On dit que le sport est un épanouissement personnel. On dit aussi qu'il est capable de rassembler les hommes et d'abolir les différences et les frontières. Pour preuve le grand battage médiatique basé sur une hypothétique « fraternité » des peuples fait tous les quatre ans autour des jeux olympiques. La réalité de notre monde est parfois bien différente. Il n'y a qu'à se pencher sur l'histoire de ces surfeurs palestiniens de la bande de Gaza pour s'apercevoir que les problèmes d'ordres politiques restent prioritaires par rapport à ce doux rêve de fraternisation entre les hommes. Loin d'un quelconque voyeurisme médiatique mais simplement intrigués et touchés par cette histoire nous n'avons pas pu faire autrement que de chercher a en savoir plus sur ces surfeurs. Magie d'internet qui a lui le pouvoir de se jouer des frontières nous vous proposons une rencontre qui en plus d'une rencontre humaine aura toute les chances de nous faire relativiser tous nos petits soucis quotidiens de surfer bien chanceux toutes réflexions faites...
Surfrepotes: Pour commencer je propose de vous présenter, votre quiver
Mon nom est Arthur Rashkovan, j’ai commencé à surfer quand j’avais 12 ans, à Hilton Beach, à Tel Aviv. Maintenant j’ai 31 ans, j’ai surfé pas mal de spots dans le monde, mais ma première mise à l’eau était à Anglet quand j’avais 16 ans, j’ai vraiment adoré le coin. Depuis je suis allé en Californie, aux Maldives, à Panama, à Puerto Escundidp, au Sri Lanka, au Costa Rica et à d’autres endroits encore.
Depuis que je surfe des petites vagues la plupart du temps (note : Arthur vit en Israel), j’ai un fish 5’7 monté en quad, bien épais pour les jours tous petits, j’ai une 5’11 Patterson « Archy Model » pour les gros jours de l’hiver et une 6’0 Cordel Mille round tail our les jours à barrels et bien sur j’ai quelques guns que j’utilise pour les grosses vagues en trip.
Je m’appelle Matthew Olsen, j’ai 33 ans et je surfe depuis que je suis gamin. Je voyage beaucoup en ce moment et mon quiver de voyage se compose de 3 planches. J’ai une 6’1 Chilli Flexlite qui est tellement solide qu’elle résisterait aux bombes en est donc une super planche de voyage. Quand c’est possible je voyage également avec une Zuma Jay Bay “high performance” de 1982 montée en twi et un single retro 6’4 Surf Prescriptions .
La planche Chilli est vraiment ma planche de voyage principale quand je ne peux pas emmener les 3.
Dernièrement tous mes trips ont été à Gaza pour aider à soutenir les surfeurs la bas et à développer le Gaza Surf Club. Du coup, et comme je ne peux pas emmener de planche là bas, j’y ai une planche que je laisse sur place.
C’est une planche shapée sur mesure montée en thruster. C’est vraiment une très bonne planche qui a un peu plus de volume pour les vagues un peu poussives.
D'où est née cette passion pour le surf ?
Arthur Rashkovan: J’ai grandi sur la plage, mon frère faisait du surf, notre voisin faisait du surf, j’ai juste pensé que c’était naturel d’en faire
Matthew Olsen : Mon père était un des premiers surfeurs du nord est des états unis et j’ai appris le surf avec lui quand j’avais 12 ans et que nous étions en vacances à Hawaii. Après un jour à attraper les pettes vagues à Waikiki, j’avais chopé le virus pour la vie. Je descend d’une longue lignée de marins de la marine marchande donc je suppose que j’avais quelques prédispositions pour la mer dans le sang !
Racontez nous un peu comment, vous vous êtes retrouvés à participer à ce projet de surf club à Gaza
Très simplement, Dorian Paskowitz m’a appelé un jour de Los Angeles car il avait lu sur le Los Angeles Times qu’il y avait 2 surfeurs à Gaza qui partageaient une planche, que le surf était un peu leur échappatoire et m’a dit « Arthur je viens en Israel, récupère autant de planches que tu peux, nous allons à la frontière avec Gaza. J’ai obtenu 14 planches de différents shops et nous avons réussi à faire passer les planches, depuis ce jour en 2007, le projet Surfing 4 peace était né.
Mon père travaillait à Gaza quand j’étais gamin à peu près au même moment où j’ai rencontré Arthur. Mon père avait l’habitude de rentrer à la maison et de me parler des super possibilités de surf à Gaza. Du coup j’avais toujours cette idée en tête de surfer à Gaza même si au final je n’ai pas pu l’accomplir à cette époque là.
Je suis revenu en Israël en 2003 pour travailler sur le retrait Israélien de Gaza et Arthur et moi avons commencé à réfléchir à comment nous pourrions nous engager à gaza pour aider les surfeurs.
En 2007, je travaillais en Californie et j’ai donc commencé à bosser sur un projet de surf club à Gaza. Au même moment Arthur et Doc Paskowitz ont commencé le projet Surfing 4 Peace dans le but de créer un dialogue et soutien à travers la frontière. J’ai rapidement déménagé pour revenir à Tel Aviv et j’ai commencé à venir à Gaza pour lancer le surf club de gaza et pour aider à développer plus en profondeur le projet Surfing 4 peace.
Aujourd’hui la sensibilisation et le dialogue entre les surfeurs de gaza et la communauté internationale se fait via le projet Surfing 4 Peace et les actions des surfeurs de Gaza se font au travers du surf club.
En France, les médias ne découvrent que récemment le potentiel de surf en méditerranée, et Israël semble très bien positionné (zone de fetch la plus grande, donc les houles les plus longues), comment est le surf en Israël / Palestine ?
On a souvent des houles de vent, la taille est souvent entre 1 et 4 pieds, et quelques fois dans l’année nous avons ces houles longues et alors ça marche vraiment. Nous avons beaucoup de bons spots : des reefs, des beach break, à travers tout le pays. L’eau est souvent chaude et il est facile d’aller sur chaque spot.
Nous n’avons pas assez de vagues mais parfois c’est tout de même bien sympa.
Selon mon estimation, Israël est probablement le pays avec le plus grand nombre de surfeurs ramenés à la population. Bien sur, le pays n’a pas les meilleures vagues du pays mais les vagues sont suffisamment bonnes pour surfer. La longueur du fetch reste malgré tout assez courte et donc les vagues ont une période assez faible mais ça reste surfable.
Ca veut juste dire qu’un jour où ça sera un peu baston, avec la période courte, ça sera vraiment difficile de rejoindre le large. Le surf ne doit pas être si mal en Israël car des pros surfeurs sont venus y surfer et il y a eu des articles sur le net et dans les magazines à propos des vagues d’ici.
Gaza a à peu près les mêmes vagues mais la côte est plus sauvage et moins perturbée par les constructions humaines, ce qui veut dire que les vagues sont un peu différentes. Gaza possède des reefs uniques qui ont vraiment un bon potentiel mais ils n’ont pas vraiment été exploré par les surfeurs locaux et seulement deux ou trois surfeurs étrangers sont venus sur toute la côte. Explorer ces spots sera un des principale projet du surf club à l’été 2011.
Vous faites parti du club « Gaza Surf Club ». Ce club a été fondé par qui et compte combien de membres ?
C’est Matt qui l’a fondé, je le laisse donc y répondre.
Le gaza surf club a démarré grâce à mon organisation, Explore Corps et mon investissement personnel, en janvier 2008. Notre bon ami Mohammed Akwan qui travaille aussi avec Surfing 4 Peace à Gaza a été décisif pour la création du surf club. Le plan original était de démarrer le club et ensuite d’en faire passer sa direction aux surfeurs locaux. Cependant nous avons eu des problèmes avec certains businessmen qui ont essayé de mettre la main sur le club pour en obtenir des revenus financiers. Du coup le club a du être maintenu sous le contrôle légal d’Explore Corps pour éviter ses abus. Du coup les surfeurs ont une protection légale de leur activité et de leur équipement et en plus leur permet d’avoir leur propre club.
Avez vous quelqu'un pour vous prodiguer des conseils sur certaines techniques de surf ou apprenez vous tout de façon intuitive et uniquement entre vous ?
Matt travaille avec eux à chaque fois qu’il vient à Gaza.
Nous avons essayé de faire venir de vrais profs de surf à Gaza lors des 3 dernières années mais à chaque fois le gouvernement israélien n’a autorisé que moi à venir à Gaza. Du coup je donne les cours moi même. Nous avons mis en place des cours pour que les ateliers apprennent à faire des repas de surf, nous avons enseigné aux surfeurs les canards, les bottoms turns, etc. On a aussi donné des cours spécifiques aux 4 filles qui apprennent à surfer à Gaza. On a aussi expliqué comment développer le surf, comment se servir d’internet pour sensibiliser la communauté surf et comment utiliser « l’éducation surf » pour améliorer la communauté.
J'ai lu dans un des récents articles parlant de la bande de Gaza et disant que c’était une prison à ciel ouvert. Dans ce cas là il facile d'imaginer que le surf est une fenêtre ouverte vers une certaine et relative liberté.
La situation à Gaza est très difficile et la plupart des habitants ne peuvent pas en partir. Le règlement a toutefois changé ces derniers mois de telle sorte que les palestiniens peuvent maintenant voyager dans d’autres pays via l’Égypte, du moment qu’ils obtiennent les visas nécessaires. Cependant, voyager en dehors de Gaza est vraiment très rare et le voyage est souvent difficile et humiliant. Les voyageurs palestiniens sont traités comme des criminels par les égyptiens et sont transportés dans des bus pour prisonniers. Ils attendent dans les prisons des aéroports leurs vols pour leur pays de destination.
En conséquences, l’océan est le seul endroit où les jeunes palestiniens peuvent trouver un peu de liberté. Il y a plein d’espaces libres et de terrains agricoles à Gaza mas tout est privé et en conséquence il n’y a pas réellement d’endroit public où aller se détendre. L’océan et la plage sont les seules options.
Pour les surfeurs, la possibilité de sortir surfer et de s’aérer la tête ou dépenser l’énergie dont ils débordent est une super opportunité dont ils apprécient la vraie valeur.
En occident votre histoire nous a touché. On associe le surf à la liberté et aux voyages. Difficile pour nous d'imaginer que les surfeurs de gaza soient "cantonnés" à leur pays. Comment le vivent-ils ?
Matt répondra mieux que moi, tout ce que je peux dire, c’est que je rêve d’aller surfer avec eux en surf trip.
C’est vrai que les surfeurs de gaza ne peuvent surfer que leur petit bout de côte et ne peuvent pas pour l’instant voyager en dehors de Gaza. Cependant, surfer à Gaza est souvent bien suffisant car les surfeurs n’ont pas conscience du concept de surf trip et ne connaissent pas les différents types de vagues et « terrains de jeu » qui peuvent être surfé dans le monde. La plupart de surfeurs ici surfent les vagues devant leur maison et ne pensent pas à rouler le long de la côte pour aller chercher de nouvelles vagues.
Un des projets du surf club l’année prochaine sera de voyager le long de la côte pour découvrir d’autres spots et vagues et introduire chez les surfeurs le « principe » du voyage et de la découverte. C’est une part de l’introduction à la culture surf sur laquelle nous avons lentement travaillé ces dernières années.
Pour nous qui vivons et surfons de part le monde, nous avons un accès incroyable aux vagues et aux infos mais quand tu vis à Gaza, complètement coupé du reste du monde, il est facile de comprendre combien les quelques connaissances de surf, les infos que nous pouvons apporter sont précieuses.
A votre avis quel regard porte la population palestinienne sur votre passion et votre projet?
Notre projet a Gaza a été très bien perçu par les palestiniens non surfeurs. Ils comprennent que le surf à gaza représente une nouvelle opportunité pour les gamins et constitue un superbe terrain de jeu pour leur créativité et l’énergie dont ils regorgent. Les habitants de gaza aiment bien se sentir à part du “west bank” par rapport à leur accès à la mer et quelle relation ils ont avec la mer. Le surf est juste une nouvelle façon pour eux d’affirmer leur caractère et d’utiliser leur ressources locales pour augmenter un peu leurs possibilités.
Et la population Israélienne sur cet échange entre israéliens et palestiniens, avez vous des retours ?
Le projet Surfing 4 Peace et nos efforts à Gaza ont reçu différents commentaires du côté Israélien de la frontière, mais dans la communauté surf, il y a un soutien quasiment complet à la démarche. L’idée derrière Surfing 4 Peace est de toutes façons que la communication au delà des différences politiques et culturelles est le meilleur moyen de promouvoir la paix et la plupart de nos soutiens de chaque côté de la frontière sont des gens qui voient les choses de la même façon.
Quand vous surfez avec les jeunes de gaza, vous arrivent-ils de parler du conflit qui oppose vos deux pays ou est ce tabou ?
Je ne peux pas aller à Gaza, je n’ai donc jamais pu surfer avec eux…
Quand je surfe à gaza, j’ai souvent à répondre à beaucoup de questions des surfeurs sur la politique, le conflit Israelo Palestinien. Le fait que je sois américain aide à expliquer la situation aux surfeurs et aux autres palestiniens et nous avons des conversations vraiment très intéressantes à propos du conflit et des solutions possibles. La plupart de notre programme est basé sur l’éducation et les projets se transforment en apprentissage pour tous ceux qui y participent.
J’aimerai me dire qu’ils apprennent autant de moi que j’apprends d’eux. Le dialogue est ce qu’il y a de plus important et en fait le surf est simplement le premier pas. Quand on surfe ensemble, on partage inévitablement bien plus que des vagues, on se raconte nos vies et nous nous rapprochons, tant en tant que surfeurs, qu’amis. Comme Doc Paskowitz dit : « Des gens qui surfent ensemble peuvent vivrent ensemble ».
On a beaucoup parlé des difficultés que vous avez rencontré pour faire parvenir des planches sur le territoire palestinien. Ce problème est il définitivement réglé ?
Oui cela a été résolu. Nous n’avons pas eu de permis pendant 2 ans mais nous avons fini par réussir à les avoir et nous avons à nouveau fait passez des planches en Août. Ils ont donc maintenant 23 planches.
Amener des planches en Israël est le plus gros problème que j’ai rencontré jusqu’ici. Il aura fallu deux ans pour que notre gros convoi de planche arrive à gaza et on a fini par l’avoir cet été. Mais je ne pense pas que le problème a été résolu pour autant et je crains que nous ayons à nouveau à gérer ce problème la prochaine fois que nous voudrons amener des planches à Gaza.
La prochaine fois nous essaierons probablement de faire rentrer les planches via l’Égypte à la place d’Israël et nous espérons que nous aurons moins de difficultés.
Il semble par contre qu'il vous est impossible de vous procurer les produits nécessaires aux réparations des planches de surf. Comment faites vous en cas de casse ?
Effectivement c’est un problème, Matt pourra vous expliquer plus en détail.
La fibre de verre et le matériel de réparation sont toujours interdits d’entrée à gaza. Cependant, la plupart des matériels sont disponibles depuis qu’ils sont discrètement introduits depuis l’Égypte. Ce qui manque vraiment à gaza, c’est le savoir faire pour faire de bonnes répas. Nous avons produit une vidéo expliquant les répas en arabe pour les surfeurs et on va en faire une nouvelle bientôt. On espère également faire venir un expert de la fibre de verre pour venir donner quelques cours de repas à Gaza l’été prochain.
Kelly Slater est venu en Israël pour un concert en faveur de l’association surfing4peace, pouvez vous nous raconter comment ça c’est fait, et ensuite la session de surf qui a suivi.
Il a été invité par Dorian Paskowitz, notre partenaire et fondateur de ce projet. Malheureusement il n’y pas eu de vagues mais les surfeurs se sont tout de même mis à l’eau pour former un cercle de surfeurs.
Kelly a été convaincu de venir en Israël par Doc Paskowitz, le co fondateur de Surfing 4 Peace et un ami de Kelly. Kelly a rejoins l’équipe de Surfing 4 Peace pour un cours de surf spécial et a participé ensuite au concert Surfing 4 Peace qui a eu lieu à Tel Aviv. Nous y avons accueilli 3000 personnes et ça a été un franc succès.
Y-a-t-il d’autres surfeurs voyageurs qui passent vous voir ? Car gaza ou israel ne sont a priori vraiment pas sur la carte mondiale des surf trip ?
La plupart des voyageurs sont des magazines de surf qui viennent faire des photos ici.
Israël a été visité par une quantité de surfeurs pro et reçoit souvent des surfeurs pendant l’année. Notre prochain plan est de faire venir ces mêmes surfeurs à gaza et nous sommes en train d’essayer de convaincre des pros connus de venir à gaza soutenir Surfing 4 Peace et le Gaza Surf Club.
Il y a un projet de surfing4peace Tour, notamment d’emmener des surfeurs de gaza en voyage à Hawai, pouvez vous nous expliquer un peu plus l’intérêt de cette initiative et ses difficultés ?
C’est très simple, jusqu’à maintenant nous nous étions focaliser sur la source du conflit, on envoyait aux gars de gaza des planches et de l’équipement. La plupart venaient d’Hawaii.
Ce style de vie venant également d’Hawaii, nous nous sommes dit que nous voulions les emmener à l’origine de ce style de vie, pour qu’ils voient comment les gens vivent au pays de l’Aloha.
En résumé, jusqu’à maintenant, nous importions l’esprit Aloha, maintenant c’est eux que nous voulons emmener à l’Aloha !
Il y a deux problèmes toutefois : récupérer pas mal d’argent, de l’ordre de 20 000$, obtenir de visas leur permettant de quitter Gaza et Israël.
Depuis 2005 Surfing 4 Peace a travaillé pour amener l’esprit de l’Aloha au cœur du moyen orient. Maintenant il est temps d’amener le cœur du moyen orient au cœur de l’aloha. Le but est d’emmener une délégation de Surfing 4 Peace faite d’israéliens et de palestiniens à Hawaii sur un voyage « Surfing 4 Peace » au moment de la triple crown of surfing. On veut diffuser le message de Surfing 4 Peace en dehors de nos frontières et encourager la communauté mondiale des surfeurs à s’engager et faire de l’initiative Surfing 4 Peace une partie de leur vie.
Notre principal problème va être de trouver un sponsor pour payer le voyage et obtenir les visas pour les palestiniens de la délégation pour aller aux USA. Mais je pense que nous avons les bonnes connections pour réussir à avoir les visas si nous arrivons à obtenir un sponsor.
Et le projet « God went surfing ***spam*** the devil », au titre volontairement provoquant, est ce pour attirer l’attention en dehors du cercle limité des surfeurs ?
Pas du tout, vous pouvez croire qu’Israel est un pays très religieux mais il y a une immense partie de la population qui est athée. Je ne pense pas que le titre du film était une provocation.
La grande majorité des soutiens au projet vient de surfeurs mais il y a eu également un grand soutien de la part de gens qui ne font pas partie de la communauté surf. Le film vise une audience plus large et pour l’instant sa diffusion a plutôt bien marché dans notre communauté. Dans Gaza elle même, le film est plus problématique à cause du gouvernement. On ne fera donc pas de publicité dans Gaza mais on aura quelques séances spéciales pour les surfeurs et leur famille afin qu’ils voient le film final, puissent poser leur questions et discuter.
A la fin, le film est devenu un projet indépendant ni contrôlé, ni appartenant à Surfing 4 Peace donc c’est le directeur du film qui décidera se qui se passera au final.
Il existe une part de la population israélienne en désaccord avec la politique exercée par son gouvernement à l'encontre de la population palestinienne. Avez vous des contacts avec d’autres israéliens, surfeurs ou non ?
Oui nous en avons, et effectivement tu as raison, des gens ne sont pas d’accord avec la politique de leur propre gouvernement. Mais c’est normal, en démocratie, il y a beaucoup de points de vue, d’opinons, et c’est simplement normal qu’il y ait des gens qui s’opposent à la politique de notre gouvernement.
Nous sommes cette population israélienne (et américaine). La plupart des membres de la communauté de Surfing 4 Peace sont des gens qui viennent de la population israélienne ou américaine et qui ne sont pas d’accords avec la façon dont le gouvernement israélien gère la problématique palestinienne.
C’est sur que seulement quelques personnes des deux côtés de la frontière sont contentes de la façon dont les gouvernements gèrent le conflit actuellement. Mais des projets comme le notre permettent de sensibiliser les gens pour trouver une solution au problème au niveau de l’individu. Quand les gouvernements ne réussissent pas à faire la paix entre eux, c’est aux gens de franchir les lignes et de chercher la paix.
Cela ne vous as sans doute pas échappé, la couverture médiatique de la part des journalistes occidentaux faite sur votre aventure est teintée d'une résonance politique. Cet état de fait est il voulu de votre part ?
Pas du tout ! Nous n’avons pas de relations avec les politiques et nous restons en dehors des politiciens. Nous comprenons que notre projet comporte des volets politiques mais nous travaillons simplement à essayer de créer de l’amitié et à essayer d’améliorer leur quotidien.
L’initiative Surfing 4 Peace est focalisée sur la relation individu à individu plutôt qu’à la politique. Une fois qu’on a dit ça, le fait qu’on croit au dialogue et aux expériences partagées nous mets à part des autres points de vue politique et nous donne malgré tout une teinte politique.
On essaie tout de même d’éviter les positions politiques et de rester sur le dialogue à la place. Maintenant s’ils nous donnent une teinte politique dans un sens ou dans l’autre, il n’y a pas grand chose que nous pouvons faire. On veut juste être sur qu’on essaie pas de nous récupérer dans un quelconque groupe politique.
Les projets basés sur le dialogue ont le pouvoir de convaincre même le plus dur des sceptiques et nous accueillons tout ceux qui souhaitent participer à notre initiative.
A ce sujet en marge du « Gaza Surf Club » il a été beaucoup question de la jeune surfeuse Rawand, l'une des quatre filles tentant l'aventure surfique. Pour des raisons culturelles et religieuses, on imagine que pour elles l'aventure est encore plus grande...
Oui surfer pour Rawand, sa sœur et ses deux cousines est une vraie aventure. On les aide à naviguer entre les questions politiques et culturelles qui arrivent jusqu’à elles en les faisant surfer, tout en essayant de ne pas secouer la sensibilité culturelle trop fort.
Le facteur le plus important facteur de notre soutien est que nous avons été approchés par leurs parents qui nous ont demandé de les aider. Nous n’essayons pas de révolutionner la culture de Gaza ou de faire tomber des tabous sociaux mais nous partons du principe que tant que leurs parents feront tous ces efforts pour les soutenir, nous devons être là également.
Nous travaillons donc actuellement pour proposer aux filles l’équipement et les cours et ainsi créer un programme leur permettant de surfer sans heurter la sensibilité culturelle du gouvernement du Hamas à Gaza. C’est clairement le projet le plus difficile à implanter mais nous avons bien démarré jusque là et nous sommes impatients de continuer le travail.
Comment c’est passé la confection de son burkini ? Quel fournisseur a pu le mettre en œuvre ?
A ce que je sais, le Burkini original a été créé par une fille musulmane en Australie qui voulait être Maitre Nageur Sauveteur mais avait besoin d’une tenue spéciale pour travailler à la plage. Il y a maintenant plusieurs compagnies qui les fabriquent et notre objectif est d’arriver à produire un burkini ici même à Gaza car l’importation de produit via la frontière est difficile.
On veut aussi essayer de localiser ici la fabrication de vêtements de surf, qui était traditionnellement un secteur manufacturier très fort.
Notre but principal est d’obtenir les combinaisons pour les filles mais si nous pouvons aider à booster un peu l’économie locale, c’est encore mieux. On veut montrer que le surf est un sport localisé et que des initiatives similaires peuvent aider pour faire croitre l’économie et la création. Toute la confection sera faite à gaza avec nos partenaires et si le projet réussi localement, nous essaierons d’exporter le produit dans les autres pays du monde arabe.
Si nous voulons soutenir votre initiative, comment devons nous nous y prendre ?
Contactez nous et suivez nous via facebook : surfing4peace
Donner à Surfing 4 Peace et au Gaza Surf Club est facile et peut être fait via Explore Corps, qui est une organisation à but non lucratif basée aux états unis et qui gère les deux projets. Vous pouvez spécifiez à quel projet vous souhaitez que votre don aille et 100% de votre don ira directement à ce projet. Les donations peuvent être faites via notre page de soutien :
http://www.explorecorps.org/Support.html
Nous cherchons toujours des entreprises sponsors pour soutenir notre programme et les projets que nous développons et nous encourageons nos amis et « supporters » à échanger toutes les idées et contact qui pourraient aider.
Je vous laisse le mot de la fin pour conclure cette interview et vous remercie chaleureusement pour le temps passé à nous répondre et pour l’énergie mise en œuvre dans cette initiative.
Continuez à diffuser de l’amour autour de vous, ça n’est rien de plus que ça, le surf c’est la nouvelle religion!
Arthur
Merci pour cette belle opportunité de raconter notre histoire et de diffuser le message de Surfing 4 Peace.
Surfing 4 Peace n’est pas une organisation, c’est une communauté et nous avons accueillons tous les soutiens et participations possibles qui font de notre mission une réalité.
Ensemble nous pouvons montrer que les gens qui peuvent surfer ensemble, peuvent vivre ensemble.
Merci beaucoup,
Matt
Interview réalisée par pipeau et zitoune
traduction zitoune
Le site du gaza surf club
Le site de Surfing 4 Peace
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