Lorsque David Charbonnel (Swop) m’a parlé de son désir d’aller visiter la Namibie je vous avoue que j’ai du aller voir sur une carte où diable pouvait se trouver ce pays dont le nom me disait certes quelque chose, que je situais vaguement quelque part en Afrique mais dont je ne connaissais à vrai dire pas grand-chose pour ne pas dire rien. A son retour j’ai découvert sur son blog des images colorées, de grands espaces et des sourires. Depuis et même si son voyage ne ciblait pas principalement le surf je le « harcèle » afin qu’il vienne raconter sur le forum son aventure. Son emploi du temps étant très chargé mais voulant partager son expérience d’une destination peu commune, il m’a confié la mise en ligne de ce report où je me permets en guise d’introduction une présentation rapide et succincte de la Namibie. Le texte principal est quant à lui de Fredo qui laisse pour un temps son pinceau et les décorations de planches pour la plume.
La République de Namibie n’est pas à proprement parlé une destination surfique très prisée. C’est le moins qu’on puisse dire. Avec plus de 1000km de côte sur l’Atlantique sud on pourrait penser que ce pays regorge de vagues découvertes et identifiées. Pourtant sur un site comme wannasurf seuls 29 spots sont recensés à ce jour. Ces derniers pour la plupart destinés aux surfers expérimentés sont, il faut bien le dire, que très sommairement documentés. Si vous voulez approfondir le sujet, un rapide tour sur la toile Internet ne vous renseignera que très peu sur ses ressources surfiques et mettra en avant le fait que rares, par rapport à la population mondiale de surfers, sont ceux qui s’y aventurent. La plupart de ces derniers sont plutôt des free-riders ou des pros partis vers cette destination avec pour but certes un dépaysement total mais aussi avec en tête un reportage photo destiné à quelques magazines spécialisés. Toutefois et pour la petite histoire, dans vos recherches sur la toile, vous risquerez de tomber sur la peu banale aventure de ces deux surfers qui en 2008 ont été attaqués par un phoque sur le spot de Cape Cross au Nord de Swakopmund. (Voir les détails ici)
Ceci étant dit, cette méconnaissance de la Namibie s’explique peut être par le fait qu’il est l’un des pays les plus arides du monde et donc un endroit ne répondant pas aux normes du tourisme actuelle. Ce qui en toute logique ne facilite pas son accès. Pourtant cette ancienne colonie Allemande annexée par la suite par l’Afrique du Sud pour voir enfin son indépendance en 1990 semble développer peu à peu et de manière intensive un tourisme bien particulier et bien ciblé: la chasse, je cite « en terre sauvage ». (Inutile d’aller plus loin dans les explications, vous aurez compris que ce genre de pratiques s’adresse avant tout à une population occidentale, fortunée et en mal d’aventures « exotiques »)... Cependant la principale ressource du pays provient de son sous-sol et de ses nombreuses mines d'uranium, de cuivre, d'argent ou de diamants (40% du Produit Intérieur Brut pour ces derniers). Enfin et pour conclure cette présentation sommaire, il est a noté que ce pays est l’un des moins peuplés du monde (environ 2,2 millions d'habitants pour 842 000 km² /chiffre de 2007).
Je m'efface donc pour laisser place au report...
La côté namibienne est bordée par le désert du Namib du Nord au sud. C’est une succession de beach breaks et point breaks sur plus de 1250 km. Autant dire qu'il y a des vagues!La côte s’étire de la frontière de l’Angola à celle de l’Afrique du Sud sans que l’on puisse la longer réellement. En effet, certaines zones sont inaccessibles car interdites (ce sont, soit des réserves intégrales, soit des zones diamantifères) et il n’y a même pas de pistes pour accéder à l’océan. Deux régions sont intéressantes pour le surf, celle de Swakpomund et celle de Luzteritz. Dans tous les cas, il vaut mieux se déplacer en 4X4, même si la location d’un véhicule plus léger reste envisageable dans ces parties-là de la namibie accessibles par route goudronnées. Dès que l’on s’éloigne de ces petites villes, c’est de la piste dammée, voir du sable mou...
The skeleton coast, la côte des squelettes, est parsemée de nombreuses épaves de navires qui se sont échouées sur cette côte hostile aux brouillards parfois très denses. En 1933, lorsque le pilote suisse Carl Nauer disparu avec son avion, un journaliste local suggèra que ses ossements seraient peut-être retrouvés un jour sur “la côte des squelettes”... le nom légendaire était né...
C'est une côte très aride, sillonnée par des hyènes, des renards et parfois même par des lions qui, lors des grandes sécheresses, s’aventurent sur la plage pour manger les dépouilles d’otaries. C’est le seul désert au monde où se côtoient des espèces aussi différentes que les girafes, les rhinocéros noirs, les éléphants où les lions. Les dunes qui bordent la côte peuvent rentrer dans les terres sur plus de 100 kilomètres! On n'y croise âme qui vive pendant des heures et des heures. Autant dire qu'il ne faut pas tomber en panne ou s'ensabler! Le spectacle est quasi lunaire. Sables, affleurements rocheux façonnent le paysage en grandes étendues vierges et seul le lichen arrive à pousser çà et là grâce aux brumes marines. L’unique piste qui longe une petite partie la côte se dissous dans les brumes de chaleur en d'étranges mirages.Wild is wild...
D’une manière générale, les spots sont des point breaks avec des reefs rocheux qui génèrent parfois des vagues très longues et de qualité exceptionnelle. L’eau reste froide toute l’année, en effet le large courant de Bengela longe la Namibie du sud au nord, tout droit venu de l’Antartique. Riche en oxygène, chargé en phytoplancton et zooplancton, il apporte avec lui une richesse poissonneuse qui contraste avec l’apparente stérilité du désert. Ce courant froid remonte en surface par un phénomène appelé upwelling et permet de nourrir, otaries, cormorans, fous et autres habitants de la côte. Comme en Afrique du Sud, les requins sont présents, la pêche au gros, sport national, le confirme. Aucune attaque n’a pourtant jamais été recensée sur un surfer. Peut-être d’une part parce qu’il y a relativement peu de surfers, et que, d’autre part, avec des eaux poissonneuses et de très nombreuses otaries (notamment la plus grande colonie du monde à Cape Cross), la nourriture ne manque pas pour les requins. La température très basse de l’eau nécessite de s’équiper d’une combinaison intégrale.
Fredo.
Il aurait été impossible de parler de la Namibie sans revenir sur cette fameuse gauche de Cory Lopez filmée presque par hasard à "the new Cape St. Francis" (surnommée ainsi en hommage à la fameuse gauche de J.B). Venu un mois plus tôt sur ce même spot, il s'était promis de revenir exploiter cette gauche magique. En tournage pour un film de la marque Lost il part sur sa première vague de la session et là ....:
version longue:
Petit Bonus pour continuer la magie extraite du blog The Africa Project
Un énorme merci à David et à Fredo... Ce report et toutes ses couleurs feront date dans l'histoire du forum