Interview - Surfpark Canéjan

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Interview - Surfpark Canéjan

Messagepar zitoune » Sam Nov 08, 2025 10:57

Le sujet des piscines est un sujet qui ne manque pas de faire parler à tout point de vue : rêve ou réalité ?
Le sujet a été lancé sur surfrepotes en … 2008 avec une question : est ce l’avenir ou la perte de la magie pour le surf ? La première partie de la question, est déjà « vite répondue » : Californie, Abu Dhabi, Texas, Ecosse, Suisse, Pays Basque Espagnol, Australie, etc, on ne compte plus les pays qui ont désormais leur piscine à vague. Et la France dans tout ça ? Pour le moment rien. Bien sur il y a la liste de tous les projets abandonnés en route (Castets, le médoc, Sevran, la Vendée, etc…) mais un projet au moins voit ses premières machines de travaux en action : celui du Surfpark de Canéjan. Au hasard d’un post Insta « Pour ou contre le projet », contact est pris pour échanger avec XXX, qui porte le projet pour en savoir plus.
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Surfrepotes : Salut ! Merci d’avoir accepté cette demande d’échange ! Le sujet a fait beaucoup débat chez nous, mais avant de commencer, pouvez-vous nous présenter qui est derrière Surfpark Canéjan ?
Derrière le projet du Surfpark de Canéjan, il y a quatre associés, quatre amis — même si, à la base, c’est le projet qui nous a réunis et rendus amis.
Dans l’ordre d’arrivée, il y a d’abord Mehdi, qui vit à Los Angeles. C’est un ami que je me suis fait là-bas, lorsque j’y ai vécu trois ans, entre 2017 et 2020, avec ma famille. On surfait souvent ensemble, on partageait pas mal de moments, et une vraie amitié s’est créée. Quand je suis rentré en France, la distance nous a un peu séparés, mais je lui ai parlé de l’idée du Surfpark — et il a tout de suite adhéré. Il a voulu faire partie de l’aventure. Pour moi, c’était une force et une motivation de ne pas me sentir seul dans ce projet. Mehdi est CEO d’une grande entreprise à Los Angeles, il connaît très bien le monde des affaires, des investisseurs, de la gestion de projets — donc sa présence a tout de suite apporté une vraie crédibilité et un cadre professionnel.
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Ensuite est arrivé Nico Padois, la troisième personne de l’équipe avec moi. C’est une rencontre un peu due au hasard : je cherchais quelqu’un de local, ancré dans la région bordelaise, qui connaisse le monde du surf, ses acteurs, ses codes, et qui puisse amener de la légitimité auprès de la communauté. On nous a mis en contact, et dès la première rencontre, ça a été une évidence. Nico avait déjà réfléchi à des projets similaires autour de Bordeaux et du Bassin d’Arcachon. C’est un professionnel du surf avec une expérience immense : compétiteur (titres de champion de France, d’Europe, du monde), coach reconnu, fondateur d’une des plus grosses écoles de surf françaises, très actif dans la formation des jeunes et la transmission de la culture surf. Au-delà de ça, c’est un mec passionné, humainement top, et notre entente a été immédiate.
Puis il y a Eneko, qui nous a rejoints un peu plus tard, au bout d’un an, un an et demi, une fois qu’on avait fait le tour des différentes technologies. On a fini par retenir WaveGarden, qui nous paraissait la plus aboutie, la plus fiable, et la plus proche géographiquement (au Pays basque espagnol, à deux heures et demie de route). Eneko y travaillait comme chef de projet, c’était l’un des rares à parler français. Il est rapidement devenu notre interlocuteur privilégié, puis, au fil des échanges, un membre à part entière de l’équipe.
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Enfin, il y a une cinquième personne essentielle, même si elle n’est pas officiellement associée : mon père, Philippe Algayon. C’est lui qui m’a permis de croire en ce rêve. Il a une grosse expérience dans l’immobilier, possédait des terrains disponibles, et a pu soutenir les premières étapes du projet : financement des études, plans d’architectes, contacts avec les communes… Son réseau et sa crédibilité ont été précieux pour présenter le projet aux bonnes personnes dès le départ. Il a fallu que je sois convaincant — ça a pris six mois, un an — mais aujourd’hui, il est totalement convaincu du sérieux et du potentiel du projet. Et ça, c’est une vraie fierté.
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Surfrepotes : Vous êtes quels types de surfeurs ? (longboard, shortboard, voyageur, proche de la côte)
Alors, Eneko, lui, c’est clairement un shortboarder. Il a un très gros niveau, il est à l’aise dans toutes les conditions — que ce soit les vagues tubulaires des Landes, les point breaks du Pays basque ou les vagues parfaites de Bali. C’est un surfeur qui a commencé tout petit, un vrai free surfeur, fluide, engagé, qui fait rêver quand tu regardes ses vidéos.
Mehdi, lui aussi est shortboard, même si j’essaie toujours de le convaincre de passer un peu plus de temps sur de grandes planches pour travailler sa glisse (rires). C’est un bon surfeur, surtout quand on sait qu’il a commencé assez tard, après la trentaine — ce qui n’est pas évident. Il surfe moins qu’il ne voudrait, parce qu’il a un travail très prenant et une vie de famille bien remplie, mais il essaie de se caler au moins une session par semaine. Il vit à Los Angeles, pas loin de Malibu, donc il a quand même accès à des spots magnifiques. Et on a déjà fait ensemble quelques surf trips — aux Maldives et en Indonésie notamment.
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Moi, je me définirais comme un surfeur intermédiaire-avancé, toujours dans une démarche de progression. Je surfe principalement des shortboards, des twin fins, des fish, mais j’aime aussi beaucoup les midlengths et les planches plus longues, autour de 8 pieds. J’adore varier les sensations, changer de planche selon les conditions. Je surfe autant en Gironde que lors de surf trips : Portugal, Maroc, îles, Mexique, Maldives, Indonésie, et même un peu en Australie.
Et enfin, Nico, lui, c’est un bodyboarder professionnel. Il a eu un parcours impressionnant : champion de France, champion d’Europe, compétiteur international. C’est un athlète de haut niveau, mais aussi un coach exceptionnel. Il forme la nouvelle génération et obtient des résultats incroyables — comme récemment un titre de champion du monde junior avec Louka Zaninotto au Fronton, aux Canaries. On est vraiment dans le très haut niveau de sa discipline.
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Surfrepotes : Un trip ou une session mémorable à nous raconter ?
C’est sûr qu’il y en a beaucoup… Mais si je devais en choisir une, je prendrais une session qui a vraiment marqué un tournant dans mon apprentissage du surf.
C’était au tout début, quand je commençais à peine. Je venais de m’acheter une planche de 8 pieds à Los Angeles. Je surfais seulement le beach break juste devant chez moi, sans trop oser aller explorer d’autres spots ou d’autres types de vagues. Et puis un soir, je rencontre un Hawaïen lors d’une soirée à L.A. Il me dit : “Demain matin, 6h, à Malibu, à County Line.” Un spot mythique, en plus — c’est là qu’a été tournée une partie du film Point Break avec Keanu Reeves.
Je me dis “ok, allons-y !” Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, mais un pote m’avait dit : “Tu vas voir, il faut absolument que tu surfes avec lui, c’est un mec génial.” Alors je me motive, je me lève à 4h30, je fais une heure de route, j’arrive à 6h moins cinq, pile à l’heure. Je lui envoie un message : “Salut, je suis là, tu arrives ?” Et là, il me répond : “Ah désolé mec, finalement je suis parti dans le sud, à San Clemente, pour surfer seul.”
Sur le moment, j’étais choqué — je me suis dit : “C’est quoi cette histoire ?!” J’étais à deux doigts de rentrer chez moi. Il faisait encore nuit, je ne connaissais pas le spot, j’étais un peu perdu. Et puis j’ai commencé à voir quelques surfeurs descendre, se mettre à l’eau. Alors je me suis dit : allez, j’y vais.
Et là, pour la première fois, j’ai pris des vagues qui déroulaient sur plusieurs dizaines de mètres, parfois près de 100 mètres. Cette session m’a marqué à vie. Elle a déclenché chez moi cette envie de partir explorer des nouvelles vagues, de chercher les meilleurs spots selon les conditions, d’apprendre, de progresser. C’est vraiment cette session-là qui a allumé la flamme — celle qui ne m’a plus jamais quitté.
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Surfrepotes : Comment on passe de « j’aime le surf » à « je vais monter un projet de piscine à vagues » ? Les enjeux changent d’échelle ? C’est devenu un job à plein temps déjà pour vous ?
En fait, tout est parti de mon séjour à Los Angeles, où j’ai vécu pendant trois ans avec ma famille. C’est là que je me suis vraiment mis à fond au surf, au point d’en faire presque tous les jours. Je ne suis pas devenu un surfeur exceptionnel, mais disons un surfeur régulier, capable d’affronter tout type de vagues, sans appréhension, avec confiance. Le surf faisait partie de mon équilibre quotidien : du sport, du contact avec la nature, de la détente mentale, et surtout cette passion de la glisse, des planches, des spots, des houles qui arrivent du large… tout cet univers.
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Quand on est rentrés en France, à Bordeaux, j’ai vite réalisé que les conditions allaient être très différentes : des vagues plus rares, plus difficiles d’accès, une côte plus exigeante. Et cette frustration de ne plus pouvoir surfer régulièrement s’est vite installée. En parallèle, je voyais de plus en plus de projets de piscines à vagues à l’étranger — et je me suis mis à me renseigner. Au départ, ma réflexion, c’était simplement : “Ce serait super qu’il y ait un surf park pas loin de Bordeaux, pour pouvoir surfer plus souvent.”
Je voyais qu’il y avait déjà des tentatives, notamment le projet de Castets dans les Landes, qui semblait le plus avancé à l’époque, mais aussi d’autres. Et puis, très vite, je me suis dit : “Et pourquoi pas Bordeaux ?” C’était logique : grosse métropole, communauté de surfeurs importante, un vrai besoin. Donc j’ai commencé à creuser l’idée, à contacter des gens, à parler avec des amis, à échanger avec les créateurs de technologies de vagues artificielles.
C’était pendant le Covid, j’avais un peu de temps pour réfléchir à tout ça, et c’est devenu progressivement un vrai projet. Mais il faut être patient : il a fallu deux à trois ans avant de vraiment sentir que ça devenait concret, qu’on passait d’une idée à quelque chose de réalisable.
Aujourd’hui, ce n’est pas un job à plein temps, parce que j’ai déjà une activité principale — je suis musicien, et avec ma femme on gère aussi un studio de résidence artistique. Mais le surf park est très chronophage. Il y a des périodes où j’y consacre plusieurs heures par jour, presque comme un vrai travail, et d’autres où on est en attente d’une étape administrative ou technique. C’est donc un rythme un peu en dents de scie.
L’avantage, c’est que nous quatre, les fondateurs, avons tous nos vies et nos métiers à côté. On n’est pas dépendants financièrement du projet ni de sa vitesse d’avancement. Ça nous permet de le construire sereinement, avec passion. Certains bricolent des cabanes dans les bois sur leur temps libre — nous, on construit un surf park (rires).
Et je crois que c’est aussi ce qui nous fait tenir : on a notre quotidien, nos projets artistiques et familiaux, et à côté, ce grand projet qui avance doucement mais sûrement, avec l’idée qu’un jour il changera complètement nos vies.

Surfrepotes : Est-ce qu’en 2025 on finance facilement ce type de projet ? Comment ça se fait que vous ayez choisi Canéjan ? Le projet en est où concrètement aujourd’hui ?
Alors non, ce n’est pas un projet qui se finance facilement, surtout en France, parce que c’est un projet très atypique, quasiment unique dans le pays. Il y a beaucoup d’intérêt, beaucoup de gens curieux ou enthousiastes à l’idée d’en faire partie, mais le financement d’un surf park demande de franchir une série d’étapes successives, et à chaque étape, il faut prouver que la suivante est solide pour déclencher la confiance des investisseurs.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce type de projet reste nouveau pour les institutions financières françaises. À l’étranger — aux États-Unis, en Australie, en Espagne — les surf parks sont déjà implantés, donc les banques ont des références. En France, il faut encore expliquer, convaincre, prouver que c’est viable.
Il y a aussi eu une médiatisation importante, souvent à sens unique, avec des articles plutôt négatifs qui donnaient beaucoup la parole aux opposants. Et même si, sur le fond, nous savons que le projet est parfaitement légal, respectueux de la réglementation et des enjeux environnementaux, le simple fait qu’il y ait eu un recours administratif fait peur à certains investisseurs qui ne connaissent pas le dossier. Ils voient une “zone de risque” supplémentaire, même si elle est en réalité très limitée.
Le vrai enjeu, c’est donc de convaincre que le surf park a une place économique légitime : que c’est un projet capable d’être rentable, comme un parc d’attraction, un centre sportif ou un complexe de loisirs. C’est tout un travail de pédagogie auprès des banques et des partenaires financiers.
Concernant le choix de Canéjan, il s’est imposé assez naturellement. Avec mon père, on avait la chance d’avoir un terrain disponible sur cette zone. On avait identifié trois sites possibles, mais Canéjan cochait toutes les cases : proximité immédiate de Bordeaux, de l’aéroport, de la gare, et accès direct à l’autoroute qui mène vers les plages des Landes, de la Gironde et du Pays basque. C’est un emplacement central et logique : si on l’avait implanté du côté de Floirac ou de Libourne, on aurait déjà ajouté une demi-heure de trajet à tous les surfeurs venant de la côte — ce qui n’aurait pas eu de sens.
Aujourd’hui, le projet est aux portes de la construction. On finalise les contrats avec les entreprises, et on espère boucler prochainement la procédure administrative pour pouvoir démarrer les travaux. C’est long, car chaque étape peut prendre plusieurs mois, mais on avance à un bon rythme, avec des progrès constants chaque mois, et on est très confiants pour la suite.

Surfrepotes : Quel est le surf park qui vous inspire ? Êtes-vous allés tester les différentes piscines à vagues ?
Oui, j’ai eu la chance d’aller tester trois surf parks : celui de Suisse, celui de Bristol, et celui du siège de WaveGarden en Espagne. Ce sont tous les trois des sites équipés de la technologie WaveGarden, donc le même système que celui que nous avons choisi pour Canéjan.
https://www.youtube.com/watch?v=G9QRtvxn1cs


Parmi eux, mon préféré, c’est sans surprise celui d’Espagne, mais c’est un site prototype, pas ouvert au public — donc c’est une expérience un peu différente. En revanche, parmi ceux accessibles à tous, j’ai eu un vrai coup de cœur pour celui de Bristol. Il y a là-bas une ambiance très surf camp, très conviviale et familiale. On peut dormir sur place, il y a un vrai esprit de communauté, une atmosphère simple et positive autour du surf.
Celui de Suisse, à Alaïa Bay, est aussi très bien conçu, mais l’ambiance est un peu plus “froide”, plus minimaliste, moins “camp de vacances”. Disons que c’est plus propre, plus design, mais un peu moins chaleureux dans l’esprit.
Mes associés, eux, en ont testé encore plus : Waco (Texas), Palm Springs, Sydney, Melbourne, voire Munich. On échange beaucoup entre nous sur les différences de sensations, d’organisation, d’accueil, et tout ça nous aide à affiner notre vision.
Le modèle qui nous inspire le plus, c’est celui de Melbourne. C’est un surf park implanté dans une région déjà très surf, avec une vraie culture locale et des spots mondialement connus tout autour. Le projet s’intègre parfaitement dans son environnement et attire à la fois des surfeurs confirmés et des débutants. C’est exactement ce qu’on veut faire à Canéjan : un lieu qui parle à la communauté des surfeurs, qui répond à leurs besoins réels, mais qui ouvre aussi l’accès au surf à un public plus large.
Notre objectif, c’est de créer un lieu fédérateur, centré sur la dimension sportive et humaine, où tous les surfeurs — quel que soit leur niveau — pourront se retrouver, progresser et partager cette passion commune.


Surfrepotes : À Bordeaux, on a beaucoup entendu parler du projet « Wave in the City » qui, à notre connaissance, n’a pas abouti. Vous avez échangé avec eux ? Pourquoi ça n’a pas abouti ?
Je n’ai pas beaucoup d’informations précises sur ce projet, mais de ce que je sais, « Wave in the City » remonte à presque dix ans. À l’époque, on en était vraiment aux tout débuts des technologies de piscines à vagues, donc c’était forcément plus compliqué : il n’existait quasiment aucun surf park opérationnel dans le monde, les technologies étaient encore en phase de développement, les coûts étaient élevés et les modèles économiques pas encore éprouvés.
Ensuite, il me semble qu’il y a aussi eu un problème administratif lié au terrain. Le site initial avait été réservé ou pressenti par la mairie de Bordeaux ou de Bruges, mais après une élection municipale, la nouvelle équipe a changé d’avis, et le projet s’est retrouvé sans terrain disponible. Sans foncier, un projet comme celui-là ne peut évidemment pas avancer.
Donc je crois que c’est ce qui a conduit à son abandon. Mais encore une fois, je n’en ai pas tous les détails — c’est simplement ce que j’en ai compris.
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Surfrepotes : Quel va être le principe de fonctionnement ? Car dans les médias généralistes, on entend souvent des bêtises : « des tubes de 2 m », « 1200 vagues par heure », etc. Mais quand on s’adresse à des surfeurs, ça va fonctionner comment ? Quelle technologie avez-vous retenue ? Pour des surfeurs, quelle sera la taille à comparaison équivalente niveau océan ?
Le fonctionnement d’un surf park, aujourd’hui, est devenu beaucoup plus facile à comprendre qu’il y a quelques années. Avec la multiplication des parcs dans le monde et les images qu’on voit sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens ont maintenant une idée claire de ce que c’est.
Concrètement, les sessions se déroulent par créneaux d’une heure, avec des niveaux adaptés à chaque public : débutant, intermédiaire, confirmé, expert… En fonction du créneau choisi, la taille et la puissance des vagues varient, tout comme leur régularité et leur agressivité.
Pendant une session d’une heure, un surfeur va prendre entre 15 et 20 vagues, selon son niveau et la configuration du moment. L’idée, c’est de pouvoir travailler un aspect précis de son surf : ses virages, ses manœuvres, son placement, voire même le tube pour les plus expérimentés.
Nous avons choisi la technologie WaveGarden, qui est aujourd’hui la plus aboutie en termes de fiabilité, de maintenance, et de qualité de vagues. Contrairement à la technologie de Kelly Slater, qui génère une seule vague à la fois mais très puissante et longue, WaveGarden fonctionne avec un système mécanique linéaire qui crée des vagues régulières des deux côtés du bassin.
Les vagues générées atteignent environ 1,20 m à 1,50 m en équivalent océan, parfois un peu plus selon les réglages. Pour donner une idée, c’est la taille d’une belle vague d’1m50 à la côte : largement de quoi faire des manœuvres, des rollers, voire se caler dans un petit tube.
Concernant les chiffres souvent relayés — “1200 vagues par heure”, par exemple — c’est théoriquement possible, mais dans la pratique, on privilégie toujours la qualité à la quantité. Quand on envoie trop de vagues en continu, le bassin se charge de remous et de courants parasites, ce qui altère la forme et la lisibilité des vagues. Pour garder une vague parfaite, il faut donc laisser quelques secondes entre chaque série, que l’eau se stabilise avant d’en relancer une autre.
Et évidemment, on ne peut pas être 300 surfeurs à l’eau en même temps. Les groupes sont limités à un nombre restreint de participants pour que chacun puisse surfer en toute sécurité et avec un bon rythme.
L’intérêt de cette technologie, c’est qu’elle permet de proposer des vagues adaptées à tous :
Des toutes petites vagues douces pour les enfants ou les débutants, où un moniteur peut accompagner physiquement dans l’eau,
Jusqu’à des vagues puissantes et creuses, avec des sections à tubes ou à airs pour les surfeurs confirmés et les pros.
Donc pour résumer : non, ce ne sont pas des tubes de 2 mètres toutes les 5 secondes (rires), mais bien des vagues de très bonne qualité, de 1m20 à 1m50 en ressenti océan, reproduites de manière régulière et sécurisée, ce qui en fait un outil d’entraînement et de plaisir exceptionnel.


Surfrepotes : Comment la vague est générée concrètement ? Le sol est en textile ou en béton pour les chutes ? Est-il possible de stopper les vagues rapidement en cas de souci ?
Concrètement, chez WaveGarden, la vague est générée par une machine entièrement électrique composée d’une série de modules mécaniques alignés les uns à la suite des autres — environ 50 à 60 modules pour les grands bassins. Chaque module contient un bras motorisé qui pousse l’eau grâce à une pâle mobile. L’ensemble de ces mouvements, parfaitement synchronisés, crée une onde artificielle qui se propage dans le bassin.
Cette onde va ensuite venir déferler à l’endroit où le fond du bassin remonte, un peu comme à l’océan lorsqu’une houle arrive sur un reef ou un banc de sable : la transition entre une zone profonde et une zone moins profonde provoque la levée de la vague, puis sa cassure. Tout cela est piloté par un logiciel de contrôle qui ajuste la puissance, la vitesse et le rythme des modules pour générer différents types de vagues — plus ou moins puissantes, longues, rapides ou creuses.
C’est ce réglage ultra précis qui permet d’obtenir des vagues très réalistes et régulières, avec un comportement proche de celui d’une vague naturelle.
Concernant le sol, plusieurs configurations existent selon les parcs. Certains bassins sont 100 % en béton, d’autres utilisent un mélange béton / liner. Pour Canéjan, on prévoit un fond composé d’environ 20 % de béton et 80 % de liner. Ce choix permet de réduire l’empreinte carbone du chantier (moins de béton à produire et à couler), et le liner a aussi l’avantage d’être plus souple et plus doux en cas de chute ou de contact avec le sol.
Je me souviens par exemple d’une session à Alaïa Bay (Suisse), sur une vague à tubes : j’ai chuté tête la première au début du tube, et j’ai senti la différence entre le liner et le béton… Disons que ce n’est pas le sable, mais ça reste bien plus tolérant qu’une dalle dure.
Et puis, en termes de sécurité, tout est pensé. Il y a toujours un lifeguard qui surveille les surfeurs en permanence. Si quelqu’un tombe et se retrouve mal positionné dans la zone d’impact ou dans la trajectoire d’une autre vague, la machine peut être arrêtée immédiatement.
En pratique, en moins de trois secondes, tout s’arrête : plus de vagues, plus de mouvement, le bassin redevient plat comme une mare. C’est un contraste énorme avec l’océan, où une fois qu’une série arrive, on ne peut pas “arrêter” la mer. Là, en cas de problème, tout est instantanément sous contrôle, ce qui rend la pratique beaucoup plus sûre.

Surfrepotes : Concrètement il y aura combien de bassins de prévu ? Des droites, des gauches ? Combien de surfeurs par session ? De combien de temps ?
Dans notre projet, on a prévu deux bassins totalement indépendants. L’un sera plus grand que l’autre, mais la vague “confirmés/pro” sera la même sur les deux : simplement, l’un sera une droite et l’autre une gauche.
Dans le grand bassin, il y aura en plus une zone qu’on appelle la Bay, où l’on peut positionner 2 à 3 groupes de débutants sur la réforme : une fois que la vague “pro” a cassé, elle se reforme en une vague douce et molle, parfaite pour l’apprentissage. Ça permet d’augmenter la capacité sans dégrader la qualité pour les confirmés.
Côté volumes, on peut imaginer 15 à 20 surfeurs par session sur la vague principale (reef), et 15 à 20 surfeurs par petit groupe dans la Bay. Au total, avec les deux bassins, on peut monter en moyenne à 50–60 surfeurs par heure. Les sessions durent 1 heure.
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Surfrepotes : La question du coût est souvent un sujet fondamental, pour l’équilibre économique, mais aussi pour les surfeurs. Les tarifs proposés sont parfois prohibitifs. Vous savez comment vous allez vous situer pour une session ? Est-ce la session de surf qui va assurer la rentabilité ou vous avez prévu d’autres leviers autour ?
C’est vrai que le coût d’un surf park est un sujet central, à la fois pour la rentabilité du projet et pour l’accessibilité du surf au plus grand nombre. Et il faut être lucide : tout augmente aujourd’hui — le coût des matières premières, de l’énergie, des prestataires, de la construction… Donc forcément, les prix de session évoluent avec cette réalité économique.
Nous, on a prévu des tarifs compris entre 35 € et 80 € la session, selon plusieurs critères :
le type de session (débutant, intermédiaire, expert, pro),
le créneau horaire (heures creuses ou pleines),
et la demande (périodes de forte ou faible affluence).
L’idée, c’est d’avoir une grille souple et équitable. Par exemple, quelqu’un qui surfe régulièrement — une à deux fois par semaine toute l’année — paiera beaucoup moins cher sa session que quelqu’un qui vient ponctuellement, un samedi après-midi en plein été.
On veut aussi développer des formules d’abonnement : des pass mensuels ou annuels qui permettront aux pratiquants réguliers d’avoir des tarifs très compétitifs, et de créer une vraie communauté de surfeurs locaux qui viennent s’entraîner toute l’année.
Ensuite, on va évidemment mettre un accent fort sur la dimension associative et éducative : les clubs, les écoles, les centres de loisirs, le surf scolaire… Tout ça bénéficiera de tarifs préférentiels, bien en dessous du tarif public. C’est essentiel pour nous de garder cette dimension accessible et inclusive, et de ne pas réserver le lieu aux plus fortunés.
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Sur le plan économique, le cœur de la rentabilité reste la session de surf. C’est elle qui doit faire vivre le projet. Mais il y aura aussi des activités complémentaires :
un peu de restauration (snack, café, bar à jus, etc.),
de la vente de matériel et de textile,
et peut-être quelques événements sportifs ou culturels ponctuels.
Mais tout ça reste secondaire. Le vrai enjeu, c’est d’avoir un taux de remplissage élevé grâce à un lieu bien placé, attractif et dynamique, capable de séduire à la fois les surfeurs confirmés, les débutants, les familles, et tous ceux qui veulent découvrir la glisse dans de bonnes conditions.
Et sur ce point, on est très confiants : le positionnement de Canéjan, entre Bordeaux et la côte, est idéal pour capter cette diversité de publics et assurer une fréquentation solide toute l’année.

Surfrepotes : Est-ce qu’il est envisagé des heures creuses, des partenariats avec les écoles ou les centres aérés du coin pour ne pas laisser la pratique aux clubs et aux plus fortunés ?
Oui, complètement. C’est même un point essentiel de notre démarche. Comme je le disais, on travaille déjà avec les clubs de surf de la région, y compris plusieurs clubs emblématiques de la côte atlantique. Il y en a aujourd’hui une vingtaine qui nous soutiennent officiellement, avec qui on échange régulièrement pour imaginer ensemble le fonctionnement du parc.
L’idée, c’est que le surf park ne soit pas un lieu réservé à une élite, mais un outil de développement sportif accessible. On veut qu’il profite autant aux jeunes, aux scolaires, aux clubs, qu’aux surfeurs expérimentés.
On collabore aussi avec la Fédération Française de Surf, qui est partie prenante du projet. Ensemble, on prévoit de développer tout l’aspect “haute performance” et entraînement élite, notamment pour les surfeurs pros et les compétiteurs engagés sur les circuits nationaux, européens ou internationaux.
Mais au-delà du haut niveau, l’objectif, c’est que le surf park serve de centre d’entraînement et de perfectionnement pour tous les surfeurs, de tous âges et de tous horizons :
avec des heures creuses à tarifs réduits,
des partenariats avec les écoles, les centres aérés, les associations locales,
et des créneaux réservés aux clubs pour l’entraînement collectif.
Ce sera donc le premier surf park de France pensé à la fois comme un outil de performance et un lieu d’apprentissage et de partage, ouvert à tous, pas seulement aux plus fortunés.

Surfrepotes : La question de la pertinence de ce type de projet est souvent au cœur du débat. Dans un monde qui doit lutter contre le changement climatique et être sobre en énergie, est-ce qu’on a vraiment besoin des piscines à vagues ? Que répondez-vous là-dessus ?
C’est une question qu’on nous pose souvent, et c’est normal. Beaucoup de gens disent : « Il y a déjà l’océan, pourquoi construire une vague artificielle ? » Et je comprends ce raisonnement. Mais il faut regarder les choses avec honnêteté et recul.
D’abord, on a fait un travail énorme pour réduire au maximum l’impact environnemental du projet. Le surf park s’implante sur une friche industrielle revalorisée, donc on ne bétonne pas un espace naturel ou agricole. Ensuite, on a conçu le projet pour qu’il soit 100 % autonome sur la gestion de l’eau des bassins, grâce à la récupération et au recyclage. Et pour la partie énergétique, on installe des panneaux photovoltaïques afin de réduire au maximum la consommation électrique du site. Autrement dit, on cherche à faire le projet le plus propre et le plus responsable possible pour ce type d’équipement.
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Oui, ça reste une construction artificielle. Mais il faut aussi remettre les choses en perspective : en France, il existe plus de 4 000 piscines municipales et près de 3 millions de piscines privées, dont la plupart ne servent que quelques semaines par an — souvent au bord de la mer d’ailleurs. Et pourtant, personne ne dit à ces gens-là : « Allez vous baigner dans l’océan, pourquoi construire une piscine ? »
Le surf park, c’est un équipement sportif, pensé pour l’entraînement, la progression, la sécurité et l’accessibilité. C’est une infrastructure utile à une communauté entière de surfeurs, pas un simple loisir de luxe.
Je pense que pour certains, ce projet est devenu un symbole : celui d’un monde qui ferait “n’importe quoi” en matière écologique. Mais c’est un symbole mal choisi. Il cristallise des critiques qui ne visent pas le surf park lui-même, mais plutôt une inquiétude générale sur le futur. En réalité, nous, on est totalement sereins sur la légitimité de ce projet.
Il ne s’agit pas de construire 15 surf parks par ville. En France, il y en aura un, peut-être deux à moyen terme. C’est marginal à l’échelle nationale. Et si on veut vraiment parler d’empreinte carbone, il faut tout considérer : aller surfer à l’océan, pour la majorité des gens, c’est 1h30 à 2h de voiture aller-retour, souvent plusieurs fois par semaine. Or, en venant 10 ou 15 minutes jusqu’à Canéjan pour surfer une heure, l’impact global est bien moindre que de rouler 200 km pour chercher des vagues.
Donc oui, on est conscients des enjeux, mais on les prend à bras le corps. Et on est convaincus qu’un surf park peut parfaitement exister dans une démarche responsable, au service du sport, de la communauté et de la transition vers des pratiques plus locales, plus structurées et plus maîtrisées.

Surfrepotes : Un recours a été fait par rapport à la politique de gestion de l’eau du site – la Gironde étant souvent en vulnérabilité l’été – où en êtes-vous et quels sont vos arguments pour la prise en compte de ce sujet ?
C’est effectivement un sujet très important, qu’on a pris très au sérieux dès le départ, il y a maintenant cinq ans. Dès la phase de conception, on a fait réaliser toutes les études hydrologiques nécessaires pour le permis de construire, afin de garantir que notre fonctionnement serait totalement maîtrisé sur le plan de la consommation d’eau. Notre objectif, depuis le premier jour, c’est de ne pas tomber dans un projet qui serait jugé irresponsable ou énergivore.
C’est justement sur ce point que nous avons été attaqués par les opposants : la gestion de l’eau. Mais aujourd’hui, on est pleinement rassurés, car l’expert judiciaire nommé par le tribunal administratif, totalement indépendant et objectif, nous a donné raison à 100 %.
Son rapport a confirmé que notre système d’autonomie – basé sur la récupération et le stockage des eaux de pluie – est viable et suffisant pour couvrir les besoins des bassins, même pendant les années les plus sèches. Cette expertise a eu un effet très positif : elle a rassuré les collectivités locales, la population, et aussi la Fédération Française de Surf, qui avait besoin de garanties concrètes sur notre démarche.
Évidemment, les opposants ont tenté de trouver de nouveaux arguments depuis, mais pour nous, les choses sont très claires et validées par les faits. L’expert a étudié les données météo sur plus de 11 ans (2014 à 2024), et a confirmé que notre système permettrait une autonomie en eau tout au long de l’année. Dans les cas extrêmes, comme les étés de forte sécheresse, on a prévu un plan d’ajustement : par exemple, fermer temporairement un des deux bassins pour concentrer les ressources sur l’autre, ce qui reste tout à fait faisable et déjà inscrit dans notre autorisation.
Et puis il faut rappeler que, dans la région bordelaise, il pleut suffisamment sur l’année pour permettre un stockage important pendant les mois humides. Ce qui fait que, même si l’été devient plus sec avec le changement climatique, on pourra constituer nos réserves à l’avance et ne pas dépendre du réseau d’eau potable pendant les périodes de restriction.
En résumé, notre système de gestion de l’eau est autonome, anticipé, et validé par expertise judiciaire. C’est un modèle vertueux qui permet de concilier pratique sportive et responsabilité environnementale, sans peser sur les ressources locales.
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Surfrepotes : Concrètement, pour générer une vague, il faut combien de kilowattheures ?
C’est une très bonne question… et j’ai envie de te dire que tu la connais mieux que moi ! (rires)

NDLR: de l'ordre d'un kWh/vague

Surfrepotes : La Fédération de surf en est où sur son positionnement sur les piscines à vagues ? Elle vous a soutenu, retiré le soutien, mais imagine bien les bénéfices d’un outil comme celui-ci pour se perfectionner, voire pour organiser des contests. Vous en êtes où avec eux ?
Oui, c’est exactement ça. La Fédération Française de Surf nous avait soutenus officiellement au départ, puis elle a préféré suspendre son soutien à un moment, face à toute l’opposition médiatique et aux doutes qui existaient autour du projet. Ce n’était pas une rupture, plutôt une mise en pause, le temps d’y voir plus clair.
Mais aujourd’hui, tout est clarifié, toutes les questions techniques et environnementales ont été levées, et la Fédération est revenu à nos côtés avec un soutien fort et assumé. Lors de la réunion publique organisée il y a un mois, plusieurs représentants de la Fédération étaient présents, ont pris la parole et ont publiquement réaffirmé leur soutien au projet. C’est un soutien très fort, à la fois sportif et institutionnel, et c’est évidemment une excellente nouvelle.
On commence déjà à travailler ensemble sur la suite : la mise en place d’un centre d’entraînement national, l’accueil de stages de perfectionnement, voire à terme l’organisation de compétitions officielles. U2028Pour la Fédération comme pour nous, c’est indispensable d’avoir un surf park en France : pour la formation, la progression, la préparation à la compétition, mais aussi pour démocratiser la pratique et permettre à plus de gens d’accéder au surf dans de bonnes conditions.
Aujourd’hui, il n’y a plus de débat là-dessus : le surf park de Canéjan est devenu un projet central pour la Fédération et pour toute la communauté du surf français.

Surfrepotes : Et sur la métropole bordelaise, quel est l’accueil des élus, du public, des surfeurs ?
Au niveau des élus, c’est vrai que, malheureusement pour nous, très peu se sont exprimés publiquement en faveur du projet. Il n’y a pratiquement aucun soutien affirmé, même si beaucoup, en privé, comprennent l’intérêt et la logique du projet. À l’inverse, certains élus ont pris position contre, parfois de manière assez politique — par électoralisme ou clientélisme local, selon les contextes. On a bien compris que dans le jeu politique, certains préfèrent surfer sur la vague médiatique du débat plutôt que d’aller au fond du sujet.
Mais globalement, c’est surtout un manque de compréhension du projet. Certains le perçoivent à tort comme un projet de loisir superflu, alors qu’il s’agit en réalité d’un équipement sportif structurant, innovant et tourné vers la jeunesse, la formation et la sécurité.
Du côté des surfeurs, c’est tout l’inverse : il y a une large majorité de soutien. Il suffit de voir notre compte Instagram, qui réunit déjà près de 6 000 abonnés alors que le projet n’a même pas encore démarré. On reçoit énormément de messages d’encouragement, de clubs, de coachs, de jeunes surfeurs, de familles, de curieux. Bien sûr, il y a aussi quelques voix opposées, et c’est normal. Certains surfeurs estiment que les vagues artificielles ne représentent pas “l’esprit du surf”. On respecte totalement cette vision.
Mais on a toujours été clairs là-dessus :le surf park ne remplace pas l’océan, il ne remplacera jamais la magie d’une session au coucher du soleil, le bruit du vent offshore, ou la beauté naturelle des vagues qui voyagent depuis des milliers de kilomètres avant de casser sur nos côtes.
Le surf park, c’est un complément, pas un substitut. Il apporte une structure, une régularité, et des possibilités d’entraînement et de progression qu’on ne peut pas avoir dans l’océan, surtout quand on habite loin des plages ou qu’on a peu de temps.
Donc l’accueil est globalement très positif du côté du public et des surfeurs, un peu plus timide ou prudent du côté politique, mais on reste convaincus que les faits et les résultats parleront d’eux-mêmes une fois le projet ouvert.

Surfrepotes : Certains surfeurs considèrent que la “vraie” culture surf est incompatible avec les piscines. Qu’avez-vous envie de leur dire ? Comment se passe le dialogue avec les opposants au projet ? Certains changent d’avis ?
C’est une remarque qu’on entend souvent, et je la comprends — mais elle part souvent d’un regard très partiel sur la réalité du surf aujourd’hui. Je vois parfois des surfeurs très respectés, de bons niveaux, avec un lifestyle californien très inspirant, qui sont suivis par des milliers de personnes sur les réseaux sociaux… et qui vont poster quelque chose contre le surf park de Canéjan, ou contre les piscines à vagues en général.
Quand ça arrive, j’essaye d’échanger avec eux. Et ce que je leur dis, c’est qu’ils ont souvent une vision biaisée du sujet. Parce qu’ils regardent le surf park depuis leur propre réalité : ils vivent à 5 minutes des plus beaux spots des Landes ou du Pays basque, ils peuvent surfer presque tous les jours, et ils ont organisé leur vie autour du surf. Donc forcément, pour eux, une piscine à vagues n’a aucun sens. Ils n’en ont ni le besoin, ni l’envie. Et comme ça ne les concerne pas, c’est facile de rejeter l’idée, sans voir l’intérêt pour d’autres.
Mais il faut regarder les choses plus globalement. Il y a énormément de passionnés qui n’ont pas cette chance : des gens qui habitent à 1h ou 2h de l’océan, qui travaillent, qui ont des enfants, et qui aimeraient pouvoir surfer plus régulièrement, s’entraîner, progresser, ou simplement garder le lien avec leur passion. Pourquoi ces gens-là n’auraient-ils pas, eux aussi, le droit d’avoir un centre d’entraînement de qualité près de chez eux ?
Et puis il y a aussi le cas des athlètes, des compétiteurs français, qui aujourd’hui sont obligés de prendre l’avion avec toute une équipe pour aller s’entraîner à Alaïa Bay (Suisse), à Munich, à Bristol, ou ailleurs. Franchement, ce n’est ni écologique, ni logique. À un moment, il faut accepter que l’innovation et le progrès technique puissent servir le sport et la communauté.
Alors bien sûr, il y a des combats légitimes à mener pour protéger la planète et la qualité de vie. Mais un surf park, ça n’abîme rien : ça ne modifie pas les paysages côtiers, ça n’empêche personne d’aller à l’océan, et au contraire, ça améliore la qualité de vie de nombreux surfeurs qui pourront pratiquer plus souvent, en sécurité, et près de chez eux.
Et puis, il y a une autre catégorie d’opposants : ceux qui ne sont pas surfeurs du tout, mais qui s’opposent par principe idéologique. Ce n’est pas tant le projet qui les dérange que l’idée même de construire quelque chose de nouveau, qu’ils perçoivent comme “non essentiel”. Ils veulent défendre une vision du monde très rigide, parfois sans vraiment se renseigner sur le fond.
Mais oui, certains changent d’avis avec le temps. Je pense à un ami d’enfance, par exemple, qui au départ me disait franchement :
“C’est nul, faire une piscine à vagues à Bordeaux, ça ne sert à rien. À la limite à Lyon, mais ici on a Lacanau, on n’a qu’à y aller ! Et puis l’eau, l’électricité, tout ça, c’est n’importe quoi.”
Il était contre, clairement. Et aujourd’hui, il a complètement changé d’avis : il a compris, en voyant que des experts du milieu soutiennent le projet, que la Fédération s’y associe, et que tout est fait proprement et intelligemment, que ça allait lui apporter à lui aussi un vrai bénéfice. Parce qu’il réalise qu’il pourra surfer plus souvent, mieux s’entraîner, et progresser — et tout ça, à deux pas de chez lui.
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Surfrepotes : Du coup, l’ouverture est prévue pour quand ? Quelles sont les étapes d’ici là ?
L’objectif, c’est de pouvoir ouvrir le premier bassin en 2027.
Les étapes restantes sont assez claires : la première, c’est de démarrer les travaux — et pour ça, il faut boucler le financement complet du premier bassin. On en a déjà une bonne partie sécurisée, mais il nous en manque encore un peu pour lancer la phase de construction.
Ensuite, il y a la partie juridique, avec le jugement du tribunal administratif qui doit tomber dans les prochains mois. On est très confiants quant à la décision du juge, mais évidemment, tant que ce n’est pas officiel, ça reste une étape délicate. Et même si les opposants décident de faire appel, une décision favorable en première instance enverra déjà un signal fort et rassurant, autant pour les partenaires financiers que pour les institutions.
Après ça, tout s’enchaînera plus naturellement : une fois le chantier lancé, on “déroulera le fil de l’histoire”. Le plus dur, c’est vraiment de déclencher les travaux. Et là, on y est presque. Donc on croise les doigts pour que tout s’aligne dans les prochains mois et qu’on puisse enfin passer à la phase de construction.
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Surfrepotes : Un dernier mot pour conclure ?
Un dernier mot… Je dirais qu’aujourd’hui, avec mes associés — notamment avec Nico Padois — on a atteint une forme de maturité émotionnelle et de profondeur humaine qu’on ne soupçonnait pas au départ. Ce projet, au fil des années, est devenu bien plus qu’un simple développement entrepreneurial ou qu’un accomplissement personnel. On a vraiment le sentiment d’être porteurs d’une mission — une mission d’intérêt général, presque d’utilité publique.
On sent une ferveur, un engouement sincère autour du projet, une attente forte de la part de la communauté, des surfeurs, des clubs, des familles… Et c’est quelque chose qui nous touche profondément. Ça nous met aussi une forme de pression positive, parce qu’on sent la responsabilité que ça représente.
On est convaincus que si ce projet arrive à son terme, il marquera l’histoire du surf et du sport en France. Ce sera aussi un symbole de résilience : la preuve qu’avec de la motivation, de la détermination et du travail, on peut concrétiser quelque chose de totalement inédit, même face à l’adversité et à la lenteur administrative.
C’est sûr qu’en tant que premier surf park de France, on essuie les plâtres : les critiques, les débats médiatiques, les oppositions. Mais on tient bon. Et on tient bon grâce à tous les soutiens : chaque message, chaque commentaire, chaque “like” sur les réseaux, chaque mot d’encouragement sur un salon ou à la plage… tout ça nous donne la force de continuer.
On a hâte d’ouvrir, de partager ça avec tout le monde, et surtout de rendre les surfeurs heureux. Parce qu’au fond, ce projet, c’est exactement ça : un projet de passionnés pour les passionnés de surf.

Crédits photos : site websurfpark canéjan, instagram surfpark canejan, instagram édouard algayon, wavegarden via surdouest
https://surfparkcanejan.com/

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Re: Interview - Surfpark Canéjan

Messagepar kyu » Sam Nov 08, 2025 11:46

:yess: Forcément pour avoir testé celui de Virginia beach, je ne peux qu etre convaincu de l interet du projet , d autant qu avec les tarifs annoncés , ça sera bien plus accessible que les surf parks américains a 150$ de l heure . C est cool en tous cas d'en savoir davantage sur le projet et ceux qui sont derrière ! Vivement 2027 :lol:
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Re: Interview - Surfpark Canéjan

Messagepar Gart » Sam Nov 08, 2025 12:19

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Re: Interview - Surfpark Canéjan

Messagepar zitoune » Sam Nov 08, 2025 13:41

de mon côté ce que j'ai trouvé pertinent :
c'est un site industriel, donc rien de dénaturé
l'énergie est produite sur place avec des capteurs solaires et les ordres de grandeur sont cohérents (oui ya le déphasage et tout mais c'est déjà bien)
et le sujet de l'eau => l'expert judiciaire leur a donné raison
et comme ça consomme autant qu'une piscine, finalement c'est pas choquant
j'irai testé c'est sur et je pense que ça sera un bon complément pour (enfin) passer certaines manoeuvres en pouvant les répéter à souhait

est ce que ça remplacera les sessions à l'océan : non
est ce que c'est complémentaire : oui je pense
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Re: Interview - Surfpark Canéjan

Messagepar kyu » Sam Nov 08, 2025 14:28

Oui c est ce que je disais , c est complémentaire et pas a mettre en opposition. Vues les conditions surf du moment , je ne cracherais pas sur une session en piscine où tu es sur de te gaver et de t amuser dans des vagues fun..
Quant à ceux qui disent j aime pas , sans avoir essayé , c est comme les gosses qui mangent pas un truc sans avoir goûté.. Faut commencer par essayer , se faire son opinion objectivement et ensuite émettre une critique . Mais pas faire chier ceux qui y trouvent leur compte .
Si on avait fait chier les mecs d aqualand autant que ça :roll:
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