Il faut le savoir, il y a sur ce forum des surveillants, des gens qui épient vos moindres faits et gestes et qui vous rappelle à l'ordre de ce que vous avez fait ou justement pas fait ...
et vous pouvez aussi subir des pressions des hautes sphères du forum si vous ne vous pliez pas à la règle ...
Tout part du partage d'une photo dans le sujet des photos diverses, et c'est donc suite au post de cette photo de point break que la curiosité à été éveillée, et que les pressions ont commencées
Et je me dois, si je ne veux pas me faire taxer toutes mes vagues et me faire huer lors de ma prochaine session avec des repotiens , faire un report sur le pays qui abrite cette longue gauche : l'Angola.
Donc allons-y pour quelques cartes pour situer:
Pour faire un résumé de l'histoire de l'Angola, rapide sur les 40 dernières années : 30 ans de guerrre civile et ces 10 dernières années sont post-guerre civile, donc reconstruction du pays comme ils peuvent.
Il faut être clair, ce n'est pas actuellement un paradis, 95% de la population est pauvre (et quand je dis pauvre, c'est niveau tiers monde) et le reste de 5% de la population vit bien au dessus de notre seuil de richesse européenne ... et pour être clair, c'est l'argent du pétrole en fait.
Pour tout dire, ce n'était pas un surftrip, mais une expatriation pour le taff (je travaille dans le pétrole comme certains le savent) et je suis donc parti vivre avec mon épouse en Angola pour 1 an en 2010-2011.
Tout les pays ont leur avantages et leur inconvénients, on est pas chez nous et il faut faire attention, c'est la base du voyage ... maintenant, on dira que le quota "inconvénients" était assez élevé.
Déjà c'est un pays extrêmement cher, il faut le savoir : Luanda est chaque année dans le Top 10 des villes les plus chères du monde : comptez 40$ pour une pizza, 25$ une omelette fromage avec 3 oeufs, 15$ le camembert .... tout est importé. Vous me direz il faut manger local, mais le problème c'est qu'il ne manque que la funge (manioc + riz ou maïs) c'est très ... consistant dira-t-on. Bref c'est très très cher ... avec mon épouse, on en avait pour 2000$ juste pour les repas du mois.
Et niveau des loyers, c'était juste hallucinant : pour la première maison que j'ai loué (60m2 = salon + cuisine + 2 chambres) était à 14'000$/mois, et la deuxième que j'ai eu était à 17'000$/mois (heureusement que c'était la boîte qui payait)
Exemple de ce qu'était notre vie en Angola : 4x4 avec chauffeur et puce GPS (contre le kidnapping), maison barricadée, double rangée de barbelés aux murs d'enceinte, toutes fenêtres grillagées, 3 gardes armés de AK-47 qui font les 3x8 dans le jardin ... bref pas une vrai sinécure si on regarde le côté safe du pays.
On s'entend bien, le pays est en reconstruction, et on ne peut que comprendre que ceux qui n'ont rien essayent d'en avoir ne serait-ce qu'un peu ... et donc dans ce milieu sans encore trop de règles, tous les moyens sont bons pour y arriver.
Pour les trucs pas drôles, j'ai vu des braquages de voitures dans les embouteillages (embouteillages quotidiens de plus de 3h dans Luanda) à la machette, au pistolet, a la kalach ou avec de simples parpaings jetés contre les vitres des voitures pour que leurs occupants vident leurs poches, sacs laptops, téléphones etc ... Je me suis aussi fait "agressé" quelques fois dans la capitale à des heures pas trop tardives pour mes chaussures, mon portefeuille, mon téléphone ... ça n'était que matériel, mais c'est l'occasion d'une bonne montée d'adrénaline comme jamais.
Bref, on va faire court : c'était assez chaud et dans certains quartiers pour faire 200m dans la rue, il faut préférer prendre sa voiture que le faire à pied.
Une fois oublié le côté assez chaud du pays, on peut maintenant se focaliser sur les bons côtés, et celui qui nous intéresse plus particulièrement ...
ça ne laisse pas indifférent
Etant donné que je n'étais pas là-bas en surftrip, les sessions de surf ont été plus que rares, une petite dizaine en fait en 11 mois, du fait de certaines raisons contraignantes:
- travail du lundi au samedi, en incluant les embouteillages pour aller au taff : 6h30 > 20h00
- obligation de voyager en voiture avec un chauffeur, et le dimanche est le jour de repos du chauffeur
- interdiction formelle pour raisons de sécurité de quitter le périmètre de la capitale Luanda (et avec la puce GPS dans le 4x4, pas facile de mentir)
- trouver des gens motivés et pas "frileux" pour braver ces interdits
- et bien sûr, comme toujours, avoir la bonne fenêtre météo
Déjà il faut un bon 4x4 pour l'Angola
Parce qu'a chaque pluie c'est ça minimum
Les gens motivés ont été assez facilement trouvés : un landais, un irlandais, un portugais, un marseillais et ma pomme.
La première fois, on a pas bataillé : checké la météo et les cartes, chargé les 4x4, la flotte et la bouffe, le BBQ, les boards, et on est partis plein sud pour chercher des vagues ... qu'on a pas trouvé parce que c'était flat.
Et dès le lendemain, Johnny l'irlandais et moi même étions convoqués par le service sécurité de nos boites respectives, pour n'avoir pas respecté les consignes de sécurité ... en fait ils avaient tout simplement suivi notre périple sur la carte avec les puces GPS des 4x4
On a donc réfléchit un peu, et on a trouvé comment contourner cette contrainte, y'avait pas le choix pour s'évader un peu : soudoyer l'installateur de puce GPS du taff pour qu'il la désactive quand on voulait dans le systeme (quelques dollars en moins et hop le tour était joué )
A partir de là, on a pu être un peu plus libre et partir à l'aventure du grand sud :
Le spot le plus connu est donc le fameux point break en gauche photographié plus haut : Cabo Ledo
C'est à 2 heures de route plein sud de la capitale, il faut passer plusieurs checkpoints de police, et faire encore 10min de piste pour y arriver.
un paradis pour longboarder ... gauche très longue, que je n'ai vu qu'une seule fois à 1m50 (et à cette taille c'est une tuerie)
quelques photos du spot:
panorama
Local angolais (il y en avait peu)
Quand je vous dis que ça déroule sans fin ...
on a aussi essayé de surfer quelques beachbreaks au sud de Luanda, mais à chaque check ça n'a jamais marché comme il fallait :
Ensuite, poussés par notre nouvelle liberté, nous avons été encore plus au sud car un point nous attirait tous : Sao Bras
c'est sur ce point que j'ai surfé les meilleurs sessions, c'est de la roche ensablée, ça prenait plus la houle que Cabo Ledo, mais il fallait pousser 3 heures de route, et au moins 30 minutes de piste (qui pouvait se transformer en 2h de galère dans la terre rouge africaine après la pluie)
Liberté ultime, remonter la côte par la plage en 4x4 pour trouver les vagues
il faut longer la pointe dans les blocs pour aller se mettre à l'eau en face du pic
campement pour la journée sur Sao Bras
Maintenant, quand on ne surfait pas, on a aussi profité pour visiter l'intérieur du pays, la savane, la faune locale, d'autres plages ... photos en vrac :
Savane
Cap au sud par la piste
Terre rouge et érosion
La lagune au sud de Luanda
l'intérieur
Baobab
Et sinon, j'ai jamais autant mangé de langoustes ... au moins 3 fois par semaine (et pas des petites!)
Maintenant, pour le bilan : c'était une expérience très enrichissante, hallucinante et aussi très triste parfois ... j'y ai aussi gardé plein d'amis et je serais content d'y retourner en vacances ... bien que ce ne soit pas une destination typique touristique.
Une chose est sûre, je voie aussi la vie différemment maintenant par moment ... et c'est ça qui fait la richesse du voyage