Je poste un article que certains d'entre vous ont déjà lu: H2O vs CO2
Le surf joui d’une image de sport « nature », « écolo » pourtant lorsqu’on y regarde de plus près, tout n’est pas si vert dans les tuyaux liquides…
SurfeursLa pratique du surf pour une personne vivant près de la côte et qui pratique de manière assidue peut engendrer de l’ordre d’une tonne équivalent CO2 par an d’émissions de gaz à effet de serre, essentiellement à cause des trajets en voiture que cela génère.
Pour un surfeur qui n’habite pas directement près des spots (comme par exemple les bordelais, les nantais…) le bilan double facilement (soit 2 tonnes éq. CO2).
On voit vite l’intérêt du co voiturage ! Diviser son bilan carbone par le nombre de co voitureurs !
Attention donc aux checks inutiles et à l’auto solisme (tout seul dans sa voiture) car les véritables impacts se trouvent là.
Alors bien entendu un pro qui suit le WCT, ses 10 étapes, ses 2 tours de la terre en avion en distance cumulée (!), c’est encore pire… Ajoutez un peu de jet ski pour des sessions tow in (en consommant 20l par heure ça va vite), 60 planches par an et le cocktail devient abominable, près de 25 t éq CO2 (un français moyen pour toute son année émet en tout 9 t éq CO2 pour manger, se chauffer, se déplacer, travailler etc).
Et nous n’avons pas compté les trips en free surf ! Imaginez le bilan !
Le principal impact effet de serre, d’un surfeur non pro, ce sont ses déplacements, bien loin devant la fabrication de sa combinaison ou des ses planches.
L’impact des voyages à l’étranger vient ensuite alourdir le bilan.
VoyagesLe graphe suivant montre les émissions pour quelques grands classiques des voyages surf :
Sans surprise, moins on va loin, moins on émet de gaz à effet de serre.
Un aller / retour en Australie et ce sont quasiment autant d’émissions qu’un français moyen pendant un an ! 3 semaines de vacances sur la Gold Coast ou à Bali coutent très cher au climat !
Forcément il faut privilégier les destinations locales… ou voyager moins souvent, mais plus longtemps ! Il vaut mieux partir une fois au maroc 2 semaines, qu’une semaine en février puis en novembre…
Entre l’avion et la voiture, si vous êtes seuls c’est équivalent, si vous co voiturez, ça devient plus intéressant en voiture, puisqu’on « partage » les émissions.
Le plus écologique reste le train ou le bus quand c’est possible ! Nous avons l’habitude de le faire sur certaines destinations (Pérou, Mexique), pourquoi ne pas le faire sur les destinations plus proches ?
PlanchesDifficile de trancher quelle type de planche est la plus écolo entre le PU classique / résine polyester, le couple EPS / Epoxy et les autres types de planches.
Une Analyse de Cycle de Vie (ACV) complète est nécessaire.
L’EUROSIMA en a réalisé une et l’EPS / EPOXY semble moins impactant en termes de gaz à effet de serre de l’ordre de 25% que la traditionnelle planche en PU, mais attention aux raccourcis d’interprétation.
Par exemple une planche en carbone peut paraître anti écologique (matériau à haut contenu énergétique), mais la durée de vie beaucoup plus longue peut rendre le bilan différent.
S’il n’existe pas de réponse tranchée à la planche idéale, il semble qu’en l’état actuel, la planche la moins polluante soit celle qui dure, qu’on entretient, qu’on faire réparer.
De même les shapers qui se posent des questions sur les biomatériaux (toile de chanvre, pain de mousse bio, placage bambou, résine bio) sont sur la bonne voie et doivent être encouragés. L’association Cleanshaper tire la filière vers le haut sur les enjeux environnementaux et des initiatives individuelles de shapers émergent également (UWL par exemple).
Enfin, ne pas oublier que le développement durable c’est 3 piliers : environnement, économie et social. Ainsi, si importer une planche d’Asie n’émet pas tant de gaz à effet de serre que ça en plus (le fret maritime est de loin le moins émetteur, l’équivalent de quelques dizaine kilos équivalent carbone pour faire venir une planche d’asie), cette planche n’aide pas l’économie locale et les emplois qui vont avec.
Support your local shaper, c’est aussi ça le développement durable !
CompétitionsLes Bilans carbone de grands événements sportifs commencent à se multiplier (coupe du monde de rugby 2007, JO de Vancouver, Londres 2012, Rolland Garros) et logiquement le monde du surf commence à se poser des questions.
L’éco responsabilité des événements progresse, une de pile à hydrogène pour une compétition a été testé sur des événements français (la consommation énergétique (engins, énergie, jets) d’une compétition représente facilement 3 tonnes éq CO2), le tri des déchets se généralise, mais il reste encore des efforts à faire dont l’épineuse question du déplacement des spectateurs.
Les webcasts qui permettent aujourd’hui de rester devant son écran à regarder un live de bonne qualité peuvent être une partie de la réponse. Mais ceux pour qui le live sur place est essentiel, la question de la desserte en transport en commun des sites n’est pas évidente.
La réflexion émerge aujourd’hui sur ces évènements « planétaires » (au sens qu’ils ont lieu sur l’ensemble de la planète) car l’enjeu est double : réduire leur impact carbone mais également assurer leur pérennité.
En effet, les gaz à effet de serre sont intiment liés à ces fameux hydrocarbures, qui vont devenir plus rares et surtout plus chers.
On connaît les difficultés des surfeurs du WQS pour joindre les deux bouts financièrement. Avec un billet d’avion dont le prix serait doublé voir triplé d’ici 10 ans, peut on imaginer un WQS sans surfeur ?
Complément session jet skiL’usage des jet skis se généralise de plus en plus dans les sessions de tow in (où l’usage peut se justifier) voir de tow at (ou là, on passe du surf à un autre sport). Or ces jets, causent de nombreuses nuisances (sonores, environnementales) et consomment beaucoup de carburant (au moins 20 l/h). En termes d’impact « effet de serre » c’est une marée de GES.
Ainsi dans le pire cauchemar d’une session à Jaws avec 25 équipages (de 2) venant de l’ensemble de la planète, c’est de l’ordre de 3000l de carburant consommés (de quoi faire le tour de la terre avec sa voiture). Cela représente plus de 8 tonnes équivalent CO2 ! Soit en une session, un français qui vit pendant un an !
Et si on ajoute l’avion pour que les équipages étrangers arrivent sur site, le bilan explose à 200 t éq CO2 ! Du délire pur et simple, l’équivalent des sessions annuelles de 200 surfeurs !
Vagues énormes => émissions énormes !
Les marées noires salissent nos côtes et choquent les surfeurs, mais quid des marées de GES invisibles ?
ConclusionMalheureusement le surf sait aujourd’hui qu’il ne fait pas tout à fait partie des sports écologiques. Toutefois l’écologie ça n’est ni culpabiliser les gens, ni leur promettre le retour aux cavernes comme veulent faire croire les mauvaises langues. L’écologie, c’est certes la protection de l’environnement, mais c’est aussi le progrès, la prise de responsabilité, l’amélioration et le surf doit aujourd’hui prendre conscience de ces travers et progresser.
Le surfeur voyageur / nomade, essence même de la culture surf, pourrait être amener à se sédentariser, ou dans un premier temps revoir à la baisse la fréquence de ses voyages ou leur éloignement.
Localement le cout de l’essence va vite inciter les uns et les autres à partager les véhicules si ça n’est pas encore fait et rendre prohibitifs certains produits liés de très près aux hydrocarbures.
La nature fait pourtant bien les choses : le vent génère de la houle qui vient lécher nos côtes, c’est zéro émissions, mangeons des repas locaux, de saisons, pas trop de viande, c’est bas carbone, ramons à la force des bras, laissons tomber les produits pétroliers pour des planches plus naturelles et qui durent et déplaçons nous intelligemment, et alors le surf sera un sport écolo.