Ce que je vois comme facteurs, c'est que nous sommes à la 2eme voire 3eme ou 4eme génération de surfeurs et surfeuses. De plus, il y a la révolution de l'information avec internet, mais il faut, à mon sens, plus compter avec la révolution des transports.
Avec les années et les générations, il y a de nouveaux profils à l'eau: y'a pas mal de gromets et de filles sur des spots où il y a 20 ans, je ne voyais ni fille, ni de personne de moins de 15 ans. Je ne m'en plains certainement pas: je suis le premier à essayer d'initier ma soeur et ma nièce. Mais également des amis et leurs enfants.
En ce sens, avec mes 35 ans, disons que je suis de la 3eme génération; et qu'au fil des années, j'ai "essaimé" ma passion. J'invite à la maison de ma grand-mère, je prête une planche, je donne 2-3 notions sur le spot et en général, ça prend ou ça ne prend pas. Et quand ça prend, la personne fait pareil avec encore d'autres personnes et ainsi de suite.
Perso, je suis né au fin fond du Berry où ma nourrice clouait des chouettes vivantes sur la porte de la grange pour conjurer le mauvais sort. Alors avant d'aller m'aventurer sur des spots un peu pêchu ou rocailleux, j'ai passé pas mal d'années sur des beachbreaks "safe". Alors que je mets à l'aise les personnes que j'invite à l'eau sur un spot où j'ai mis des années à être à l'aise tout en les drivant bien pédagogiquement sur les risques etc...
De ce fait, les spots "dangereux" ne le sont pratiquement plus pour personne. Le partage des connaissances de bouche à oreille, même à l'intérieur des familles et entre amis à convié beaucoup plus de monde à l'eau qu'avant, même sur des spots qui pouvaient, sans être secrets, être considérés tout du moins comme "confidentiels".
Ensuite, à mon sens, ce qui joue un grand rôle, c'est moins le prix d'une planche, que le prix de la bagnole et surtout les temps de trajets qui ont été divisés par 3 ou 4 voire plus selon les routes, les autoroutes et les bagnoles elles-mêmes.
J'ai habité dans un petit village de campagne entre Niort et Poitiers pendant 4 ans. 2 fois par semaine j'avais la combi qui séchait au balcon! Y'a un côté surréaliste, mais la voiture a permis ça: un trajet de 120 km à se faire deux fois pour une session, ça ne fait plus peur à personne.
Y'a 15 ans, j'allais voir un pote musicos à Angers, et dans son local de répèt' on me disait "la mer c'est pas par là". Aujourd'hui, je suis sûr qu'il y a plein de surfeurs angevins.
Y'a 10 ans, j'avais un pote qui allait au maroc avec un vieil Express tout pourri qui fuyait de partout (l'express, pas le pote). Ca relevait de l'aventure à mes yeux. Aujourd'hui avec un Kangoo, ça revient quasiment moins cher, voiture comprise et les emmerdements mécaniques en moins.
Genève-Bordeaux en avion, aujourd'hui c'est 35 euros si t'es pas à un jour près...
(ils ne payent pas la taxe sur le pétrole)
Et en plus, y'a quelques années, on avait une voiture par famille. Maintenant, y'en a une pour monsieur, et une pour madame que les drôles taxent pour les vacances ou les week-end. Quand ils n'ont pas la leur en cadeau à leur première communion!
En résumé, de mon point de vue, il y a plus de monde à l'eau pour une question de génération: les surfeurs et surfeuses sont aguerris plus vite, plus jeunes, et plus nombreux. Ensuite, il y a beaucoup plus de surfeurs non-locaux: les temps de trajets et leurs facilités accrues ont permis à des zones non cotières de développer leur nombre de surfeurs et surfeuses.
Enfin, les filles se mettent à l'eau et elles ne représentent pas moins de la moitié de l'humanité...