Ni une ni deux, l'occasion est trop belle pour partir hors vacances scolaire (le petit peut sécher la crèche, les taties sont plutôt cools). Ce sera la semaine avant noel.
Le cahier des charges est assez simple plus ou moins compliqué : temps clément, pas trop loin, pas trop cher, ou l'on peut faire du tourisme familial et ou ça surf.
Après moultes réflexions, consultation d'avis d'experts du forum, ce sera Tenerife, une des iles des Canaries les moins réputées (médiatisées) pour le surf. Le vol est direct depuis Orly, contrairement à ses voisines Fuerteventura ou Lanzarotes, vers lesquelles je me dirigeai initialement.
Billets d'avion pris, voiture et logement réservés, c'est parti !
Remarque : le vol se faisant via Iberia qui prend 300 euros aller / retour pour un boardbag, je décide de louer sur place (de toutes façons, ma 5'7 * 20'' * 2'' 1/2 ne devrait pas être l'idéal...).
Samedi 15 décembre :
arrivée à 15h à l'aéroport sud, il fait chaud, le jean est en trop. Nous récupérons la voiture et montons vers notre lieu de campement au Nord de l'île, au dessus (en altitude, géographiquement au sud) de Puerto de la Cruz.
Je file chez le loueur qui ferme à 18h, et il me propose deux short board insurfables pour moi. Je choisirai celui qui me paraît le moins radical, dont les cotes sont tout de même 6'1'' * 18'' 1/8 * 2'' 1/8 !
Paye ta planche à tubes ! De toutes manières, j'ai pas le choix et ils annoncent une grosse houle, alors...
Dimanche 16 décembre :
La houle est là : les préviz annoncent 10 pieds et 17 secondes de périodes, plein nord. C'est violent ! Des monstres déboulent sur la côte, ça pète au large, la puissance est impressionnante.
Par curiosité, nous irons voir sur la pointe nord est de l'île, la ou il semble que cela tienne le plus la taille. Des murs de 4 à 5 mètres déboulent, certains déroulant proprement, certaines section tubant.
Personne n'est à l'eau, bien que je pense que certains chargeurs auraient pu essayer de s'y frotter. Le problème majeur, à mon avis, est d'entrer et sortir de l'eau, y'a des rochers partout.
Et vlan !
Vue de l'autre coté de la baie :
Hum, elles sont costeaudes vos digues ?
Lundi 17 décembre :
La houle est toujours bien présente, mais à la baisse. Cela reste bien trop gros pour la côte nord, mais comme j'ai envie de me mettre à l'eau, nous en profitons pour aller sur la cote ouest.
Le trajet est magnifique avec toujours cette houle qui vient s'ecraser sur les rochers.
Sur la route :
En arrivant du coté de Los Gigantes, les vagues ont l'air de taille plus abordables, et surtout beaucoup plus jolies :
Plusieurs pics se suivent, le long de la cote rocheuse. Des biscottes sont à l'eau, presque pas de surfeurs.
Ca creuse, ça a l'air puissant, et y'a des cailloux partout.
Je pousse jusqu'au pic le plus au sud, sur lequel un surfeur se fait méthodiquement démonter à chaque take off. Ca a l'air propre, 1m50, creux, une épaule jolie, et ça déroule plusieurs secondes avant de devoir sortir : je me decide à aller le rejoindre.
Je demande à 2 biscotteurs locaux sur le parking par ou on rentre et sort, j'enfile ma combi et j'y vais... doucement en fait, car les rochers coupent à mort ou glissent comme pas possible (un coup des locaux, certainement).
La mise à l'eau avec ma planche à tubes :
J'arrive au pic sans faire un canard, la vague est proche du bord. J'ai l'impression de ramer sur un tasseau, aucune stabilité, aucune flottaison, j'avance pas. Je vois les vagues passer, et en fait je révise à la hausse mon estimation, il y a facilement deux mètres à la série, et ça creuse grave. Le bruit que fait la lèvre en tombant me fait un peu réfléchir.
J'attends pas, la deuxième série qui arrive, je me lance.
Solidaire du mec déjà l'eau, je me fais tarter méchamment. Comme je l'imaginais, j'ai pas pris assez de vitesse à la rame et la levre m'a projeté. Je me fais brasser plusieurs secondes, heureusement l'eau est clair et j'ai pu voir la surface pour être sûr de me mettre à nager vers le haut.
Avec cette période, la houle est étonnamment puissante !
Vaillant, je retourne au pic :
(Vous remarquerez la flotaison de la board,et je ne suis pas un poids lourd).
Ce petit manège se reproduira trois fois, puis je me décide à sortir, je n'arriverais pas à shooter, c'est trop creux et puissant pour moi.
Et là, je comprend ce que les locaux entendent par "pour sortir, il faut ramer un peu à contre courant pour entrer dans la petite passe par laquelle tu te mets à l'eau". 15 bonnes minutes à faire du surplace avec à ma gauche les séries qui déboulent et à ma droite les rochers acérés qui me tendent les bras. Et cette putain de passe à une dizaine de mètres devant !
Je sors rincé. Dans l'après midi, en me baissant, mes sinus se sont vidés d'un coup d'un volume non négligeable de flotte, accumulée lors de mes essorages successifs !
La vague que j'ai surfé qui m'a démonté :
Je pense en revanche qu'elle n'est pas inaccessible pour un surfer d'un bon niveau avec un minimum d'engagement.
Le pic un peu plus au sud,qui donne une idée de la puissance de la houle :
Nous repartons par le sud de l'ile,vers la zone la plus touristique et la plus réputé pour le surf. Les plages sont de sable et le climat meilleurs que dans le nord. En revanche, c'est ultra urbanisé, y'a plein de monde, tout est bétonné. Cela ne présente pas un grand intérêt.
Au niveau surf, un bon 2m50 à la série, qui saturent les différents pics. Entre les séries, quelques vagues ouvrent plutôt bien.
Un peu de monde sur chacun des pics. Les mecs shootent les intermédiaires et se font démonter à chaque série. La puissance est franchement impressionnante.
Je m'arrête dans un des nombreux surf shop et je loue une planche qui me convient mieux, j'irais rendre l'autre le lendemain.
Mardi 18 décembre :
La houle continue de baisser, mais elle est partie de tellement haut que c'est toujours très consistant au nord.
La journée de la veille ayant été longue en voiture (surtout pour Junior), nous passons la matinée sur une plage de sable noir à l'ouest de Puerto de la Cruz. Le spot ressemble à la gironde un jour ou ça sature un peu. Les séries ferment le spot, ça placarde beaucoup, c'est un beau chantier. Personne à l'eau.
Le cadre :
Sandwich au sable :
Après mangé,nous prolongeons vers l'ouest. Ambiance :
Nous arrivons sur un spot plus ou moins renommé. La vague casse assez loin du bord,mais elle n'est pas très jolie. Nous nous promenons le long de la cote et en l'espace de 30 minutes une dizaine de locaux déboulent sur le parking. La marée aidant, la vague se met à fonctionner. 5 ou 6 se mettront à l'eau.
J'observe attentivement et me résigne à ne pas me mettre à l'eau : il faut bien ramer 15 minutes pour arriver au pic, avec un nombre important de canards, et une fois au pic, le positionnement est hyper compliqué. Les séries décalent en permanence, les mecs se les prennent systématiquement sur la tronche et ils shootent les intermédiaires, qui pour le coup, peuvent être très belles, entre 2m et 2m50, qui ouvrent pour la plupart.
Lucide sur ma condition physique et mon incapacité à passer un canard au delà d'1m50 je me contenterai de prendre des photos.
Le pic au large, avec une série qui décale en train d'arriver :
Vue de profil :
Un mec au take off :
Le placement est vraiment chaud,il faut laisser la section passer.
Après, ils s'amusent :
Une série :
En fin d'après midi, nous rentrons à l'appart. Je dépose Madame et Junior et file jeter un oeil à la plage ou nous étions le matin. Avec la marée qui est plus haute, la houle qui continue de baisser doucement, quelques vagues sympas passent. Cela me fait vraiment penser aux beach breack girondins. Un mecs est à l'eau, je le rejoins.
Il y a un bon 2m à la série, qui placarde un peu. Je shooterai quelques vagues, le temps de me faire à ma nouvelle board. Je me ferai surtout bien tarter encore une fois, toujours autant surpris de constater la puissance de cette houle !
Mercredi 19 décembre :
Nous décidons de monter le matin au volcan El Teide. La balade est très sympa, la route est belle et les paysages sublimes.
Nous redescendons déjeuner sur la cote nord est de l'ile. Cette zone est très sauvage, a beaucoup de charme et semble proposer les meilleures vagues de la cote nord.
Nous déjeunons face a une vague qui m'a l'air tout à fait sympathique, dans le fond de la baie de Bajamar.
Un pic droite/gauche, cinq personnes à l'eau, il y a l'air d'avoir de la place pour un en plus. Et surtout, ça a l'air facile !
J'arrive au pic, les cinq à l'eau sont des locaux (dont une fille), qui se connaissent tous.
La fille me renvoie mon ola, un mec me fait très vaguement un signe de la tête, les trois autres évitent ostensiblement mon regard.
Je reste à l'écart un bon quart d'heure, prend les séries qui décalent, me rapproche doucement du pic, puis au bout d'une grosse demi heure, après avoir croisé quelques regards et échangé quelques sourires en remontant au pic, je me retrouve au milieu du groupe et la session se passe bien.
Il faut dire qu'avec mes bras en mousse je suis pas une brute à la rame et je me lance rarement sur la série qui arrive juste au moment ou je viens de remonter au pic. Et ça, ça aide à ne pas se faire d'ennemis au pic.
Madame surveillant Junior qui se découvre une passion pour les piscines extérieurs (qui pullulent dans la région), prendra quelques photos au hasard. Pas de bol, cela ne sera jamais moi !
Sur celle là, peut être ?
Le cadre est sympa :
En se promenant un peu dans ce secteur très escarpé, je trouve des vagues potentiellement intéressantes :
C'est sur, y'a des cailloux, mais bon...
Ailleurs, y'a ça :
Il y a probablement des endroits qui fonctionnent parfois, en fonction de la marrée, mais toujours ces cailloux partout.
Jeudi 20 décembre :
Le matin, nous décidons d'aller visiter le Loro Parque, attraction animalière principale de l'ile. C'est un immense parc avec tous les animaux dedans et des shows "à l'américaine".
Alors, effectivement, les animaux sont en cage, exploités à des fins mercantiles, tout ça, tout ça.
Cela dit, le parc est superbement bien tenu et conçu, et il fallait voir la tête de Junior (même pas 2 ans) devant les spectacles d'otaries, dauphins et orques ! Je n'aurais pas imaginé que cela puisse avoir autant de succès. Il faut dire que c'est super impressionnant et vraiment bien fait.
Les tortues avant d'être d'énormes bestioles :
A l'heure du déjeuner, nous repartons là ou nous étions la veille (c'est bien beau le tourisme, mais à un moment donné, j'aimerai bien me mettre à l'eau).
En arrivant, c'est beau et propre :
J'avale une pizza en speed (qui me restera gentillement sur l'estomac toute ma session) et je fille à l'eau.
Je prend quelques gauches bien fun juste à l'entrée de la baie, là ou se fait la mise à l'eau. Nous ne sommes que 4 à l'eau, dont trois locaux.
Au bout d'une demi heure, un des locaux me dit tout sourire que le pic au fond de la baie se rejoint facilement à la rame et est mieux que celui ou nous sommes. Je le remercie du conseil et fait semblant de ne pas comprendre.
Un quart d'heure plus tard, d'autres locaux arrivent sur notre pic (il faut dire qu'avec la marée qui monte, cela fonctionne de mieux en mieux) et le même mec me dit toujours avec un grand sourire qu'il faudrait que j'aille sur le pic plus loin parce que c'est mieux ("un pic droite gauche qui déroule bien"). Pas téméraire et pas complètement idiot, je le remercie à nouveau puis rame vers ce fameux pic (5 bonnes minutes de rame, quand même).
Nous sommes une petite dizaine, et effectivement c'est sympa. Les droites sont longues avec de bonnes sections.
La vague où j'étais la veille, qui semble fonctionner un peu mieux, mais surtout uniquement en gauche :
La vague du fond de la baie que j'ai surfé :
Au large, au niveau de la pointe qui concentre la houle, les séries prennent en taille, et on les voit péter de manière assez impressionnante :
Je priai intérieurement pour qu'une série ne décalent pas, rentrant dans la baie :
Certains d'entre vous serai aller les shooter, moi je me planque !
Autours de la pointe, d'autres vagues fonctionnent (on va pas chipoter pour un ou deux rochers sur la trajectoire)
La houle, même en baisse, est toujours bien présente :
Nota : en sortant, je repasse devant la gauche sur laquelle j'ai commencé ma session, et je constate qu'à marée haute, elle est beaucoup plus creuse que lorsque j'y était, et est trustée par les locaux qui déchirent. Bref, de toutes façons, d'une façon ou d'une autre, je n'aurais pas pu la surfer très longtemps...
Vendredi 21 décembre :
Nous allons visiter l’extrême nord est de l'île. Pour faire court, les paysages sont très beaux et sauvages, mais contrairement à ce que j'avais espéré, cela ne surfe pas (ou mal, en tout cas, quand j'y était).
Il y avait bien des biscottes et un ou deux surfeurs à l'eau, mais qui prenaient des bouts de vagues fermantes entre des rochers.
Ce sera donc tourisme :
Il règne une atmosphère de bout du monde :
Les plages de sable noir, c'est marrant :
Samedi 22 décembre :
Jour du retour !
Nous rendons la location et redescendons vers le sud.
Comme il faut que je rende ma board, nous revoila dans la station balnéaire de l'ile. La houle est jolie, 1m à 1m50 aux séries, vent side off établi, la chine à l'eau, sauf sur le meilleurs pic, sur lequel il y a une compétition locale (tant pis pour les autres !).
Les parkings sont blindés de camions de surfeurs, qui regardent la mer, les surfshops débitent des locations à la pelle et les surfschool verrouillent les mousses du bord. C'est impressionnant ! Ca grouille de mecs et de filles avec des surfs sous le bras.
Je me tate quelques minutes avant de me dire que faire le retour avec la combard mouillée dans la valise ne vaut pas le coup d'aller batailler trois quart d'heure dans cette jungle. Je rendrai donc ma planche pour aller tranquillement à l'aéroport sans se brusquer.
Les "roots surfeurs" (c'est ça qui est bien avec un camion, c'est qu'on peut se poser dans des endroits sympas) :
Le pic propre, sur lequel la compète avait lieu :
Pour terminer, quelques photos de Puerto de la Cruz :
En définitive, cela aura été un trip familial très sympa, j'aurai pas surfé énormément mais je pense qu'il aurai pas fallu grand chose pour que je surfe moins : le vent a été quasiment nul toute la semaine, ce qui semble être rare pour la région.
Pour les enfants, chaque petit village a au moins une aire de jeux, toutes super bien entretenues.
L'atmosphère, surtout à cette période "creuse", est franchement agréable et les gents sont globalement adorables.
Voila pour ma contribution ! Merci de m'avoir lu.
tu vas pas t'en sortir comme ça 
