par Gart » Jeu Oct 17, 2019 08:25
Voici ma critique personnelle de ce bouquin. Longtemps ajournée car c’est plutôt négatif. Je ne veux froisser personne, surtout pas ceux qui on aimé le livre, c’est juste mon avis.
Ce livre m’a été prêté par une amie non-surfeuse qui était bloquée à 100 pages, le livre lui tombait des mains. Ce qui n’est pas étonnant pour un livre de surf.
Aguiché par ce topic et le prix Pulitzer, j’ai donc entamé la lecture et ce qui m’a frappé dès les premières pages, c’est la traduction. Très lourde, difficile à lire. C’est certainement très compliqué de traduire un tel bouquin. Il y a le style de l’auteur qui doit jouer : les phrases à rallonges, ça passe plutôt bien en anglais, il me semble, mais en français, ça donne des phrases à tiroir qui s’étendent sur 10 lignes. Parfois, on n’y comprend rien ou il y a carrément un contresens dans la phrase. Je n’ai plus le livre sous la main et de toute façon, vu le pavé, ça aurait été compliqué de trouver des exemples.
Et c’est aussi un livre de surf, donc compliqué à traduire, avec ces anglicismes et sa technique compliquée. Mais paradoxalement, j’ai trouvé les scènes de surf très bien traduites et accessibles à un large public. Exception faite du claim, traduit par célébrer, bien sûr. Mais c’est un détail.
Mais globalement, le livre s’est révélé indigeste au bout de trois pages et sa s’est confirmé par la suite. Je n’ai jamais pensé le finir. Mais je l’ai fini quand même.
Ensuite, il y a la façon de raconter l’histoire. Chronologique en gros : à tel moment, j’étais avec untel, j’ai fait ça. A tel moment, j’étais avec un autre, on a fait ça… Une suite d’événements racontés avec distance. On dirait des cartes postales. Ça manque d’anecdotes, de quelque chose de plus émotionnel, de plus présent, de plus intérieur. Quelque chose qui rende le récit vivant.
Ça ne manque pourtant pas de descriptions, ou de personnages, mais c’est plat.
Les personnages manquent cruellement de relief. Par exemple, son compère avec qui il parcourt le monde pendant des mois, on sait quoi de lui ? Il aime la littérature, il fait du surf… C’est à peu prêt tout. Finnegan ne sait pas faire vivre ses personnages. Ça s’arrange un peu sur la fin avec la partie à San Francisco. Comme si l’auteur progressait en même temps que le livre.
J’avoue que je sortais de la lecture de plusieurs Damasio et le passage à la version française de Finnegan, c’était comme sortir d’un resto 3 étoiles pour aller bouffer des patates cuites à l’eau.
Mais il y a aussi du très bon chez Finnegan : le surf, par exemple. J’ai adoré toutes les sessions, et il y en a un paquet, toutes les descriptions de spots. Le type vit le surf, il le comprend et sait le raconter. Je retiens particulièrement l’explication du contrat social du line-up, où il explique comment se comportent les surfeurs à l’eau, les rapports entre locaux et non-locaux, avec la clarté qu’induit une longue pratique et une compréhension parfaite du phénomène.
Et aussi le passage, plus anecdotique, sur la taille des vagues. De mémoire et en résumé : « on ne mesure pas en pieds. On dit overhead (= 6 pieds), double overhead (= 8 pieds), triple overhead (= 12 pieds). Faut pas chercher à comprendre »
Et la session sous LSD à Hawaïi...
La partie sur l’Afrique du Sud aussi est bien plus intéressante que le reste, car il s’implique dans la vie locale, politiquement. Il est prof et on sent que c’est une expérience centrale dans sa vie. Par contre, on arrive en Afrique du Sud sans changer de paragraphe, sans même passer à la ligne. La phrase précédente, on est à Nias ou Singapour (après des mois et des centaines de pages passés en asie). Point. On est en Afrique du Sud ! Ça manque de transition, quand même !
Tout ça me donne un sentiment paradoxal. Je dirais que je n’avais jamais terminé un livre aussi mauvais, et je m'interroge sur le prix Pulitzer. Je ne sais pas si la problème vient de la traduction ou de l'auteur, mais je dirais les deux. Et pourtant, les souvenirs de ces sessions me reviennent régulièrement en tête, notamment Madère, Fiji, San Francisco, Hawaïi… A réserver à un public de surfeurs selon moi.