Ce dont je me souviens, c'est qu'à l'époque où j'écris ces lignes, mon meilleur pote vient d'avoir un enfant.
Aucun rapport avec le surf me direz-vous? Ceux qui ont fauté le savent pourtant, depuis il prend du poids, m'envoie 5 photos identiques de son nabot tous les jours et ne surfe plus. Donc quand son frangin et moi sommes parvenus à le motiver pour aller tremper son gros derrière, je ne vous cache pas que la pression était grande: Session foireuse = On ne le revoit plus à l'eau avant le bac du second. Heureusement, Raoul semble avoir lâché une grosse caisse au large, et nous sommes sous le vent. Je m'arme donc de mon Sliperman rituel, gage de vagues parfaites, et en voiture René! Les frangins sont remontés comme des balles, je commence à m'inquiéter (ils pèsent quasiment 200 kils à eux deux)
Rafi passe chopper Seb, puis tous les deux passent me prendre en chantant des trucs étranges. Dans le Rafic© règne un bon air d'Australie, de Maroc, de pays basque, d'Espagne et de Sud'Af, souvenirs de trips passés, histoires de chasse, préludes aux trips futurs...
D'ailleurs cela tombe bien puisqu'aujourd'hui Raoul nous conduit en Afrique du Sud. Le Sliperman, fidèle à lui-même, nous gratifie de longues droites euh gauches euh je ne sais plus, mais en tous cas toutes vont dans le même sens, déroulent sur environ 300m sous coup férir, connectant allègrement les 3 pics historiques, aidées en cela par un délicat vent offshore à peine ressenti au niveau du sol mais suffisant pour projeter d'augustes embruns au-dessus des 2m-2m50 perfects sur lesquels s'éclatent quelques privilégiés, tout en nous irisant les nasaux d'un fin parfum boisé en provenance directe de la forêt touteuh procheuh.
Vue d'ensemble, en ré mineur (ça va d'une flèche à l'autre):
Détail (exhibit A), les 100 derniers mètres, où il reste un bon OH bien tassé:
Détail^2 (exhibit B):
Les frangins, qui pourtant ont déjà essoré J-Bay pendant 3 longues semaines il y a quelques années, la ramènent nettement moins au moment de se mettre à l'eau... Quand le coeur faillit les langues se délient: "J'ai peur là en fait"... "Moi aussi mais bon..." Il fait 0°C dans l'air et leurs testicules tentent désespérément, via un canal inguinal aussi atrophié que leur virilité, de rejoindre leurs rates respectives.
Le salut viendra du chauve qui, à l'aide de moult remarques franchement machistes remettant en cause, en vrac, leur orientation sexuelle, la taille de leur verge et le poids (voire le nombre) de leurs testicules, parviendra à les pousser au derche. Alors, mon maître à penser, mon shidoshi, mon Monsieur Miyagi à moi, l'homme qui me jeta dans un(e mousse à l'extérieur d'un) Margaret River overhead il y a quelques années pour déflorer ma virginité glidique incrédule, se jeta à l'eau et profita fourbeusement d'une accalmie pour se faufiler (de justesse) pendant que son frangin et moi ramassions dans les grandes largeurs 20m derrière...
Mais Raoul sait récompenser ses apôtres, et le rameur impétueux paya sa couvade et s'épuisa si tôt la barre passée. Heureusement la fatigue ne touche (pas encore) ses grands yeux bleus, et il pu me voir le rattraper, le dépasser, lui faire un doigt puis rejoindre le 2e pic où, sous les encouragements engagés de plusieurs potes retrouvés là, je pris ma première... La bombe de la (ma) session, "un bon 2m" diront les témoins, "un drop de fou" dira Newton ("tout est relatif" lui retorquera Einstein quelques années plus tard), "t'avais le tube juste derrière" dira... Monsieur Miyagi, qui me salua d'un viril salut militaire au sortir du bouillon qui s'en suivi, car faut-il le préciser, la lèvre et non le tube n'était pas derrière moi mais bien en plein sur ma gueule.
Moment d'éternité
Accélération
Graal en vue
Plus de son plus d'image
Au final, Monsieur Miyagi paya cher son oisiveté, et si il vit dérouler sous ses yeux moult perfections sans jamais de fermeture, il ne partit sur aucune, car comme le veut l'adage, pas de bras, pas de chocolat. Son frangin n'en topa pas plus, car soyons francs (et il ne lit pas ces lignes), c'était bien trop gras pour lui. Nous voilà donc rendus, les extrémités bleuies par le froid mais le coeur rempli moi par mes quelques bombes thermonucléaires, eux par le bonheur de voir "le petit" un peu moins petit, au soir de ce grand jour, qui vit Jeffrey's Bay s'inviter sous nos dérives pour quelques heures, ravivant les souvenirs de trips passés et faisant naître les projets de trips futurs, que j'espère nombreux, en si bonne compagnie.
Je vous aime les mecs, et ça fait 16 ans que ça dure!
Je tiens à m'excuser auprès des taupes pour ceci:
Et auprès de mes amis, de mes voisins et du département des eaux usées de ma commune pour ceci: