par pipeau » Jeu Sep 15, 2011 17:39
Lu un peu partout dans la presse au sujet ds récentes attaques de requins à la Réunion:
« Les surfeurs sont un faux problème, estime ce plongeur confirmé. En s'éloignant du troupeau, ils servent de bouclier à ceux qui se baignent. » Ce sont les paroles du Dr. Géry Vangrevelynghe, un médecin auteur d'une thèse sur les accidents liés aux requins à La Réunion.
Ce dont j'ai pu tire des diverses lectures de journaux à ce sujet qui il faut le dire tourne assez vite en rond vu que les interlocuteurs sont toujours les mêmes:
- Augmentation de la population des surfers donc très logiquement augmentation des risques d'attaques.
- Augmentation des risques avec des attaques se déroulant majoritairement après 16h et/ou en eaux troubles.
- Présence accrue de tortues vertes : des animaux lâchés en masse, au stade juvénile, dans les années 1980, et qui, à l'âge adulte, reviennent pondre aujourd'hui au même endroit, attirant les prédateurs.
Un truc intéressant, en faisant mes petites recherches sur la toile je suis tombé sur un courrier des lecteur du journal de l'ile de la Réunion datant de juillet 1991 mais qui relate des faits de 1913:
"En 1913, un dimanche soir à la saison chaude, l'antique "pont du Barachois" était plein de monde venu jouir de la brise fraîche. Le drame suivant s'est passé sous mes yeux.
Un petit Mal'bar (on ignorait le mot Tamoul), bien habillé, coiffé d'un canotier, se pavanait sur le pont avec l'air d'un "ténor casser". Une brusque rafale emporta son canotier à la mer. Sans hésiter, le petit bonhomme enleva sa veste, ses souliers et sauta par-dessus la rambarde. Nous le vîmes ressortir de tout le buste en poussant un cri inhumain, puis il disparut et une grosse tache rouge se répandit sur l'eau. Il avait pour ainsi dire sauté dans la gueule d'un requin !
Quinze jours auparavant, un homme avait aussi brusquement disparu : il se baignait dans la mer devant la gare.
C'est dire qu'autrefois, on ne se baignait gère qu'à Saint-Gilles et à Saint-Pierre à l'abri de la barrière de coraux.
J'avoue avoir été étonné de voir, depuis une trentaine d'années environ, tant de gens plonger ou surfer sans accident n'importe où et à toute heure. Or l'année dernière un surfeur a été attaqué devant Sainte-Marie et, ces jours-ci, un autre l'a été à l'embouchure de la Ravine des Sables. Jeunes gens, attention !
Pour revenir au Barachois et au temps longtemps, il y avait toujours, au bout du pont, une chaîne munie d'un énorme "zin" enfoncé dans le corps d'un chien mort. De temps en temps, on prenait un requin, on le tirait sur la plage de galets ; il y restait deux ou trois heures, la gueule tenue ouverte par un morceau de bois. J'en ai vu plusieurs et puis assurer les amis lecteurs que j'ai toujours gardé beaucoup de respect pour leur denture : elle est effrayante.
Il y avait beaucoup de requins à côté du pont du Barachois, parce que l'abattoir se trouvait devant le Gouvernement (l'hôtel de la préfecture) et déversait à la mer du sang et des morceaux de viande.
Le pont du Barachois était une sorte de jetée, d'embarcadère. La rue de Nice s'appelait la rue de l'Embarcadère et était empruntée par notre petit train ; de la gare à la place du "Gouvernement", il était précédé par un homme marchant au pas et qui agitait un grosse clochette.
Le pont comportait vers son extrémité un trou entouré d'une rambarde. Un escalier descendait jusqu'au niveau du flot. Du temps de la marine à voile, les passagers étaient amenés vers le pont du Barachois par une barque à rames. Le débarquement était parfois difficile.
L'aventure du poète Baudelaire est célèbre. Dans l'escalier, une grosse houle le submergea et l'on vit apparaître sur le pont un individu coiffé d'une sorte de gibus et vêtu d'une redingote, tenant entre les mains une pile de livres, tout cela complètement trempé. Mais Baudelaire gardait un air impassible comme si les conditions de son débarquement étaient normales.
Pour les boeufs reçus de Vohemar, de Tamatave ou de Tuléar, le cérémonial était autre. Les boeufs étaient attachés par les cornes autour des barques et pendaient à la verticale dans la mer. Il arrivait qu'en route un requin prélevât une patte ou deux. Près du rivage, les boeufs étaient détachés et gagnaient par leurs propres moyens le sol ferme où les gardiens armés de "chaboucs" les attendaient.
Quelquefois un boeuf s'échappait et des gardiens couraient le rattraper en criant : "Boeuf l'a chappé, embarre devant !". En entendant ces hurlements, les passants au lieu de barrer la route au boeuf, s'empressaient de se mettre à l'abri.
Quant aux boeufs blessés par les requins, ils étaient abattus immédiatement.
Joyeusetés d'autrefois.
Henri Cornu (Saint-Denis)