Lorsque Alexandre (Lob) m’a appelé pour me demander de faire une déco de planche pour lui, j’ai tout d’abord cru à une blague. Sans aucune fausse modestie je pense que celle que j’ai réalisé sur mon premier shape est très passable et respire l’amateurisme total : Manque de cohésion (trop d’univers différents), mauvaise répartition des dessins, trop de couleurs, traits différents suivant les personnages. Je me suis donc marré et l’ai pris à la rigolade. Mais devant son ton sérieux, j’ai commencé à envisager la chose. « Ok, Banco ! Le cahier des charges ? » . « Ce que tu veux, ce qui m’intéresse justement c’est un truc différent. ».
A partir de là, j’ai commencé à gamberger sérieusement. Mon rêve était de retranscrire une invasion extraterrestre venant squatter une ville réputée pour sa vague. Je me suis donc plonger dans mes « archives » et j’ai retrouvé avec bonheur ma collection de cards faite en parralléle du film de Mars Attacks (1997). J’ai vite réalisé que cet univers ne pourrait en aucun cas coller au fish que Lob shaperait pour l’occasion. Traits trop sérieux et trop rigide par rapport aux courbes de la planche. J’ai donc écumé le net et mes B.D afin de trouver quelque chose de cohérent.
Les fameuses cards:
Lina, qui partagait mes sentiments par rapport à ma première déco m’a proposé son aide d’emblé. Elle n’avait pas pu m’aider comme elle l’avait voulu sur la première, manque de temps, mais était prête à s’investir plus que sérieusement pour cette décoration. Nous avons donc défini ensemble une idée majeur : Nous garderons l’idée d’invasion. Mais pas de mélange de genre. La voilà donc à écumer le net, elle aussi afin de trouver l’image adéquate. Sa formation en arts lui faisait travailler de manière bien étrange pour moi. Elle naviguait de site en site avec parfois des critères de recherches très éloignés de ceux que j’aurais choisi. « Recherche d’ambiance. » parait il. Bon ok. Peu à peu je sentais le truc m’échapper. En parralléle elle se pencha sur mes B.D. Ce qui me plu dans la mesure où elle dévora enfin toute la série des Sin City de Franck Miller et celle préféré de mon fils : Mutafukaz. De ces lectures nous avons decidé d’un commun accord de jouer sur le noir et blanc avec juste une touche précise, unique et très discrète de couleur.
Les trucs un peu étranges qu'elle trouve sur le net et qui l'inspire:
Sin City :
Mutafukaz:
Image qui définira pas mal le mouvement et l'inspiration pour l'invasion :
Ses recherches sur le net ont débouché sur une pléiade de petits bonhommes. Parfois inquiétants souvent drôles nous avons sélectionné peu à peu pour n’en garder que deux. Ne pouvant faire notre choix définitif nous avons donc arrêté là bien décidé à les départager le moment venu. Peu de temps après Lina me demande de passer sur son lieu de travail. J’y vais donc et je découvre devant moi sur calque et au format 1/1 un fish ou venaient jouer deux ou trois courbes. Alexandre nous avait en effet envoyé le fichier Autocad afin de nous amuser. « Génial ! » Pour le coup, le projet m’échappé complètement là. De cette courbe nous avons pu enfin coller notre univers. Partant du principe que les courbes étaient douces ainsi que celles naturels du fish j’ai posé avec force mon droit de vote implacable sur le bonhomme le plus rond et le plus « sympa ». Premier essai : Nickel, cela collait. Par contre notre invasion devenait plus un gros rassemblement extraterrestres dans un coin de l'univers connu pour offrir un des plus beau spot spatial de l'univers avec Tube pour chacun !
Lina pris donc le soin de s’imprimer une multitude du personnage choisi à taille différente, de les découper et de venir les apposer sur la planche afin de définir au mieux un bon équilibre et une dynamique dans le dessin.
Le finaliste perdant:
Peu à peu au fil des jours, l’univers tant souhaité apparaissait sous mes yeux de grand enfant. Je passais donc chez Surf Expérience voir Jérémy qui aurait la charge du glass afin de définir avec lui les emplacements de logos afin que ces derniers ne soient pas recouverts par nos gribouillages. Cela défini, je vis pour la première fois la planche sur les racks, toute blanche et toute vierge n’attendant que nos traits. Petit coup de pression sur ce coup là…
Le rendez vous fut pris. Un dimanche bien pluvieux. A dix heures du mat nous voici donc à pied d’œuvre. La planche est installée sur des tréteaux. Lina qui a une bonne expérience en dessin est un peu décontenancée par ce nouveau support. Alexandre lui explique la possibilité de faire de petits enfoncements en prenant trop d’appui en dessinant. Elle décide pour ne pas se perdre dans les échelles et dans la courbe générale de procéder comme pour la réalisation d’un tatouage : Elle repasse pratiquement tout le dessin au crayon à papier bien gras de l’autre côté du calque (négatif) puis celui-ci posé sur la planche reviendra de nouveau tout repasser afin que le trait négatif vienne se déposer sur le pain. Ca marche ! J’ai en charge de faire la même chose avec les petits bonhommes. Lina devient de plus en plus à l’aise, les cafés ponctuent notre avancée. J’ai aussi la responsabilité du Hot Gun (le sèche cheveux) afin de raccourcir au mieux le temps de séchage du posca. Nous avions décidé de pas trop nous aventurer dans de la peinture pour notre premier essai et nous rabattre sur des valeurs sures. Le choix lui de la couleur est décidé : ce sera le bleu, bien doux comme les courbes et les bonhommes du dessin.
A un moment donné la question d’une petite blague sera soulevée. Je m’opposerais aux deux autres à ce genre d’improvisation ; Le dessin se suffit à lui-même et j’ai suffisamment fait les frais de ce genre de délire sur ma planche pour laisser tout gâché. Une fois fini nous sommes tous d’accord : il manque quelque chose au niveau du tail. Je griffonne vite fait un personnage plus gros que les autres sur un bout de calque, l’appose sur une des queue de l’arrière : ça fonctionne, on adopte. 16h30, c’est fini. Nous avions prévu 16h, honorable. Alexandre semble content du truc et nous remercie chaudement.
Sur le chemin du retour, Lina me dit que sur sa prochaine planche « ???? » Elle retranscrira vraiment son univers à elle ! Elle se voit bien avec un petit pont en bambou, spécialité d’un autre shaper, avec peut être une résine teinté, avec une superposition de couches de glass etc…. Je souris dans mon coin et la regarde d’un œil. Mince, elle a peut être shopé le virus.