Le mascaret en brefLe mascaret se définit comme une onde de marée de crue qui se propage le long d’un estuaire relativement peu profond et déclive sous la forme d’une onde solitaire présentant un front de turbulence vertical ou quasi-vertical.
Les mascarets sont des phénomènes naturels qui se produisent dans les régions du monde où les marées semidiurnes sont d’une forte amplitude. Bartsch-Winkler et Lynch (1988) énumèrent soixante-sept (67) mascarets connus dans les rivières et les estuaires du globe.
Lorsque la marée s’engouffre dans une embouchure de cours d’eau en étranglement, elle gagne en hauteur jusqu’à ce qu’une onde solitaire se forme et se propage vers l’amont. Le mascaret est immédiatement suivie des hautes eaux (flux de marée).
La plupart des mascarets se manifestent sur une distance d’une centaine de kilomètres du goulet estuarien, bien que les effets de la marée puissent se faire sentir bien plus loin à l’intérieur. Ils atteignent ordinairement leur hauteur maximale peu après leur formation et décroissent ensuite peu à peu vers l’amont.
On peut faire le parallèle entre la formation d’ondes par propagation de la marée le long d’un estuaire, d’une part, et la formation de brisants par propagation des vagues sur la côte, d’autre part. Moins l’eau est profonde, plus la vague se fait haute.
C’est ce qu’on appelle la « formation en batture » ou « shoaling ». L’onde symétrique devient asymétrique : l’extrémité avant se dresse et l’extrémité arrière s’abaisse. À un certain moment, la crête de l’onde peut se mettre à plonger en brisant.
Le mascaret est la manifestation concrète de la transition entre l’écoulement subcritique et l’écoulement surcritique dans un cours d’eau.
Certaines conditions doivent être réunies pour qu’il y ait formation de vagues en batture et en brisant.
Il en va de même de la formation d’un mascaret (Dalton, 1951; Lynch,1982; Bartsch-Winkler et Lynch, 1988):
* la marée à l’embouchure d’un cours d’eau doit rapidement atteindre une forte amplitude;
* le cours d’eau doit être peu profond et légèrement ou doucement déclive et son estuaire doit être large et en forme de goulet ou d’entonnoir;
* le cours d’eau doit se faire progressivement plus étroit.
Le phénomène du mascaret subit aussi l’influence de facteurs comme le taux d’écoulement en aval (le courant tend à accélérer l’onde et à en diminuer la hauteur), les saisons et les jours (certaines ondes ne se forment qu’aux périodes les plus favorables du cycle mensuel de la lune) ou les vents, pour ne citer que ceux-là.
Le mascaret dépend dans sa forme du rapport de profondeur de l’eau entre l’aval et l’amont immédiats ou du rapport entre la vitesse de l’onde et celle des vagues qui la précèdent en eau peu profonde (nombre de Froude).
L'article wikisurf sur le mascaretPour un rapport de profondeur qui varie de 1,0 à 1,4, le mascaret est ondulé (il ne se brise pas) et, au-dessus de cette fourchette, il se forme en brisant. Pour la plupart, les mascarets changent de forme et Marée montante (montée des eaux rapide) Début de formation du mascaret (shoaling) Propagation du mascaret (déferlement continu) diminuent de hauteur à mesure qu’ils gagnent en amont des eaux moins profondes, et ce, à cause d’un frottement accru et d’un changement de configuration du fond de l’estuaire.
Dans une situation idéale où l’énergie dissipée par le frottement sur le fond et la formation en brisant est en équilibre avec l’énergie de la marée, le mascaret peut garder son équilibre propre sur une distance de plusieurs kilomètres.
Dans certaines représentations mathématiques des ondes de marée, on recourt à l’analogie du ressaut hydraulique dans un référentiel qui bouge à la vitesse, constante, de la marée. Dans de tels modèles, les variations de déclivité et de largeur de l’estuaire doivent donc être aussi constantes à mesure que l’onde se propage en amont.
Le mascaret finit par s’évanouir par dissipation de son énergie par le frottement de fond et la formation en brisant aux berges du cours d’eau. Lorsque suffisamment d’énergie a été dissipée, le mascaret prend une vitesse inférieure à celle du courant et se trouve balayé en aval. Un autre mécanisme peut causer le déclin du mascaret : lorsqu’un cours d’eau gagne en profondeur ou en largeur vers l’intérieur des terres, l’effet d’entonnoir qui a fait lever l’onde dans l’estuaire s’inverse et l’onde est appelée à disparaître.
Source du schéma