Quel étrange spectacle. Dans la capitale du surf Landais une bonne quarantaine de bonhommes se sont donnés rendez-vous à la centrale pour une session matinale. Les vagues sont là, alimentées par une houle bien présente et un vent d’est qui vient les creuser encore un plus comme si elles en avaient besoin… Mais au lieu des shorts boards habituels effilés et piquants que l’on s’attend à rencontrer dans ce genre de conditions, les drôles de bonhommes ne sont armés que d’une paire de palmes.
Le spot choisi ne pouvait pas offrir mieux : la centrale d’Hossegor offre un pic limite shorebreak mais qui déroule en droite et gauche la plupart du temps. Entre les séries le mètre laisse place à des petites bombes tubulaires d’une cinquantaine de centimètres qui laisseront les moins pointus des bodysurfers se frotter aux éléments. Les plus aguerris ont eux porté leur choix sur un pic bien constituant qui vient frôler la nord qui, miracle, marche ce matin.
Les suivants sur la plage de quelques mètres je suis impressionné par leur faciliter à la mise à l’eau. Il n’y a pas ou très peu de barre à passer, seule la vague dresse une barrière entre le sable et le pic. Au zoom je peux voir les surfers regarder ces drôles de gugusses arriver sur le pic. Au début les mêmes vagues semblent disputées par les surfers et les hommes palmés. Mais comme si ces premiers avaient compris le sérieux des bodysurfers en quelques jolies démonstrations d’engagement, le respect des priorités se mettra tout naturellement en place malgré la différence de glisse. Bientôt les bodysurfers offriront le spectacle sur une droite trop tendue pour les surfers qui leur laisseront toute l’air de jeux.
Quand j’emploie ce terme « air de jeux » c’est avant tout pour mettre en avant la simplicité avec laquelle c’est hommes s’amusent de leur propre passion. Déjà au lieu même du rendez-vous il régnait autour du café matinal une réelle bonne ambiance. Chacun allant saluer l’autre, se présentant le cas échéant. Peu importe si plus tôt je ne connaissais que quelques personnes et ne mettais que quelques noms sur les visages : Quelques minutes après j’avais serré une quarantaine de main, avais été présenté à presque autant de personnes. Leur mise à l’eau fut là aussi un moment pur de simplicité. Tous en sourire je les ai vu partir face à ce bon mètre cassant pour se retrouver pratiquement dans l’instant derrière la barre. Ils se sont ensuite déployés sur une bonne longueur afin de permettre à chacun de profiter de chaque vague.
Je me replace en face du pic central où se trouve la majorité des doigts palmés. J’assiste alors à un festival de figures improbables. Mais comment font-ils pour glisser sur le dos ? Faire des vrilles ? Sur le sable certains se reposent pour mieux repartir enchaîner des tubes. Car si le tube est le but ultime pour bon nombre de surfers, devant le spectacle qui s’offre à moi, il semble que les bodysurfers soient atteint de la même fascination pour cette caverne aquatique. Le fait d’être au contact direct de l’eau semble faciliter cette figure… Car vue du bord et devant l’aisance de ces nageurs tout cela semble facile. Mais les sifflets et les cris des spectateurs et amateurs saluant les tubes rappellent que cette figure reste le Saint Graal.
De cette rencontre il me restera sans doute ces images de take-off immergés. Voir cette silhouette tendue à l’extrême sous quelques centimètres d’eau, pratiquement à la verticale dans les vagues les plus creuses est une image incroyable. Comme si le bodysurfer faisait l’espace de quelques secondes lui aussi parti intégrante de la vague. Et il me restera aussi cette impression de simplicité et de gentillesse de la part de tous ces drôles de types aux pieds palmés. Il y’a aussi cette envie communicative d’aller jouer avec les vagues comme ils le font. C’est décidé la prochaine fois je me trouverais devant le bon côté de l’appareil photo, celui où on joue un rôle dans le merveilleux spectacle que ces drôles de bonhommes offrent à tous.
PS : plus de 300 photos, pas façile de shooter quand cela part de partout sur une même vagues qui plus est un mauvais réglage de l’appareil et me voici avec une centaine de photos, plutôt que faire un cruel choix dans la sélection voici un petit montage vidéo. En espérant que les amateurs y trouveront leur compte.
Des photos beaucoup plus belles et aquatiques ici