Report - Préambule Ce report est différent de celui que j’imaginais avant de partir.
Je le voyais avec plus de photos et de vidéos d’action.
Deux raisons à cela.
D’abord, j’étais le seul à être venu avec du matériel de photo et vidéo conséquent. Mais être devant et derrière l’objectif est impossible, à fortiori encore plus lorsque les vagues sont rares. Le choix naturel est alors d’essayer de surfer le plus possible. De plus, ma GoPro a rendu l’âme 5 jours après le début du trip.
Ensuite, les conditions n’ont pas été clémentes.
Le soleil a été absent presque 7 jours sur 12, mais c’est surtout un vent permanent et soutenu qui à ruiné la plupart des spots réputés ; nous empêchant d’en apprécier le potentiel, d’autant que la houle était présente.
Aussi, j’ai tenté de vous relater à travers mon report quotidien comment s’est déroulée notre quête des vagues Maldiviennes en l’agrémentant des photos que j’ai pu réaliser dans cet écrin fabuleux.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comPhoto : Patrice
http://www.lineup-shots.comPhoto : Patrice
http://www.lineup-shots.com______________________________________________
Jour 1 > 8 août > Laamu atoll > Ying Yang (sud atoll)Réveil à 6h30 ce matin sur l’Atoll Challenger au mouillage à côté de l’aéroport de Kadedhoo, au son du moteur qui démarre pour mettre le cap sur le spot de Ying Yang.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comIl faut environ 40mn de navigation pour arriver en bordure sud de l’atoll de Laamu où se trouve le spot, à la pointe est de l’île de Hithadhoo. Mer d’huile et vent nul.
Pendant le petit-déjeuner, Ying Yang se profile à l’horizon.
La houle est orientée sud/sud-est, ce qui pour ce spot est idéal.
Arrivés sur zone, premier check avec Anko notre guide. Il va falloir attendre un peu car la mer est au plus bas et le spot n’est pas calé.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comPhoto : Patrice
http://www.lineup-shots.comMais que faire aux Maldives dans ce cas ?!
Tenter d’aller approcher les dauphins qui tournent autour de notre bateau par exemple…
Mais peine perdue, le jeu de cache-cache va durer une demi-heure…
Nous rendons les armes et leur donnons rendez-vous plus tard car il est temps d’embarquer les planches dans l’annexe et d’aller surfer.
Une fois sur place on découvre 2 peaks. Le premier, inside, produit une vague qui déroule sur le reef et vient mourir en bordure de la passe de l’atoll, le second, outside, vient dérouler sur toute l’étendue du reef. On se met à l’eau. L’eau est très chaude, 28 ou 29 degrés, et si ce n’était pour se protéger du soleil, les lycras seraient restés à bord du bateau.
La vague, marche plutôt bien et nous choisissons le peak outside. De l’avis de tout le monde on est frise les 1,50m sur de belles séries tout juste ridées par une brise side shore. Pas de tube, mais une vague assez puissante qui déroule en droite sur une longueur d’environ 50m. Suffisamment puissante pour que l’on enregistre la première casse du trip : lors d’un bottom turn semble t-il trop appuyé, un plug FCS cède sur la planche de Patrice et c’est tout l’aileron qui part avec. Fort heureusement le second plug reste en place (dans l’après midi, une planche cassée en deux et laissée par un groupe précédent « pour pièces détachées » fournira le plug FCS ; et l’un des hommes d’équipage se chargera de réparer : notre ami pourra surfer dès demain).
Ying Yang se surfe en droite. Toutefois, je relève le défi de surfer comme première vague une gauche qui se présente et qui promet. Je profite d’un très bon ride et enchaîne 3 rollers avant de comprendre mon erreur : je dois sortir très vite de ce reef car l’eau manque un peu. Pour les vagues suivantes la leçon est retenue. De belles droites s’offrent à nous est on va se les partager pendant 1h avant de repartir à bord du bateau pour déjeuner.
L’après-midi le vent s’est levé et le plan un peu clapoteux d’eau est à marée basse . Pendant que certains partent pêcher ou faire du snorkeling…
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.com…nous décidons avec Philippe, d’aller taquiner le peak inside. On voit de loin le récif qui est hors de l’eau en fin de vague, en particulier un genre de baril qui semble planté là et qui deviendra notre point de repère pour la session.
Mise à l’eau et bonne surprise. Même à marée basse, ce peak offre suffisamment d’eau. Les vagues n’ont plus rien à voir avec le matin. On a perdu un peu en taille et en puissance et la droite est peu manoeuvrante. Ce sont en fait des sections un peu grasses et sans épaule réellement consistante qui se présentent. Des vagues pour travailler sont late take off, faire un bottom puissant et surtout rapide afin de repartir sur l’épaule tenter de taper un roller. Parfois, il est possible de repartir sur une reforme qui va mourrir très en bas de la passe le long du tombant.
On va tout de même bien s’amuser pendant une 1h30, le plan d’eau se calant un peu avec la marée qui remonte et le vent qui tombe. Vers 17h30, ce sont les raies mantas qui vont venir chasser les petits bancs de poissons bleus en surface à 10 mètres de nous. Nous voyons leurs ailes qui se recourbent au-dessus de l’eau. A 18h il est temps de sortir de l’eau remonter sur le bateau. Lors du dîner, une tortue vient nous récompenser d’un petit ballet aquatique sous les projecteurs de la poupe avant de s’enfoncer dans la profondeur du lagon. Notre trip commençe bien et tout le monde à le sourire.
Demain matin : check de Ying Yang, et si le spot est trop gros, nous filons sur Machines.
___________________________________________________________________
Jour 2 > 9 août > Laamu atoll > Ying Yang (sud atoll) puis Machines (est atoll)Après une nuit rythmée par le clapotis de l’étrave, on se réveille devant Ying Yang sous un ciel gris. De toutes parts, les grains menacent.
Après le petit-déjeuner on file pour un check du spot. La houle est tombée par rapport à hier. On doit être à à peine 1m.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comPhoto : Patrice
http://www.lineup-shots.comPhoto : Patrice
http://www.lineup-shots.comSeul le peak de notre deuxième session d’hier après-midi semble offrir quelques pistes. On décide d’attendre la mi-marée haute pour aller voir ce qu’il en retourne. Les vagues sont du même style qu’hier mais plus sournoises. Le pic n’est pas vraiment calé et le danger de se faire embarquer à l’intérieur du reef est réel. C’est d’ailleurs ce qui va m’arriver dès la première vague, une série plus « solide » que les autres qui va m’entraîner vers l’intérieur près de cette patate en forme de baril décrite hier. Je me retrouve debout sur le reef, fort heureusement plus rocheux que corallien à cet endroit ; heureusement car les chaussons sont restés sur le bateau. Je dois mettre une belle énergie pour me dégager de l’endroit, car les séries qui arrivent combinées au courant de la passe qui ramène vers l’intérieur du reef… Tout cela n’est pas très friendly.
La session est sans interêt sinon celui de travailler sa rame et son canard alors et je sors rapidement tandis que mes compagnons s’acharnent mais sans succès.
Après le retour sur le bateau, il faut faire un choix. Une alternative se présente à nous et elle est basée sur le fait suivant : quand Ying Yang marche fort (par houle de sud-est), tous les autres spots situés sur l’est de l’atoll marchent (Refugee, Machines, Bedhuge). Pour l’instant, Ying Yang ne marche carrément plus du tout, c’est quasiment flat.
Que faire ? Certains préconisent de rester sur zone et d’attendre que Ying Yang remarche et de décider alors si l’on va sur les autres spots. D’autres dont je suis souhaitent plutôt mettre à profit ce temps mort pour accomplir les 90mn de mer qui nous séparent de Machines tout en sachant qu’une fois sur zone il n’y aura pas plus de swell qu’à Ying Yang. Finalement c’est la seconde option qui est choisie.
A 14h on enclenche la marche avant toute pour Machines sous un ciel menaçant.
A l’arrivée dans la passe de Refugee, le spectacle est celui-ci : Refugee’s Right et Refugee’s Left se réduisent à deux forts jolis petits tubes de 50cm chacun déroulant sur un reef qui semble à fleur d’eau. Direction Machines. C’est pire. Tout juste une ondulation. Mais de façon totalement surréaliste, un groupe de trois Australiens arrive juste au moment où nous passons pour surfer (?) en shortboard les moins de 50 cm qui déferlent et viennent mourir sur un reef à 30 cm hors de l’eau.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comPhoto : Patrice
http://www.lineup-shots.comAprès ce check, retour à la passe de Refugee par l’intérieur de l’atoll. Le bateau se met en panne et tandis qu’un groupe se prépare pour aller faire du snorkeling je me dis que j’irais tout de même bien voir ce que vaut la gauche qui semblent un petit peu plus formée que la droite. Je ne vais même pas me lever une fois…
Je refuse le take off sur la première vague qui ferme et là je me retrouve tout simplement les pieds sur le reef, de l’eau aux genoux. Je veux remonter au peak (ou ce qui lui ressemble) mais là un courant irrésistible m’entraîne à l’intérieur de la passe dans l’atoll. J’y retrouve mes compagnons partis plonger. Retour dans l’annexe pour tout le monde et direction le bateau.
Le bateau remet le cap sur Machines, enfile la passe et mouille à l’intérieur de l’atoll, à l’abri avec vue sur Machines. On se sépare en deux : un groupe part faire de la plongée, l’autre par pêcher à la ligne. L’après-midi se termine ainsi.
Avant le dîner, le ciel devient noir et un grain surpuissant nous tombe sur la tête.
Un vent fou se lève d’un coup et nous sommes obligés d’attacher les planches sur leur rack avec les leashs. La page du Stormrider Guide consacrée aux atolls centraux file à la mer, on ferme les écoutilles et on se replit à l’intérieur en se disant que la nuit va être agitée.
Mais enfin, cette journée sans surf m’a donné l’occasion d’avoir une longue discussion avec Manik notre capitaine.
On parle de chose simples comme d’où vient l’eau douce que boivent les 150.000 Maldiviens répartis dans les innombrables îles. J’apprends qu’il y a de nombreuses nappes phréatiques qui produisent l’eau consommée, et que l’eau de pluie sert à se laver. J’apprends aussi que chaque île habitée possède sa propre école, ce qui signifie un nombre inimaginable d’établissement scolaires. Il me raconte aussi comment il a vécu le tsunami de 2004 lorsque la vague s’est arrêtée au pied de sa demeure située à 20m de la plage, toute la famille étant réunie au milieu de la maison sans endroit où aller s’habiter. Cela reste un traumatisme profond pour toute la famille, en particulier les enfants.
Notre second jour de trip s’achève. Mise à part notre session matinale du jour 1, pas grand-chose à se mettre sous les pieds. Il devrait pleuvoir encore pendant 2 jours. Mais on annonce une poussée de swell pour demain matin alors nous espérons pouvoir surfer Machines à mi-marée.
_______________________________________________
Jour 3 > 10 août > Laamu atoll > Machines (est atoll)Ce matin je m’accorde une grasse matinée après une nuit de sommeil hachée car le plan d’eau a été agité. Le mouillage à l’intérieur de l’atoll de Laamu dans sa partie est n’est pas ce qui se fait de mieux car il n’y a aucune île proche à l’ouest de notre position pour arrêter le vent et le clapot. On va s’en rendre bien compte plus tard dans la journée…
Évidemment en me levant à 10h je rate le breakfast et potentiellement la première session matinale de surf… Mais en fait pas du tout, car de surf il n’est pas question aujourd’hui ; mais plutôt de nuages bas, de vent et de grains et de mal de mer.
Machines et son opposite en left se refusent toujours à nous. La droite est toujours xsmall et la gauche qui elle est juste small (!) a une fâcheuse tendance au close out immédiat.
La matinée sera donc consacrée au visionnage de films à 50cts d’€ en provenance du Maroc et de Bali et le moment pour chacun de raconter son expérience de surfer.
Devant ces piètres conditions la question revient après déjeuner de savoir ce que l’on fait l’après-midi. Notre guide nous recommande de partir sur Thaa afin d’y attendre un swell de sud-ouest. Le groupe est à nouveau divisé car d’autres reçoivent des prévisions par SMS annonçant une poussée de houle de sud-est. Bref, tout est un peu confus car les prévisions sont assez changeantes en cette saison, comme le vent qui tourne en permanence.
Sur le coup de 16h je crois voir depuis notre mouillage, que Machines s’est un peu formée par rapport au matin. Je décide donc d’aller checker sur place ; « au cas où… » Fort heureusement Anko notre guide me persuade d’attendre car un grain énorme nous arrive droit dessus par le nord-ouest.
En l’espace de 5mn le vent va passer à force 6, la visibilité presque nulle autour de nous et un clapot incroyable va se former sur notre mouillage.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comIl faut vite monter sécuriser les boards et les transats sur le sundeck. Devant la force du courant qui peut nous entraîner de l’intérieur vers l’extérieur de l’atoll sur le reef de la passe, le capitaine fait relever une ancre et va passer une heure à soulager la seconde avec le moteur. Les conditions sont vraiment mauvaises et le bateau est copieusement secoué sur ses deux axes. Nous sommes condamnés à attendre que ça passe car il n’y a pas d’autre mouillage et aux Maldives les bateaux de touristes ne prennent pas la mer de nuit. La nature va donc nous faire comprendre pendant 3h que c’est elle qui est aux commandes. Si notre capitaine reste imperturbable, notre cuisinier lui est pris par le mal de mer et rend ses tripes. On ne le reverra pas de la soirée. Nous prenons tous une pilule de Notamine en prévention, et fort heureusement aucun de nous n’est malade. Un bon plat de spaghettis viendra plus tard nous lester l’estomac.
23h : le vent s’est calmé, mais le mouillage reste agité. Tout le monde va se coucher.
On quitte demain Laamu dès le lever du soleil pour Thaa. On espère que le surf va vraiment commencer.
_____________________________________________________
Jour 4 > 11 août > Thaa atoll > Mikado et Finimas (sud atoll)La nuit a été très agitée car le bateau a continué d’être secoué par les restes du coup de vent de la soirée.
Le Ramadan a commencé aujourd’hui. Le capitaine et son équipage se sont levés à 3h du matin pour petit-déjeuner. Pour ma part je suis debout à 5h en espérant voir mon premier lever de soleil sans nuages. Hélas, le ciel est toujours gris sur Laamu.
Comme décidé hier, le capitaine commence à remonter les ancres dès 6h et nous appareillons pour l’atoll de Thaa 45mn après pour 3h de navigation.
Après 1h de mer nous arrivons en vue de la bordure nord-ouest de l’atoll à la passe de Vadinolhu (Vadinolhu Kando) à proximité de laquelle le capitaine met en panne afin que nous puissions prendre le petit-déjeuner. A 200 mètres de nous les deux îlots inhabités de Vadinolhu et Thundudhoshu Finolhu, simples anneaux de sable emplis de cocotiers et arbustes ; et bordés d’une eau qui va du vert clair translucide au bleu foncé. En passant entre ces morceaux de terre vierge chacun d’entre nous et muet devant cette vision de paradis.
2h plus tard nous entrons dans la passe Kanimeedhoo (Kanimeedho Kandu) pour aller mouiller 50m de l’île de Kanimeedho. C’est à la pointe de cette île que se situe le spot de Mikado.
Pour l’instant, outside Mikado offre de belles lignes mais qui ont une fâcheuse tendance à fermer systématiquement.
Certaines passent.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comMais ce que nous en voyons confirme que la vague est très rapide. Quant à Mikado Inside, le spot ne marche pas du tout.
On décide donc d’aller tenter notre chance sur la gauche de Finimas, de l’autre côté de la passe, à la pointe sud de l’île de Fonaddoo. La vague est trompeuse car beaucoup de sections semblent devoir fermer alors qu’une fois le take-off réalisé il est possible de réaliser un ride qui doit être très rapide et maîtrisé car la vague avance très vite. Il faut chercher la vitesse avant les manœuvres. On va rester 1h à prendre de bonnes sections à un peu plus de 1m avec comme panorama la plage de sable fin et les cocotiers. On se dit que même si le spot n’est pas à son meilleur, nous sommes loin d’être malheureux.
L’après-midi, Mikado n’est toujours pas surfable ; retour sur Finimas. Mêmes conditions que le matin à ceci près que le peak est un peu incertain et que la lecture des vagues et encore plus difficile. Il y a pourtant des séries de belle taille, mais trop souvent un close out à la clé. Une session très moyenne avec peu de vagues prises ; on sort de l’eau au couchant pour aller se jeter sur le dîner car on a beaucoup ramé.
Une première journée de surf sur Thaa très moyenne. Mais dans un cadre absolument magnifique : du sable blanc et des cocotiers en pagaille et un bateau tout juste bercé par un léger clapot.
Mais Capitaine Manik nous promet le beau temps pour le lendemain et l’arrivée du swell qui devrait enfin faire marcher un Mikado digne de ce nom. Wait and see.
______________________________________________________
Jour 5 > 12 août > Thaa atoll > Mikado et Finimas (sud atoll)Réveil à 6h sur Thaa. Toujours ce même ciel voilé en altitude et cette brise déjà bien établie qui promet de forcir en cours de journée.
Avec Patrice, nous obervons inside Mikado depuis le sundeck du bateau. C’est la pleine marée basse et le reef est hors de l’eau. Inside Mikado est un peu à l’image de inside Ying Yang : une vague qui vient s’enrouler autour d’un reef en arc de cercle. Les vagues ne paraissent pas grandioses, mais des séries de 3 à hauteur respectable se présentent régulièrement.
A 7h nous sommes sur ce qui tient lieu de peak en compagnie d’un Australien venu d’un autre bateau amarré à quelques encablures. Les intervalles sont assez longs et les séries contrariées par le courant sortant de l’atoll vers le large.
Le courant est presque à angle droit avec les séries. On est loin du Grand Mikado et chacun de nous va prendre 2 ou 3 vagues ; au prix de longs efforts de rame afin de se dégager du courant qui veut toujours nous ramener vers le reef à la fin de nos vagues. Il faut absolument être vigilant à cela car terminer sur le reef ici ne pardonne pas à ce moment de la marée. Nous sortons au bout d’une heure, quelques peu dépités par l’entame de journée.
Pendant le petit-déjeuner nous observons Finimas, la gauche prometteuse de la veille. La houle est sud-ouest et rentre à plein, et le vent est off-shore. Nous sommes mouillés à environ 1km à vol d’oiseau mais voyons déferler des séries qui nous paraissent pêchues.
Vers 11h nous décidons avec Fabrice d’aller voir de plus près. Le swell est là. De solides sections d’environ 5 pieds arrivent régulièrement.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comMalheureusement, il est impossible de rester au peak : le courant sortant de la passe est très violent et nous entraîne au large. On va donc voir les vagues… de derrière. Mais même depuis l’arrière nous arrivons à discerner les murs qui déferlent. Retour sur l’annexe au bout de 20mn et on retente inside Mikado. Le vent s’est levé à force 4 et là également le courant ajouté au clapot ruinent le spot.
Retour bateau et déjeuner.
Après déjeuner, ballade le long du rivage sur Thaa.
Cette poudre est composée de diverses épices, fruits et végétaux. On la consomme après chaque repas pour avoir une haleine fraîche. On en dépose une pincée sur une fine lamelle de noix d’Areca séchée et on croque. J’ai testé. La première impression est qu’elle est fortement mentholée, puis après vient un goût sucré. C’est très agréable.
Devant cette cabane de pêcheurs, on joue parfois au cricket…
Je prends quelques clichés de outside Mikado qui ouvre bien mais c’est globalement insurfable car close out systématique sur reef shallow.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comCette ballade est l’occasion de constater à nouveau ce que j’ai remarqué sur les autres îles : l’incroyable abondance de détritus en tout genre : bouteilles, jerricans et d’autres produits plastique, boîtes de conserve, bouteilles en verre, bouées, détritus ménager et ordures. Je vais même trouver un vélo, des W.C, un égouttoir géant, un fauteuil club ! Tout cela n’est visible qu’une fois à terre car caché à l’orée du sous-bois là où la marée, ou les habitants, le dépose. Un cruel rappel de la réalité qui est que les Maldives ne sont pas que des resorts de luxe hyper clean mais avant tout une multitude d’îles habitées ou inhabitées touchées de plein fouet par la pollution engendrée par l’homme parfois à des milliers de kilomètres de là.
Mikado et Finimas étant insurfables en ce milieu d’après-midi, nous décidons d’aller checker Adonis, à 20mn de notre position. Le spot est à la pointe sud-est de l’île de Veymandhoo. Il tient son nom du bateau du même nom qui sombra ici en juillet 1835. En chemin nous croisons un espadon en pleine chasse, sa voile déployée hors de l’eau ; ce qui est très rare. Adonis, est bien mieux protégé du vent de secteur nord-ouest et nous découvrons un plan d’eau juste ridé par le vent atténué. Nous distinguons 3 sections parallèles bien décalées l’une par rapport à l’autre, ouvrant longuement en droite avec quelques possibilités de casquette. Une section face à la pointe, et une section de chaque côté de celle-ci. Plusieurs possibilités donc. Le contraste est saisissant avec Mikado et Finimas. Vu l’heure on se surfera pas là aujourd’hui, mais de retour sur le bateau, nous levons l’ancre à 16h30 pour venir au mouillage de Veymandhoo. Il ne nous reste qu’à espérer que les conditions se maintiennent demain afin que la mi-marée de 11h nous apporte les instants de surf que nous attendons depuis plusieurs jours. Il nous reste 7 jours de trip et pour l’instant le compteur de vagues n’est pas déclenché.
_________________________________________________________________________
Jour 6 > 13 août > Thaa atoll/Dhaalu atoll > Adonis (sud atoll) et Hadigilla (sud atoll)Aujourd’hui vendredi 13, peut être notre jour de chance. Dès 6h, nous sommes debout pour un check sur la droite d’Adonis vue la veille.
Le vent est déjà bien établi. Le spot est bien abrité de ce vent modéré de nord-ouest et le plan d’eau est un peu ridé. La section outside marche assez bien en taille, probablement vers 6 pieds sur les plus grosses séries. On est 1h avant la marée basse et le reef est déjà bien sorti en fin de vague.
On se met à l’eau mais on se rend compte assez vite que la vague est très technique. Le take off est très late et en plus il ne faut pas aller chercher à creuser un bottom sous peine de se faire barrer la route par une mini section qui ferme. Il faut partir directement en haut de vague pour passer la section et retrouver la partie de la vague qui déroule. Cette vague est vraiment très rapide !
Retour au bateau vers 8h30 pour le breakfast. On est attablé à l’arrière depuis 15mn quand un grain arrive. Il est plutôt léger, donc pas d’inquiétude. Mais en un instant on passe de l’averse au coup de vent. Je monte en catastrophe sur le sundeck attacher les boards sur le rack. Alors que je suis en haut, j’entends une cavalcade de couverts et de vaisselle qui tombent à terre. Je redescends et je trouve toute la vaisselle du petit-déjeuner et son contenu répandu sur le sol. Thè, café, tartines… Absolument tout est par terre. Il n’y a plus un seul verre, ni une seule assiette intact. Alors que je suis dans la coursive latérale, je vois arriver vers moi à toute vitesse une table et une chaise en provenance directe du pont avant que j’arrive à arrêter avant qu’elles ne finissent dans l’eau . Le matelas d’un transat passe par-dessus bord et fait un vol de 30m avant de terminer dans les rochers. Quant au bateau, les deux ancres ont dérapé et nous sommes à 25m d’un haut fond.
C’est la totale panique pour l’équipage qui hurle ; seul le capitaine garde son calme.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comAu bout de 10mn le vent baisse, la pluie s’arrête et il fait beau (!).
A 12h, après un second petit déjeuner nous levons l’ancre pour l’atoll de Dhaalu et le spot de Hadigilla. Le spot est situé à la pointe sud-est de l’île de Kudahuvadhoo, en bordure de la passe de Kudahuvadhoo Kanduolhi. Je me fais expliquer l’origine du nom du spot par Anko notre guide : il vient d’un surfer nommé « Gilli », qui passait son temps à surfer cette droite sans jamais se laver. « Hadi » signifie « sale » en Maldivien. That’s why…
A notre arrivée le vent est modéré side shore et la houle de sud/sud-ouest. On se met à l’eau rapidement pour une session de fin de journée. On découvre une droite d’environ 4 pieds avec un take off facile, une jolie ouverture, parfois une reforme qui recreuse bien pour aller mourir au bout du reef.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comBref, enfin une vague exploitable, certes moins puissante qu’à Finimas ou Adonis, mais sans courant ; avec juste un peu de clapot. On se relaie à 3 pendant 45mn avant le coucher du soleil.
Le bateau est mouillé à proximité avec vue directe sur le spot. Rendez-vous est pris demain pour une session dès 6h30, en espérant que les conditions se maintiennent…
Ce vendredi 13 on est à la moitié du trip. Pour l’instant, c’est plutôt la déception qui l’emporte. Pas une seule journée de grand ciel bleu depuis notre départ, un vent soutenu permanent et des spots souvent insurfables car dégradés par le vent ou les courants. Nous ne sommes pas désoeuvrés. Il nous reste le snorkeling (à 20m de la plage le monde sous-marin est déjà superbe) ; mais aussi la découverte à pied des îles débordantes de cocotiers et tout simplement la vue de eau d’un vert clair et translucide absolument fabuleux associé au sable fin et blanc. Mais hélas, le surf, objet principal du voyage fait défaut.
_______________________________________________
Jour 7 > 14 août > Dhaalu atoll > Hadigilla (sud atoll)Aujourd’hui, nous entrons dans la seconde moitié du trip ; plus affamés de vagues que jamais. Dès 6h30, nous sommes tous à l’eau au soleil levant. La taille a un peu baissé mais reprend un peu sur quelques séries. Nous sommes 6 à l’eau pour des sets de 2 à 3 vagues, chaque set espacé d’environ 5mn. Il faut un peu jouer des coudes notamment avec notre collègue Patrice qui, équipé d’un biscuit en 6’8, a l’engin idéal pour les quelques vagues que nous avons eu jusque là. Il est celui qui part le plus à l’intérieur et va le plus loin. Je vais prendre mes 3 vagues… en 1h (!) dont une fort belle qui me met la banane.
A 9h la marée est basse mais le spot reste praticable avec de l’eau. Hélas, la taille et la fréquence n’y sont plus.
Alors que nous finissons le petit-déjeuner, un grain arrive et va établir un vent fort side shore qui ruine le plan d’eau pour le reste de la journée. Le surf est fini pour aujourd’hui.
Ma compagne est moi partons à terre pour une ballade de 2h autour de Kudahuvadhoo. Le village est organisé en petites ruelles le long desquelles les maisons sont alignées.
Comme dans toutes les Maldives, la maison est bordée par un mur d’enceinte très haut qui empêche de voir la cour intérieure. Ces murs sont réalisés de blocs de corail scellés par un mortier sommaire. Avec le temps, le tout noirci ; on le voit à droite de cette photo.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comSur les îles habitées, on chacun est propriétaire d’un ou plusieurs cocotiers disséminés un peu partout, qu’il marque. Seul le propriétaire a le droit d’en cueillir les fruits.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comDe quoi s’agit-il ? D’une institution dans les Maldives. Sur un cadre métallique incliné, on accroche une assise en cordage tressé. Cette version Maldivienne de la chaise longue peut être collective comme ici, ou individuelle. On en trouve partout dans chaque île. Mais attention, là encore chacun possède la sienne et c’est son privilège de s’y asseoir le soir pour méditer en regardant la mer.
Nous faisons fuir les habitants…
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comOn croise au détour d’une ruelle, un mur fait en parpaing et enduit puis peint d’une couleur vive mais c’est très rare. Notre guide nous explique qu’ici chacun est propriétaire de sa demeure. On remarque rapidement la présence de nombreuses citernes de récupération d’eau de pluie (chaque maison dispose de la sienne) sur lesquelles sont apposés les logos de nombreuses ONG.
C’est le ramadan donc le rythme de la vie est ralenti. Nous débarquons à l’heure de l’appel à la prière par le muezzin. D’une façon générale, la vie est assez paisible ici. On vit de pêche, de culture vivrière, de l’élevage de quelques moutons ou de poulets.
Le fruit de l’arbre à pain, arbre immense très répandu sous les tropiques. Il est de la même espèce que le châtaignier. Se consomme de différentes façons.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comLe Banyan Tree
Et la Papaye qui aux Maldives se consomme uniquement en fruit.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comLes habitants ne voient pas souvent de touristes car il n’y a pas de resort luxueux à proximité, aussi nous sommes un peu observés. Il est important dans ces îles non touristiques de respecter les croyances et de se vêtir en conséquence par respect. Nous arrivons au port de pêche à l’heure où les bateaux rentrent. Le poisson est à 99% de la bonite (ou petit thon) ; et l’achat du poisson est l’affaire des hommes. Chacun repart donc avec un poisson accroché au guidon de sa motocyclette.
En faisant le tout de l’île par le rivage, nous sommes à nouveau frappés par l’amoncellement de détritus de toutes sortes. C’est au delà de l’imagination. Ce qui frappe c’est qu’il en y a partout et n’importe où. Il n’y a pas un endroit défini où chacun dépose ses rebus.
Si Malé la capitale est dotée d’une « île poubelle » sur laquelle sont traitées les ordures des resorts, ces îles ont un réel problème de traitement des détritus et je m’interroge sur le futur de ces habitants. La moitié de la population Maldivienne vit en dehors de Malé, sur des îles comme celles-ci. Que va devenir l’habitat de ces gens si cette question n’est pas prise à bras le corps ?
L’autre partie du groupe part pêcher à la traîne et nous ramène un poisson dont l’espèce nous est inconnu mais que notre chef Sri Lankais va nous préparer en carpaccio assaisonné de gingembre et d’ail en guise de mise en bouche. Un vrai délice !
Ce soir j’ai une longue conversation avec Anko, notre guide de 18 ans. Il est de plus en plus difficile pour les jeunes de sont âge de concilier la foi en l’Islam qui est le pilier de la république Maldivienne et les assauts de la culture occidentale. Il est lui d’ailleurs, plutôt regardé « de travers » par ses compatriotes : il a les cheveux longs, est en short et torse nu avec des bracelets tressés au poignet. On le prend pour un « junkie » nous dit-il. D’ailleurs, lors de notre promenade sur l’île, tous les hommes que nous voyons portent un pantalon, même les pêcheurs, et les femmes sont toutes voilées (mais leur visage reste visible car le voile intégral est proscrit). Un vrai choc des cultures que le gouvernement fait tout pour contenir en ne favorisant pas le tourisme « sac à dos » et en misant tout sur les resorts de luxueux dont les touristes sortent peu ou pas du tout.
Cet après-midi, ma compagne investit la cuisine du Chef afin de réaliser un gâteau au chocolat. Notre cuistot Sri Lankais sera donc son assistant et ses yeux sont grands écarquillés lorsqu’il la voit faire. Pendant le Ramadan, la rupture du jeune doit se faire avec quelque chose de sucré. Nous réservons donc la moitié du gâteau à l’équipage et je crois qu’ils sont tous touchés par le geste.
La soirée de se termine en partie de pêche depuis le pont du bateau et par l’observation d’une « fruit bate » (ou « fly fox » ; ou pour faire simple une chauve-souris à tête de renard qui est frugivore) qui s’intéresse de très près à notre régime de bananes… Nous en avons déjà croisé une l’après-midi dans un champ de pastèques et l’animal est impressionnant avec ses plus de 50cm d’envergure et sa tête poilue. D’ailleurs ici, on appose sur les pastèques mûres une cloche en métal tressé afin de les protéger.
Photo : Patrice
http://www.lineup-shots.comDemain matin, on espère une session matinale avant de partir pour l’atoll de Meemu.