Driss Ghallab était derrière cette aventure depuis qu’il a vu le numéro 0, il m'a aider pour faire le business plan, le dossier de sponsoring, etc. On a tout essayé. A la fin, j ai fini par lui proposer de s’associer. Il a tout de suite adhéré. Nous sommes aujourd’hui associés dans cette aventure.
Pour finir je remercie les deux merveilleuses femmes, Mme Zineb Laghzaoui et Mme Malak Laraki, Driss Ghallab, Sans Dieu et ces personnes le magazine n'aurait pas vu le jour.
Voilà c’est l’histoire d' Amouage en bref. Je profite de l’occasion pour remercier tout ceux qui ont participé et participent encore à cette aventure.
Driss Ghallab
En plein essor économique, le Maroc connaît encore beaucoup de difficultés sur ce dernier point. Est il façile de monter un tel projet dans ce contexte ?
Il est vrai que financièrement, les débuts sont un peu difficiles. Le développement du surf est encore timide au Maroc, ce qui limite notre cible et donc nos annonceurs. Mais ces dernières années, tout semble s’accélérer. Il y a de plus en plus d’écoles et de pratiquants. Le surf au Maroc n’en est encore qu’à ses débuts.
Papier de qualité, articles objectifs et pertinents, mise en page dynamique, photos professionnelles… Dites les gars, c’est quoi votre secret ?
Notre secret, c’est peut être tout simplement notre passion pour le surf. Avec l’aide de quelques amis photographes et rédacteurs, nous arrivons à couvrir la majeure partie des évènements glisse au Maroc. Ils nous sont d’une très grande aide.
Pourquoi avoir choisi de publier en langue Française ?
La langue arabe aurait trop limité notre publique. Nous aurions exclu une grande partie de la population des surfeurs qui est exclusivement francophone. Par ailleurs, la majorité des jeunes marocains lisent le français. Nous avons tout de même tenu à donner une identité marocaine au magazine, par son nom et la calligraphie arabe.
Dans AMOUAGE de grandes marques sont présentes sous forme d’annonces publicitaires. A-t-il fallu allez les chercher où sont elles venus d’elles-mêmes ?
Certaines ont tout de suite adhérer au projet tandis que d’autres ont mis plus de temps à nous rejoindre. La crise économique se fait toutefois sentir aussi au Maroc avec des budgets publicité réduit pour l’année 2009 chez les marques de surf wear.
Vous semblez vous intéresser avec grand intérêt à vos compétiteurs locaux. Existent-ils des liens particuliers entre les membres de la rédaction et ces derniers ?
Nous n’avons pas de liens particuliers avec les champions, si ce n’est qu’ils sont la raison d’être de notre magazine. Ils sont la fierté de notre pays et nous voulons les voir au sommet ! C’est aussi notre rôle de médiatiser les compétiteurs marocains pour les aider à trouver des sponsors.
Dans le même registre, vous parler souvent de la Fédération Marocaine de surf et de son travail, n’hésitant pas parfois à pointer ses erreurs de communication ou d’organisation avec une grande liberté de parole. Etes vous proche des différents acteurs officiels du surf Marocain ?
Nous suivons de prés tout les projets de la fédération et travaillons en étroite collaboration avec le bureau de la fédération. Cela ne nous empêche pas de parler de leurs erreurs, cela est même constructif et la fédération réagit positivement à nos remarques.
La mise en avant du Maroc comme « destination surf » ne cesse de grandir. Est-ce un point positif selon vous ?
C’est une bonne chose pour le Maroc, le tourisme est très important pour notre pays. De nombreuses écoles de surf travaillent d’ailleurs exclusivement avec les touristes et le développement de ce secteur est bénéfique pour le surf car il crée des emplois. Le revers de la médaille, c’est bien sûr la surpopulation de certains spots comme Taghazout ou Safi, mais ce phénomène reste très localisé.
Safi
En Europe, le nombre d’écoles de surf explose avec en parallèle de plus en plus de licenciés. Existe-t-il un phénomène similaire chez vous ?
Ce phénomène est nouveau au Maroc. La majorité des écoles de surf étaient, jusqu'à peu, concentrée dans la région d’Agadir et ciblaient la clientèle européenne. Depuis quelques années, les écoles de surf se multiplient dans les régions de Casablanca et Rabat. Le problème est qu’il n’y a pas encore de cadre juridique encadrant cette activité. La fédération travaille à un projet de cahier des charges qui régulera l’activité des écoles de surf afin de garantir la qualité des prestations.
Les jeunes compétiteurs Marocains que l’on voit sur la scène du surf internationale sont ils le reflet pour le Maroc d’un engouement récent pour ce sport ?
L’engouement pour le surf au Maroc est de plus en plus important. L’avènement de champions marocains sur les circuits européens et internationaux est le résultat du développement du surf dans notre pays. De même, la médiatisation de nos champions encourage les jeunes à suivre leur trace.
Comme nous le savons, malgré son dynamisme et sa soif de réussir, votre pays connaît quelques difficultés économiques qui malheureusement touchent en premier ses habitants. Il ne doit pas être façile pour un jeune désirant surfer de s’équiper ? Comment se débrouille t’il ?
L’équipement de surf reste très cher par rapport aux revenus moyens des marocains. Mais comme pour tout, le système D bat son plein ! On trouve des planches d’occasions à partir de 100 euros. Les surfeurs sont aussi très solidaires et s’entraident beaucoup. Le problème est que les jeunes ne trouvent pas toujours des planches adaptées à leur gabari et ne peuvent pas progresser dans les meilleurs conditions.
En plus du surf, AMOUAGE traite de Bodyboard mais aussi de Skate, roller et BMX. Selon vous, tous ces sports sont ils liés ?
Le surf et le Bodyboard sont les sports de glisse les plus développés au Maroc. On compte d’ailleurs plus de pratiquant de Bodyboard que de surfeurs. Cela est essentiellement dû au facteur financier, une planche de bodyboard coûte deux fois moins cher qu’une planche de surf. Le skate, le roller et le BMX sont en plein essor. Je pense qu’un magazine de glisse dans un pays en developpement comme le Maroc se doit de traiter tous ces sports. Si Amouage ne parle pas de skate au Maroc, personne n’en parleras !
Pensez vous que le surf Marocain, dans toute sa globalité (Riders, fédération, compétiteurs, écoles, surf camps…) est voué à un grand avenir surfique ?
On ne pas dire pour le moment. Les conditions pour voir le Maroc émerger parmi les grandes nations du surf sont nombreuses. Nous avons des vagues toutes l’année et un nombre croissant de pratiquants. Mais au-delà de ça, l’encadrement manque cruellement. Le nombre d’écoles est encore trop restreint et elles se limitent, pour la plus part, à donner des cours d’initiation. Il n’y a pas de structures qui puissent offrir un encadrement de qualité à de jeunes espoirs. Tous les champions marocains se sont formés seuls ou avec l’aide de leurs aînés. Enfin, il y a un manque immense au niveau du sponsoring. Les marques et entreprises marocaines n’ont pas les moyens de proposer aux jeunes champions des contrats de sponsoring qui leur permettent de suivre les circuit européens et internationaux. Nos champions doivent aller chercher leurs sponsors en Europe.
Le potentiel géographique et humain est donc là, mais le surf marocain a encore besoin d’infrastructures et d’appuis financiers important pour atteindre la place qu’il mérite sur la scène surf internationale.
Rachid à Bali ...
Ne pensez vous pas, cependant, que vous êtes en train de vivre les plus belles années du surf Marocain avant l’arrivée inévitable de toute l’industrie surfique sur vos côtes ?
C’est vrai que le surf a encore un côté familiale. Du nord au sud, les surfeurs se connaissent et les spots ne sont pas surpeuplés. Mais nous manquons encore de shapers, de marque surfwear marocaine, etc. Il nous faut un peu de cette industrie surfique sans laquelle le surf ne pourra pas se développer correctement.
Et pour finir deux petites questions : « AMOUAGE » ça veut dire quoi ? Peut on se procurer votre magazine en France ?
Amouage ça veut dire « les vagues ». Nous l’avons choisi car il est facilement prononçable pour les francophones et souligne l’origine marocaine du magazine. C’est aussi un hommage à l’élément marin.
Le magazine n’est pas disponible en France, mais une version pdf sera bientôt telechargeable sur notre site internet : http://www.amouagemag.com
Merci pour cette interview qui nous tenait vraiment à cœur car, au-delà de ce que cela peut représenter comme aventure en elle même, nous sommes conscient de la masse de travail et d’investissement que peut représenter la bonne tenue d’un magazine de qualité. Chapeau bas, Messieurs, « netshawfo ila sahel Allah» et encore une fois
شكرا على كل شيء
Deux numéros d' AMOUAGE téléchargeables avec l'aimable autorisation de l' équipede rédaction
n°5
n°6
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