Hey,
Bon voilà ca fait quelques semaines que je suis rentré et je me motive enfin à faire ce poste.
Voilà notre récit (sorry si c’est un peu long):
9 bagages spéciaux, 27 surfcrafts (du retro fish à la short board, en passant par les handplanes et surfmats, sans oublier le pingouin gonflable), 9 tronches de pains frais prêts à décoller pour le trip de leur vie, avec pour mission d’explorer une zone de surf infréquentée.
Arrivée à Malé, pas de planches cassées. Antony Yep Colas, « spotologue » et auteur des guides de surf Stormrider, accueille l'équipe pour qui il représentera un atout majeur.
Le Dhoni, petite embarcation servant de transfert pour les sessions surf grâce à une mobilité supérieure à celle du navire, est ancré à peine à quelques centaines de mètres de la sortie des bagages. Son capitaine Loulou attend avec sa contagieuse bonne humeur et un grand sourire, qui ne le quitteront pas de tout le voyage.
Le Dhoni appareille, et certains ne toucheront plus la terre ferme avant longtemps. Le dépaysement est immédiat et une sorte de rêve liquide commence pour chacun. Sous un soleil de plomb avec une eau à 30°.
Avant d’arriver aux spots réputés world class de North Malé Atoll, le Dhoni rejoint « Oomido », le navire principal qui servira la maison flottante et de surf explorer pendant près de deux semaines (récemment rebaptisé « Hope Cruiser par son propriétaire). Quelques heures à peine après l’arrivée aux Maldives, première gâterie : le spot de Sultans fonctionne avec des conditions glassy.
La droite de récif ne reçoit pas le swell of the decade, mais ça commence fort avec une session fabuleuse. Les vagues sont creuses et puissantes et sur les séries sont head high+. Il y a de jolies sections pour les turns et même des tubes. Il y a aussi un peu de monde.
La « foule » reste très faible et diluée comparé à des spots connus en France, ou à d’autres spots worldclass, mais on peut quand même instantanément devenir agoraphobe. Quand on traverse la moitié du globe, qu’on arrive dans une eau qui ressemble à un mirage turquoise transparent en cristal, que des vagues parfaites déroulent dans les reefpass sur fond de cocotier, on a juste pas trop envie d’entendre des types s’engueuler et gâcher le spectacle.
Après le repas, réunion sur le pont et première décision stratégique : faut-il rester surfer les vagues du coin ou faut-il partir directement loin du monde, dans la zone d’exploration ? Le choix n’est pas facile, quand on sait que d’un côté il y a de bonnes conditions à portée de main et des spots excellents à essayer, qu’on ne reverra pas après, et que de l’autre en explorant plus loin il y a peut-être encore mieux. Peut-être.
L’adage « don’t leave good waves to search for good waves » a été mis sur le tapis. Mais les vents favorables, et l’envie d’évasion « totale » plus forte que celle de tester les spots de North Malé, ont fait débuter immédiatement la chasse.
Oomido appareille et chacun profite de se reposer pour la suite. Les cabines sont climatisées et confortables. Certains dormiront à la belle étoile sur le sun deck en profitant de la fraîcheur du vent marin, tout en profitant aussi de sévères averses tropicales.
Pendant leur sommeil, le navire rapproche les surfers du Saint Graal. Se réveiller peu après que le capitaine jette l’ancre et voir un spot vierge par le hublot n’est pas un sentiment désagréable.
Aux premières lueurs du matin, le guide Antony part en repérage avec l’annexe sur un des meilleurs spots qu’il a découvert. Une droite parfaite, pratiquement jamais surfée. La vague sera belle mais elle ne se montrera pas sous son meilleur jour, si le vent est bon le swelll est un peu trop petit. Les premières heures sont surfables, mais il faut attendre 10h après le petit-déjeuner pour avoir une impulsion qui offrira une session super fun et un bel avant-goût.
Sans aucun autre bateau / être humain en vue, on partage tour à tour des vagues sympa et teste différentes planches. L’excitation est palpable et chacun se donne à fond, les séries envoient des vagues super clean, « mécaniques », et les potes s’amusent comme au skate park. Pour se reposer un peu tout en restant près de l’action, certains font du snorkeling dans l’inside. D’autres profitent du confort du sundeck ou de leurs cabines entre deux sessions, alors que les plus affamés ne posent leur planche que le temps d’apprécier les délicieux repas préparés par le chef. Grâce au Dhoni et à l’annexe, chacun est libre de suivre son rythme et ses envies.
La vague en question est exploitée jusqu’à épuisement du stock et dès que le spot ne fonctionne plus assez bien, le capitaine lève l’ancre pour partir vers une zone mieux exposée en fonction des prévisions du vent et de la houle.
Grâce à l’expérience d’Antony, le navire se trouve chaque jour au bon endroit au bon moment. Non sans une part évidente de chance, le trip a bénéficié de conditions surfables, même onshore, chaque jour. Personne n’a pu se réfugier derrière l’excuse du flat / repos forcé pour se soulager les bras, et bien souvent les vagues étaient beaucoup trop bonnes pour pouvoir résister à leur appel.
Constamment en repérages, en se déplaçant au jour le jour en fonction de l’évolution des conditions, trois nouvelles vagues ont été découvertes. Jamais surfées selon Antony, la première gauche a été baptisée « Loulou’s » en hommage au Dhoni captain. La seconde, aussi une gauche, a été nommée « Ovomaltine », car elle n’allait pas mieux que Loulou’s mais plus longtemps. La troisième, « Toblerone », est une sorte de mysto wave, qui se lève à l’outside comme un wedge, avec un pic de montage en forme de gros triangle, et une belle section engagée dans l’inside (avec grosse patate qui dépasse).
Le coup de cœur général revient à un autre spot découvert par Antony quelques années auparavant, une vague consistante et mieux exposée au vent qui dominait. Une pointe de reef, avec une droite qui a offert beaucoup, beaucoup de rides à chacun. Plusieurs sessions avec sets a hauteur d’épaule+. Un inside bowl parfois headhigh et très rapide + puissant. Plus petite et calme depuis l’outside, la droite creuse, grossit et accélère sur une centaine de mètres avant de taper la section « du bowl » en forme « d’amphithéatre », qui est la plus grosse, la plus violente, et qui cassait aussi parfois en gauche. Des wipeouts, des épaules déboitées, des finbox explosées, des casquettes perdues, des sessions de quatre heures et des dos pelés, brûlés au 1er degré, des rires, des drops ins entre copains chacals et des party waves, des sprays dans le nez (et des bières payées), des gros sourires derrière de grosses moustaches, il n’y avait plus vraiment de règles à ce spot, certaines furent établies pour être mieux violées ensuite. Au final, ça se résume à un gros festin avec surabondance de stoke.
Quelques jeunes surfers locaux habitant sur l’îlot où est située la passe en question sont venus nous rejoindre pour s’entraîner sur leur spot, en affirmant n’avoir jamais vu d’autres surfers auparavant. Ces adorables petits débutants dropaient systématiquement les envahisseurs sur chaque vague, ce qui confirme bien que dans leur petit coin du monde reculé il n’y a pas d’autres enfoirés ni de règles établies.
Ce trip ne s’est pas seulement limité au rituel surf/eat/surf/sleep/repeat, même si c’était là ses seules vraies ambitions.
Si les fonds coralliens et l’abondante faune sous-marine sont vraiment miraculeusement beaux et que les cartes postales ne trompent pas, la réalité du plastique vous rattrapera en revanche sur les îlots. Depuis le boat ou depuis le drone, un îlot sauvage semblait magnifiquement vierge. En se rapprochant de plus près, on voit que des piles de déchets plastiques sont venues s’échouer et souiller sa végétation. On ne pouvaient raisonnablement pas laisser passer ça. Les manches (inexistantes) ont donc été retroussées et les déchets ramassés, quitte à affronter la chaleur, les coups de soleil, et même des guêpes sauvages.
En récompense, des tortues, raies manta, dauphins et autres amis marins sont venus remercier la team à plusieurs reprises.
Si le voyage a consisté à découvrir de nouvelles vagues, il a aussi aboutit à la découverte de nouvelles amitiés, tant au sein de la team qu’avec le guide et l’équipage, le tout ne formant qu’une seule grande équipe.
Ce trip fût une déconnexion totale du reste du monde, un voyage d’exploration, avec une équipe soudée et des profils complémentaires, une bonne humeur constante et une météo clémente dans et hors de l’eau.
Voici le trip en images:
https://vimeo.com/181497639
Je tiens à précisser qu'on a pas un niveau de ouf, donc aucne prétention pour la qualité des images de surf
Voilà!