Christian Margaill. Kms, [machine à préshape]. Interview

Le domaine des gratteurs de mousse

Christian Margaill. Kms, [machine à préshape]. Interview

Messagepar pipeau » Sam Juin 14, 2008 20:38

Le sujet du pré shape peut sembler ambitieux et un peu téméraire pour un forum comme le notre. Les avis le concernant sont souvent tranchés et passionnés. Il y’a ses partisans qui y voient une évolution normale du shape. Une manière de faire face à une demande rapide ou encore de contrer un marché qui voit de plus en plus d’importations à bas prix. De l’autre côté ses détracteurs, des surfeurs comme des shapers, qui ne veulent pas entendre parler de cet outil remplaçant, au moins jusqu’à un certain point, le geste de l’artisan shaper. Nous allons donc nous positionner, au moins pendant un moment, en retrait. Loin de toute polémique et sereinement, nous allons faire, à l’image de notre forum, esprit d’ouverture et découvrir d’une façon plus détaillée le pré shape : ce qu’il est vraiment et sans doute ses limites. Pour cela, nous vous proposons une rencontre. Celle de celui qui est le gérant et créateur de KM Systèmes. Cette société qui commercialise l’une des plus performantes des machines de pré shape.

Surfrepotes : Tout d’abord les présentations, ton C.V flash :
Planchiste, depuis l’age de 18 ans… ce qui fait… Ooops longtemps ! Imagine les premiers windsurfers avec le wish en teck !
Entre deux coups de vent, j’apprenais l’électronique qui m’a poussé naturellement mais de façon incontournable vers l’informatique plus tard. Deux notions essentielles pour se lancer dans l’aventure…


Srp : Peux tu nous raconter comment l’idée de développer une machine de pré shape t’est elle venue ?
Longue histoire : J’ai toujours shapé mes propres planches, avec des idées précises de ce que je voulais, mais c’était de vrais oignons… impossible de faire un shape correct… elles marchaient bien, répondaient à notre façon de naviguer, mais pas vraiment présentables ! Et puis un jour un copain a ramené d’Hawaï un vrai bijou, j’ai pris quelques cotes sur le parking, mais pour la mettre en forme, il me manquait un outil : le logiciel 3D. Le défi prenait forme dans ma tête. J’avais d’autre part réalisé un super logiciel dans mon job (électricité), mais je me suis attiré plus de jalousie que de reconnaissance. D’où l’envie de créer quelque chose de bien, mais pour moi cette fois !!! Le défi était lancé…

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Srp : Combien de temps s’est il écoulé entre l’idée et sa première finalisation commercialisable ?
J’ai donc commencé le logiciel de dessin en 95. Au bout d’un an, j’arrivais à obtenir quelque chose qui ressemblait à une planche en 3D. En même temps, j’ai commencé à faire joujou avec des moteurs pas à pas… Si à cette époque j’avais eu idée de la somme des difficultés qui m’attendaient… j’aurais jeté l’éponge tout de suite ! Un ami très précieux m’a aidé à me servir d’un tour et d’une fraiseuse pour la partie mécanique de l’affaire : j’étais novice mais je voulais maîtriser les 3 aspects nécessaires : électronique, informatique et mécanique. Ainsi, du pixel à la pointe de la fraise, je pouvais contrôler toute la chaîne… Bien m’en a pris pour la suite des évènements : Je peux difficilement expliquer l’intelligence qu’arrive à développer un tas de ferraille pour refuser d’obéir gentiment !!!

Srp : As-tu eu besoin de la collaboration d’un shaper pour sa mise au point et pourquoi ?
Au départ, Raphaël Salles (F-One) m’avait demandé de shaper ses tous premiers flysurfs, surtout au fil chaud au début, sur mon premier proto. Et puis j’ai rencontré Colas (Jade) à qui j’ai proposé mes services en échange d’accepter sans râler de voir probablement quelques pains bousillés… Son côté très tatillon m’a fait vraiment progresser dans la précision (toute relative au début) de la machine.

1er Proto:
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Et puis, avec le contact de Cobra grâce à Raphaël, les choses sérieuses ont commencé, et même si tout ne s’est pas bien passé avec eux, ce fut réellement le coup d’envoi. Premiers contacts dans le monde du surf, et tout de suite les grands noms…

2eme Proto:
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Puis avec les premières machines vendues, chaque shaper a apporté sa touche dans le logiciel… et il continue d’évoluer chaque jour.J’utilise régulièrement la KMS3200 qui est chez moi pour Colas, pour ses surfkites, ça me permet de continuer à l’améliorer. Et on est fier de fournir régulièrement des coureurs qui remportent des titres européens et même mondiaux en vague ou en longue distance.

Srp: Peux tu nous expliquer son principe et son mode d’utilisation ?
Au départ, j’ai volontairement ignoré tout ce qui se faisait dans ce domaine pour pouvoir offrir quelque chose de très simple. Je ne voulais surtout pas m’encombrer de normes et de standards qui auraient compliqué le truc : Un dessin de surf et 3 boutons : pont, carène, stop !

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Côté structure de la machine, je voulais aussi quelque chose de léger, rigide, compact, transportable et le moins cher possible pour être accessible dans ce milieu qui n’est pas vraiment industriel… et à qui les banquiers ne font pas de grand sourire !

Je crois être arrivé à cet objectif, puisqu’un de mes clients ne connaissait même pas Windows et un autre ne dépassait pas 130 surfs/an (avant d’acquérir la machine). Bien sûr, le logiciel s’est doté de boutons supplémentaires au fur et à mesure des desiderata des uns et des autres, mais ça va... On s’en sort encore !


Je suis arrivé donc à un principe qui semble si simple : Un PC+ logiciel, 3 moteurs bruschless (avec un protocole de communication très spécial qui permet de ne pas avoir de carte commande numérique, c’est le logiciel qui s’en occupe ) et un châssis rigide en profilés alu BOSCH (maous costo )

Et quelques accessoires : coffret d’alim, électrobroche, fraise, pompe à vide, caméra, spot laser, carte d’acquisition, aspirateur de copeaux, etc… Tout se gère depuis le PC : tu dessines, tu usines et tu scannes avec un seul et même logiciel, KMShape. Je ne sais plus qui a dit : « Il n’y a de réel progrès que dans la simplification ». J’en ai fait ma devise, mais ce n’est pas toujours simple !!!!

Srp: Certains shapers communiquent sans détour sur l’utilisation de ta machine. D’autres préfèrent rester discrets tout en ayant recours à celle ci. Comprends tu ces derniers ? Quel est ton sentiment par rapport à cette discrétion ?
Ça m’a toujours amusé : dans le milieu de la planche d’où je viens, le paradoxe entre les voiles et le shape était spectaculaire : pour la voile, la plus haute technologie était (et est toujours) i n d i s p e n s a b l e !!! étude en soufflerie, calcul d’écoulement de fluide, dérivée seconde et j’en passe… Flotteur ? Malheureux !! Seul un shaper de génie est capable d’une merveille !!! Toute forme de technologie est à bannir !
Dans le surf, il est vrai que tout est dans le « senti » : Un surf conviendra à tel surfeur mais pas à un autre… C’est la seule raison qui sauve l’artisanat dans ce milieu où l’appât du gain pousserait facilement vers la production de masse… Il faut absolument préserver la relation shaper/surfeur à travers le conseil et la personnalisation de chaque surf.
Cobra a pu tuer l’artisanat dans le windsurf (excepté l’irréductible Sergio Munari de Black Local ) parce que tout le monde voulait la planche unique de Naish ou Dunkerbeck, et hélas, aujourd’hui c’est la même chose dans le kitesurf.
Alors chacun est libre de communiquer sur ce qui lui semble important : technique ou artisanat.


Sergio Munari :
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Srp: Des shapers et surfeurs voient dans le pré shape une certaine perte d’identité du shape artisanal, qu’en penses tu ?
Tout le contraire bien entendu ! Mais même sans prêcher pour ma paroisse, les contacts enrichissants que j’ai tissé dans ce milieu me conforte dans cette idée. Quand je vois comment Gérard Depeyris, - qui pour moi est un véritable artiste du shape, un amoureux de la courbe parfaite, (sans autre allusion.. humm.. quoique ;o) et ce depuis de nombreuses années - arrive à sortir des pré shapes fantastiques grâce au logiciel qui autorise tous les délires possibles et de la machine qui offre la précision nécessaire, je prends ça comme ma plus grande récompense !

Au centre Mister Shaper Depeyris:
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Srp: Les shapers ont la réputation d’être plutôt solitaires dans leur travail. Pourtant aujourd’hui nous voyons des regroupements de shapers autour d’une même machine. Une possible réponse à l’offensive des productions asiatiques ?
Question difficile parce que sujet délicat : tous les milieux sont touchés.
Oui bien sûr, la profession est atypique. Mais il y a plus gênant encore que la production asiatique. La fermeture de Surfoam devrait servir de leçon. Tout le monde la déplore aujourd’hui. Et pour pouvoir faire face, il faut du volume, obtenir de bon prix… résine, fibre, etc…

Imaginer une centrale d’achat ? Peut-être qu’autour de Patrice, quelque chose aurait pu naître ? …
Mais effectivement, ça parait un peu utopique, en tous cas difficile à mettre en place. Je pense qu’il y a une volonté d’ouverture et de regroupement, mais on sent tout de même une gue-guerre entre shapers.
Ce serait pas mal de créer un label rouge, un « made in France » à l’image des produits de luxe que tout le monde s’arracherait !! Hélas, certains préfèrent s’identifier à de grands noms du shape australiens ou californiens, acheter les mêmes produits, (je ne citerai pas de noms…) et pire : ce sont bien des shapers français ou des shops qui sollicitent la production asiatique… sans trop chercher de solution à nos portes.
Oui, situation et sujet délicat…. et à terme… humm


Srp: Penses tu que le pré shape vient s’inscrire dans une évolution logique dans la conception artisanale d’une planche ou est ce la naissance d’une nouvelle forme de travail du shape?
Je crois que dès qu’on y a goûté, il est difficile de faire marche arrière. De plus, ça libère le shaper d’un long travail, ce qui permet de consacrer du temps à d’autres innovations.
Par exemple Alberto Galetti ( RT Surfboards ) vient de mettre au point des nouveaux surfs avec des pains en polystyrène, résine époxy et rails en carbone … question de créativité !
Mais je pense que le travail change radicalement. C’est tellement facile de changer un outline ou un scoop en quelques secondes. Plus de gabarit à retailler…


Sergio Munari ou comment shaper tout en buvant son café...
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Au Portugal, j’ai regardé Xanadu ou Ricardo Martins (immenses shapers brésiliens / californiens) designer leur modèle fétiche sur mon logiciel et les adapter à une demande particulière avec une aisance qui laisse penser qu’ils ont abandonné le rabot depuis longtemps…
Et quand à la fin de l’usinage, ils tournent et retournent la planche dans tous les sens le regard sérieux , puis avec une moue d’approbation ils me regardent en levant le pouce… wouaouh… c’est trop bon :o))


Mark McGuire
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Srp: Faut il avoir des connaissances poussées sur le shape pour utiliser ta machine ?
Un minimum est nécessaire, comprendre au moins à quoi sert un concave, un vee, ou des rails vifs… mais les surfeurs connaissent tous ça ! Et puis la machine a vite fait de t’ apprendre à designer des courbes correctes, résultat immédiat garanti ! Le moindre défaut saute aux yeux…

Srp: Selon toi, ne risque t’on pas voir l’ emergence d’une nouvelle génération de shapers formés exclusivement au maniements de machines ?
Bien sûr, c’est le risque, pour peu que s’en soit un. Un excellent shaper aligne au minimum 10 ans de savoir et d’expérience derrière lui. Avec la machine, j’ai pu réussir moi-même une planche parfaite… c’est dire !!!
Bon… on peut comprendre une certaine jalousie de la part des experts du rabot (c’était pas mon cas, c’est sûr), mais bon… je ne connais pas un seul shaper de renommé internationale qui n’en utilise jamais.
C’est un outil, performant, mais ça reste un outil.
Le shaper est créatif ou pas, il suit la mode ou il la précède !
Il a à sa disposition l’outil performant pour aller au bout de sa créativité, tout en se libérant d’une certaine dextérité, souvent difficile à acquérir.


C’est ce qui me faisait râler quand je voulais avoir une planche spatulé pour nos vagues courtes de méditerranée, alors que pendant des années la mode Naish nous imposait des trucs tendus à l’extrême qui enfournait tout le temps. (n’a pas les vagues d’Hawaï, nous… ) Alors je les shapais…. mais je ne les montrais surtout pas ;o)


Srp: Le(s) logiciel(s) utilisés pour programmer la phase de pré shape calculent-ils toutes les courbes en fonction des principales données fournies par le shaper ? Reste t’il une marge de liberté à ce dernier ?
Surtout avec le mien, il plait ou pas, mais il offre toute possibilité, et contrairement à la plupart de mes concurrents, j’utilise des courbes passant par des points réels et non des courbes de Bezier ‘tirées’ par des points virtuels…
Il faut savoir aussi sortir des sempiternels chiffres ultra précis à 1 et 2 pieds, pour se focaliser davantage sur l’aspect global du shape, et de la régularité des courbes. Gérard est impressionnant pour ça !
Rien ne m’agace plus qu’un shaper qui mesure à 30.5 cm de l’arrière (c’est où l’arrière exactement dit ? ) et qui me dit : là gnaa : j’ai 23.5 au lieu de 23 !!! Comme si c’était la faute de la machine, grrr


Srp: Avec son option qui permet de relever des côtes avec une grande précision au moyen d’un laser, ne penses tu pas qu’il y’est un risque de dérives de la part des clients : « Bonjour, je veux exactement la même planche que mon pôte et rien d’autre !» ?
Oui, mais je suis persuadé qu’ on va vouloir sa touche perso. Pour ma part, je voulais la même planche hawaïenne que mon pote, mais avec 5 litres de plus vu notre différence de gabarit… et c’est pour ça que j’ai commencé l’aventure du logiciel de dessin…
Et puis imagine : 2 planches identiques, mais tu as juste modifié un paramètre, le concave par exemple, et tu peux en tester l’impact ! intéressant non ? (ce que je fais régulièrement avec Colas pour des surfkites)


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Srp: En sachant qu’il n’existe pas à ce jour de notion de copyright dans le monde du shape, voici la même question mais placée cette fois ci du côté de certains shapers : « Voici la réplique exacte au millimètre prés de la fameuse planche shapée par …….. »
On rejoint ma remarque sur la planche unique des grands champions de planche à voile. En surf, c’est différent : la meilleure planche du monde est le résultat d’une collaboration étroite entre le surfeur et le shaper.
D’où les teams, et quand un grand shaper aligne les podiums, c’est qu’il sait écouter ses coureurs ! Il n’y a pas de planche magique et unique… heureusement ! Les réglages de la formule 1 de Prost n’aurait sûrement pas convenu à Schumacher


Srp: Poussée à ses dernières limites, la machine peut elle remplacer tous les gestes du shaper ?
C’est une question de temps disponible, du nombre de passes.. et au final de rentabilité (on en sort pas.. )
Mais il est un moment privilégié dans le travail du shaper : celui de donner la touche finale.
J’adore voir sur les étagères les shapes finis, tout propres, signés, fragiles (« touche pas !!! » ) parfaits… juste avant d’être décorés ou stratifiés… c’est le résultat de la main de l’homme. La machine humaine est irremplaçable.


Srp: Accepte t’elle toutes les longueurs et les différentes textures de pain de mousse ?
La KMS3200 (3200 c’était la longueur au début) existe en 10’ en 12’ et même 14 ‘. J’ai pu usiner à peu près tout ce qui se fait comme mousse…. Ce n’est qu’un question du choix de la fraise.. mais j’en ai essayé de toutes les couleurs.. Je fais fabriquer les dernières aux US , elles sont terribles ! Ca soulève la question de la tenue du pain de mousse aussi, latte ou pas, cellule fermée ou ouverte, etc… pas toujours simple.

Mousse PPE:
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Balsa:
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Srp: Penses tu pouvoir améliorer encore le principe du pré shape ?
On peut toujours améliorer le pré shape.
Je travaille actuellement sur un quatrième axe qui permettra un gain de temps, plus de finesse entre les passes et de précision dans le retournement du pain…
Mais c’est surtout pour d’autres applications, comme le détourage de composite, et aller vers d’autres marchés, même si le milieu du surf reste le plus passionnant.
J’ai d’ailleurs fait un nouveau logiciel plus industriel avec un graphisme 3D superbe, et je voudrais migrer KMShape vers cet environnement…


Srp: Travailles tu sur d’autres projets ?
Oui bien sûr. Le domaine du numérique est immense. Entre le scanner 3D et une machine numérique 3, 4 ou 5 axes à des prix attractifs… y a de quoi faire.

Image


Je voudrais aussi essayer de faire en sorte que la machine puisse poncer. Au moins le plus gros, là où tu en respires un max.
En 3 axes, c’est impossible, mais avec le 4° et une articulation, ça doit le faire.
Le logiciel fera le reste… à suivre.


Et puis bien que je ne fasse aucune com, (excepté mon site que je n’ai pas le temps d’actualiser…) je commence à avoir de plus en plus de demande par le bouche à oreille sur des projets de machines spéciales… bon.. c’est pas mal aussi…


Srp: Une dernière chose a ajouter ?
Un grand merci de m’avoir contacté, ce qui me permet de communiquer un peu et de faire partager ma passion dans ce milieu de passionnés…
Cette machine est un concentré de tout ce que je sais faire, qui plus est dans le domaine d’un loisir hors du commun.
J’éprouve un grand plaisir à travailler comme ça, participer à l’évolution du surf, multiplier les contacts, même si tout n’est pas gagné d’avance.. loin de là !!


Merci encore de ta disponibilité, je pense sincèrement que tes explications sur ce qu’est le pré shape et ta vision des choses par rapport à ce dernier seront lus attentivement par les amoureux des planches en quête de compréhension du shape actuel et de ses possibles évolutions.

Lien du site de KM Systèmes : http://kmsystemes.com/

Propos recueillis par Pipeau
Photos publiées avec l’aimable autorisation de Kmsystemes


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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar Keul » Sam Juin 14, 2008 21:58

Pfiou c'est ouf !!!
:shock:

Hors de toute polémique, je suis toujours fasciné par le travail que l'on peut demandé à un robot et la précision dont il fait preuve malgré son poid, sa puissance, et tout ça !!
Ayant fait pas mal de physique/méca pendant les études, j'imagines le casse tête que ca peut être, mais aussi l'immense satisfaction de solutionner des problèmes et d'arriver à ce que l'on veut !!

Chapeau pour le parcours accompli depuis le début ! Formidable ! :yess:
I D'ont Give A F*** If You Hate Me !!
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar wAga » Sam Juin 14, 2008 22:05

La démystification est en cours, la mienne en tout cas !

Merci Christian pour cette intimité partagée et la lumière qu'elle procure.
Merci également à notre " Grand Repo(r)teur" qui va bientôt mériter sa carte de journaliste !
8)
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Messagepar Uhaina » Sam Juin 14, 2008 22:46

Très complet et interessant,j'ai appris beaucoup!

Déjà il y a deux ans,je me suis retrouvé dans un atelier en tant que client potentiel,un shaper faisait fonctionner la machine alors que l'on me montrait l'outline d'une planche en cour de ponçage (manuel donc),ces deux professionels du shape n'avaient pas de reserve à montrer leur méthode de travail,j'ai donc plutôt l'impression que la machine à shaper est rentrée dans les moeurs. :wink:
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar Fanchig » Sam Juin 14, 2008 23:01

Article très intéressant, qui ne ferme sûrement pas la porte au shape manuel de grande qualité, mais qui rappelle quand même que les gens qui étaient Maréchaux ferrant (?) ont dû apprendre un nouveau métier à l'apparition de la bagnole... ou bien se perfectionner encore pour garder les quelques places restant pour les passionnés.

C'est pas tout ça mais faut que je retourne poncer, moi! :yahoo:
le faon chic exilé ... vivement le retour sur IO
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar GG85 » Dim Juin 15, 2008 08:36

J'ai peu ètre mal lu mais il manque une question non? C'est quoi son quiver? :lol: En tout cas interview très intéréssante merci!
Maître Jedi de TheNext
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar lob » Dim Juin 15, 2008 09:43

J'ai utilisé les pré-shapes KMS pendant un temps, puis plus du tout, puis je vais m'y remettre...
J'explique.
Les toutes premières planches, globalement entre N°1 et N°50 on été faites entièrement à la main, roulées sous les aisselles, avec "parfois" des erreurs... de débutant.
Puis sous les impulsions et conseils de Gérard Depeyris, j'ai opté pour un test de cette machine et de ce logiciel.
Pour ma part, utiliser ce logiciel a été une simple formalité dans la mesure où je pratique la 2D et 3D avec autocad et 3dmax quasi quotidiennement et que la perception des volumes à l'écran fait partie intégrante de mon métier d'architecte et infographiste.
Le maniement est parfaitement instinctif et on passe d'une étape de la conception à l'autre en toute logique et de façon très fluide.
On peut bien sur trouver de légers reproches à faire ici ou là mais qui sont de l'ordre du détail ou de l'ergonomie... mais la collaboration avec Gerard sur ce point permet de faire remonter l'information et de faire progresser l'ensemble machine et lociciel.
D'ailleurs, depuis 3 ans que je vois fonctionner l'ensemble, on est loin aujourd'hui des résultats 'il y a trois ans en terme de précision d'usinage.

Là où l'utilisation des préshapes a été utile pour moi c'est qu'une fois les volumes définis à l'aide du logiciel, on lance l'usinage et la machine n'a pas d'états d'âmes et pas de défaillances (sauf accident).
Elle sort des lignes propres et régulières, des progressions de volume exactes et fiables etc...
Au final, ça m'a grandement aidé dans la lecture des courbes et des volume et ça m'a habitué à lire plus clairement mes intentions.

Depuis une grosse 70aine de planches, je n'ai plus utilisé de pré-shapes, non pas par défiance envers la machine mais dans l'idée de travailler et de progresser dans ma connaissance de la mousse, des courbes, des volumes etc...
Maintenant que je me sens plus juste dans mes intentions en bossant de A à Z, je vais revenir à l'idée des pré-shapes.

Mais comme logiciel + machine ne sont finalement qu'un outil, il ne faut ni sacraliser ni diaboliser, chacun peut faire du pré-shape l'usage qui lui semble bon.
Pour ma part, j'y vois un intérêt dans le travail de dégrossissage, d'évacuation de la mousse "morte", de préparation de la carène etc...
Pour autant, j'aime qu'il reste un max de gras et de travail d'improvisation et de personnalisation à réaliser.
Globalement, j'aime avoir à travailler des "pré-pré-shapes" plus que des pains de production...
A chacun de faire correspondre son travail avec celui de la machine.
Question d'objectifs.

Bre, encore pas mal de blahblah....

Ci dessous je vous ai mis des images des différentes phases de conception d'un modèles avec KMS.
Les étapes sont à tout prendre les mêmes que lors d'un shape traditionnel.

1 - détermination de l'outline.
Chaque point de la courbe est éditable en tapotant les flèches haut et bas du clavier, les valeurs numériques s'affichent au fur et à mesure de la transformation; un petit module permet de valider la régularité de la courbe et la vue 3D permet de confirmer les choix.
En aucun cas la machine ne dicte de choix en terme d'outline et la modification du ficher est très simple.
Image

On détermine ensuite le rocker de la planche et le foil (différence entre le rocker de la carène et celui du pont de la planche)
Image

Sur cette troisième image figure le ligne par laquelle passent les concaves ou convexes de la carène, on peut à loisir déplacer la courbe au centre ou vers le rail. Je n'ai pas mis d'image de la définition des paneaux de vé ou autres finesses mais toute la carène est paramétrable.
Image

Ici, on définit la ligne à partir de laquelle le rail sera taillé à la verticale, en gros le lieu de rencontre entre rail et pont.
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Les trois lignes vertes déterminent la forme du pont, plus elles sont resserrées et proches du rail, plus la planche sera flat deck avec les rails tombant rapidement; plus elles seront espacées et loin du rail et plus la planche sera dome deck avec les rails plongeant dès la latte.
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Enfin, on peut valider ces choix en navigant dans les sections de la planche, du tail au nose, ce qui permet de s'assurer des choix en terme de carène et de volumes du pont.
Image

Ici deux vues 3D avec l'ensemble du maillage, validation finale des volumes créés.
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Modifié en dernier par lob le Lun Juin 16, 2008 17:13, modifié 1 fois.
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar pipeau » Dim Juin 15, 2008 12:11

Merci pour ce complément qui matérialise trés bien les explications du logiciel. Ca parait simple... là comme ça, mais pour avoir vu l'engin , heu ça devient autre chose une fois devant !
pipeau
 

Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar zitoune » Dim Juin 15, 2008 12:24

Merci beaucoup lob c'ets vraiment super chouette de voir comment ça s'utilise :yess:
et ça complète très bien l'interview, qui plus est avec un retour d'expérience personnel 8)
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar Prunel » Dim Juin 15, 2008 17:22

Merci pour l'interview et les compléments d'explications.

Je connaissais l'existence des machines de pré-shape mais j'ignorais totalement qu'elles étaient capables, aujourd'hui, d'aller si loin dans le travail de la matière, même les rails semblent être réalisables :shock:
Comme le dit Keul, c'est incroyable d'arriver à un tel résultat avec une machine, sacré boulot de conception !
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Messagepar Mowgli » Dim Juin 15, 2008 18:53

Merci à Christian, pipeau, et lob ! On apprend des choses !
Je trouve aussi l'idée du pré shape intéressante, et la précision semble très peu discutable... mais une finition à la main restera, je pense, toujours indispensable ne serait-ce que pour garder un vrai côté artisanal.
Merci encore pour l'interview, surfrepotes devra créer son propre magazine avec toutes ces interviews...
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar Tibok » Lun Juin 16, 2008 07:59

J'ai vraiment beaucoup appris grâce à cette interview sur la machine à préshape et j'espère vivement que çà puisse être une réponse juste, à la concurrence très forte des planches de fabrication asiatique...

Merci à Christian d'avoir pris de son temps pour surfrepotes !
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar lob » Lun Juin 16, 2008 08:31

Tibok a écrit:J'ai vraiment beaucoup appris grâce à cette interview sur la machine à préshape et j'espère vivement que çà puisse être une réponse juste, à la concurrence très forte des planches de fabrication asiatique...


La question est bien plus vaste hélas.

La véritable source de contradiction envers les imports à bas prix c'est simplement la qualité d'écoute, de réalisation, le respect du surfeur etc...
Au niveau des préshapes, les usines à planches sont équipées au mieux possible et ont peu de temps à "perdre" à peaufiner les shapes.
Au niveau de la qualité même des shapes, les modèles de base sont généralement bons à très bons.
Pis faut pas se leurrer, un ouvrier qui n'aura jamais vu la mer ou l'océan de sa vie peut parfaitement réaliser le geste juste sans même savoir quelle en est l'utilité... et après un mois plein à finir de gratter la mousse, il aura vu passer facilement 250 à 300 planches... une grosse année de shapeur français.
Idem pour le ponceur et le glasseur.
Ce n'est donc probablement pas sur la qualité technique des produits qu'on peut faire face.
Je sais que je risque les coups de triques mais c'est bien mon avis à moi personnellement.
Si on veut faire face, il faut améliorer sans cesse la qualité du service, de l'écoute, la personnalisation, le soin apporté au glass etc...
Je crains qu'en terme de rapport quantité/qualité/prix on ne puisse absolument RIEN faire.
Du moins en l'état actuel des choses.
J'ai entendu parler d'imports à 130€ ht, avec vrai polish à la résine...
Qui, même avec un préshape peut prétendre à de tels tarifs en France ? En Europe ?

Les réponses ne sont à mon avis pas à chercher dans la concurrence frontale, on ne peut lutter ni en terme de prix ni de volumes. :bye:

Par contre, il faut bien garder en mémoire le fait que le surf est probablement le dernier "sport" où le matos personnalisé et adapté à chacun est au même prix que la production.
Ce qui veut dire que pour une planche de shop avec label international prestigieux, on est dans la gamme de tarif d'une planche unique à tous les sens du terme.
Et on est à la portée d'une aventure unique pour un surfeur: faire réaliser la planche de ses rèves par un shapeur. :fufu:
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar zitoune » Lun Juin 16, 2008 08:52

je partage complètement ton point de vue :yess:

on ne peut que rivaliser vis à vis des produits pas chers venus d'asie qu'en proposant quelque chose de différent, de plus complet: une planche ET une adaptation réelle aux souhaits et besoins du surfeur.
Sans parler d'avoir sa planche unique à soi, du dialogue avec le shaper, de la déco, des côtes spécifiques, des délires à créer etc.

Et je crois qu'il y a un point aussi à garder à l'esprit, de mon point de vue de surfeur et pas de shaper, il me semble qu'un peu plus de solidarité entre shapers ferait pas de mal.
Car on entend souvent les shapers se "tirer dans les pattes" alors que le jour où il n'y aura plus que des shapers "de luxe" tout le monde sera malheureux.
Donc un peu plus de serrage de coudes me semble important pour conserver les spécificités de cet "artisanat" :D .
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Christian Margaill. Kms, (machine à préshape]. Interview

Messagepar kevinseconds » Lun Juin 16, 2008 10:37

Chouette interview pipeau ! T'as de l'inspiration ! Je suis étonné de la disponibilité des gens, très sympa.

J'aimerai bien voir une photo d'une planche à la sortie de la machine et une autre une fois la planche poncée pour voir le travail qui "reste" à faire...

Sinon plus technique :
Srp: Le(s) logiciel(s) utilisés pour programmer la phase de pré shape calculent-ils toutes les courbes en fonction des principales données fournies par le shaper ? Reste t’il une marge de liberté à ce dernier ?
Surtout avec le mien, il plait ou pas, mais il offre toute possibilité, et contrairement à la plupart de mes concurrents, j’utilise des courbes passant par des points réels et non des courbes de Bezier ‘tirées’ par des points virtuels…
Il faut savoir aussi sortir des sempiternels chiffres ultra précis à 1 et 2 pieds, pour se focaliser davantage sur l’aspect global du shape, et de la régularité des courbes.


Si le logiciel utilise pas les courbes De Bézier (censées minimiser l'énergie de "flexion") ça marche comment ? Il interpole avec des splines raccordées ? C'est possible de demander au monsieur ?
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