par Occy17 » Ven Juin 27, 2025 17:19
Mardi 10 juin
Jour du départ. Comme nous n’avions pas surfé le mardi après-midi, le guide nous avait proposé de partir tôt ce mardi matin pour une dernière session à Nipussi ou à Bank Vault entre 7h00 et 9h00. Nous devions prendre le ferry au port de Siberut à 14h00. Mais le vent souffle d’ouest et la pluie est tombée très fort pendant toute la nuit. Le jardin derrière les bungalows est complètement inondé, on dirait une rizière. Le dernier plan surf tombe à l’eau. Après le petit déjeuner, nous rassemblons rapidement nos bagages pour anticiper le départ et passer par la mangrove avant la marée basse de 11h00. La pluie tombe très fort. Les indonésiens prennent en charge les boardbags pour les mettre dans le bateau. Tout est détrempé !
Mais subitement, la tempête prend de l’amplitude. De grosses rafales de vent d’ouest arrivent et les conditions deviennent apocalyptiques. Vent à 80 km/h et certainement davantage en rafales. Une pluie diluvienne s’abat sur nous. L’océan se déchaîne. Une houle courte s’est rapidement développée et des vagues de 1,50 à 2 m explosent sur le récif là où d'habitude il n’y a pas de vague et des plages de rêve.
Il est à présent impossible et très risqué de prendre la mer. Notre départ est reporté jusqu’à ce que les conditions s’améliorent. Mais la météo n’annonce aucune amélioration avant 16h00. Nous sommes bloqués sur l’île de Masokut.
Nous avons officiellement dit adieu à l’option de prendre le ferry pour rallier Padang. L’équipe de Vaya cherche un plan B pour nous faire partir.
Ils trouvent une solution : nous pouvons avoir un speed boat à partir de 16h00 pour rejoindre Padang quand les conditions se seront améliorées. Mais le prix est de 35 millions pour le bateau et on peut monter à 15 !!
4 surfeurs du camp de Driftwood sont également dans notre situation. Ils vont leur demander s’ils veulent venir avec nous et donc partager les frais pour le speed boat. Ils refusent la proposition. Nous n’avons pas beaucoup d'options possibles et nous validons le speed boat pour nous 6 et cela fait 275€ par personne. Ca pique un peu, mais c’est toujours moins cher que de décaler nos avions.
Au plus fort de la tempête en fin de matinée, les bateaux sont chahutés dans la petite baie assez peu protégée pour de telles conditions tempétueuses. Le bateau d’un camp de surfeur se décroche de son ancre et part à la dérive. Les indonésiens d’un autre camp prennent la mer avec un autre bateau pour tenter de le récupérer. Mais le bateau se dirige dangereusement vers le récif. Le bateau de secours lance des cordages pour pouvoir remorquer l’embarcation à la dérive. Mais celui-ci se fait prendre dans le shore break, des tonnes d’eau rentrent à l’intérieur et le bateau se retourne et commence à couler. Mais le 2ème bateau se trouve également en difficulté et en moins de 5 minutes, les deux bateaux vont se faire prendre dans les vagues et ils vont se faire exploser sur le récif. Les deux embarcations sont immédiatement détruites. Les débris du crash sont disséminés partout sur la plage et le récif. Tous les indonésiens et surfeurs des camps arrivent sur place. Tout le monde donne la main pour ramasser les débris. Ensuite, une mission de sauvetage des deux bateaux qui se sont échoués sur le récif va commencer. Au bout d’une grosse heure d’effort, les deux bateaux, du moins ce qu’il en reste, sont sur la plage, à l'abri.
Juste avant l'échouage des deux bateaux, nous avons vu celui de Driftwood prendre la mer pour tenter de rallier le port à Siberut. Ils sont complètement inconscients.
Une journée à patienter à l’abri de la pluie et du vent commence. On scrute inquiet l’horizon qui reste bouchée. Et puis en fin de journée la pluie cesse, le vent se calme, on commence à être rassuré.
16h00 : nous montons à bord du bateau de Vaya pour rejoindre l'embarcadère à Peipei, un petit village dans une zone protégée en sortie de mangrove au sud de Siberut. Alors que les conditions de mer se sont nettement améliorées, nous nous faisons sérieusement chahuter. La navigation à bord de ce type de bateau dans de telles conditions est vraiment délicate.
Nous sommes enfin à l’abri à Peipei. Le speed boat équipé de 3 moteurs de 200 cv arrive avec à son bord les brésiliens qui vont nous remplacer à Vaya la semaine prochaine (eux, ils étaient bloqué à Siberut). On transfert les bagages, nous montons à bord et le bateau moteur prend la mer. Nous allons nous faire sérieusement brasser à 20 nœuds de moyenne pendant 4h15 avant de rejoindre Pandang dans la nuit noire. Arrivés au port, comme pour nous narguer, le speed boat s’amarre au Fast Mentawai. Nous traversons le ferry pour atteindre le quai ou nos taxis nous attendent. Nous arrivons enfin à notre hôtel. Nous contactons Emily pour lui dire que nous sommes bien arrivés à Padang. Elle nous dira que les gars de Driftwood ne sont pas arrivés à temps au port de Siberut pour prendre le ferry. Ils sont bloqués à Siberut. Retour de karma.
Mercredi 11 juin
9h00, les taxis nous prennent en charge pour aller à l’aéroport. Après 45 minutes de route et une dernière dose d’indonésie, nous allons au checking des bagages. Dans l’aérogare, il y a des boardbags partout ! Ils vont remplir entièrement la soute arrière de notre avion avec au moins 30 boardbags. C’est hallucinant et cela confirme bien le nombre de surfeurs aux Mentawai.
Nos vols s’enchaînent parfaitement et comme prévu le boeing de Quatar Airways atterrit à Paris Charles de Gaulle jeudi 12 juin à 7h30. Les bouchons parisiens sur la route du retour nous rappellent très vite que notre parenthèse au paradis est terminée.
A bientôt pour de prochaines aventures des Pains Grillés …
Team Pains Grillés