Bien joué à vous !!
J'adore lire les reports, ça me permet de quitter le monde réel pendant quelques instants. Mais J’adore également écrire des reports, c’est comme ci je vivais presque une deuxième fois ma session, comme ci je retournais surfer l’espace d’un moment. Je m’évade, en quelque sorte le monde s’efface autour de moi et je me retrouve de nouveau au pic, tranquilou, je ressens presque le mouvement de la houle me bercer, l’eau filer entre mes doigts, les gouttelettes fraîches ruisseler sur mon visage, bref ça me motive d’autant plus que ça fait naître la même excitation que j’éprouve avant de retourner à l’eau. Certaine fois je fais ça vite, d’autre je m’applique et je m’évade encore plus. Hier je m’étais appliqué, c’est assez agaçant de devoir tout recommencer... C’est comme revoir un film qu’on adore, on aime mais c’est pas pareil.
Donc hier soir marquait ma 28ème session de l’année, et quasiment le 9ème jour de surf consécutif. C’est pas toute les semaines pareil, mais pour le coup, quand la houle, la marée, et mes horaires de travails s’accordent, il faut savoir en profiter.
17h15, une partie de mon esprit est plongé assidûment dans mon inventaire, une autre prends de plus en plus le dessus, la pensé de se remettre à l’eau dans quelques minutes, quand je suis brusquement sortie de ma torpeur par un flash lumineux suivi d’un coup de tonnerre…
Regards par la fenêtre, le ciel est sombre, gris, nuageux, un brouillard bien iodé enveloppe la zone industriel et une pluie fine vient tacheté la fenêtre. « Mouillé pour être mouillé… » Je regarde l’heure, assez bosser pour aujourd’hui, et l’excitation devenant de plus en plus oppressante, je plie mon PC, et quitte l’usine.
Dehors les rues sont plongées dans un fin brouillard, les sons sont comme étouffés par le voile nuageux. Retour à la maison.
Du salon, un coup d’œil sur la mer distinguable malgré ce rideau brumeux, elle semble calme. J’enfile directement la combinaison, et redescend aussitôt les 4 étages avec le LB sous le bras. 0,7m de houle pour 14csd, ce sera l’arme idéale. Du moins c’est ce que j’imagine à ce moment la.
De retour en face de l’usine, mais cette fois ci en tenu d’homme grenouille et les pieds dans le sable humide, j’analyse le plan d’eau.
J’aperçois 4 silhouettes à l’eau, deux bodyboards, deux surfers. La mer est glassis, aussi sombre que le ciel, mais on lui devine une certaine transparence.
Autour de moi, le silence règne hormis le fracas des vagues, la plage est déserte et toujours plongé dans la brume. Cela efface assez rapidement la vue des usines, laissant place au regards à des lignes et formes géométriques désordonnées et sans aucunes logiques. Au sud on ne distingue plus le port ni même la grande mosquée, idem au nord la vue se trouble vite, l’usine de Paloma et ses cheminés sont perdu dans le brouillard et seul les flammes qui en jaillissent sont encore visible.
Les pieds dans l’eau, je me demande encore qu’elle sera la meilleure technique pour rejoindre le pic… Les séries ferment tout accès, et la perspective de passer ces murs de mousses avec le LB me fait déjà mal au bras… Pourtant l’appel est fort, au fond, un superbe pic droite gauche offre des barrels à chaque séries. Se repliant sur son centre et déroulant rapidement de part et d’autre. Le pic en M comme dans les magasines. Certaine section ferment littéralement, mais dans l’ensemble la synergie est parfaite entre la houle et le banc de sable à fleur d’eau qu’il semble y avoir la bas au fond.
Une petite accalmie dans les séries me donne des ailes, et me voilà filant au large.
Sur mon chemin, je reconnaîtrais Yannis (Je crois qu’il s’appelle Yannis, un local du coin) s’enfiler un tube magnifique, sans forcer, dont il ne ressortira qu’avec le sourire, la section ayant décider de l’avaler tout entier. Il me fait signe, je lui réponds d’un pouce levé et retrouve quelques mètres encore plus loin, mes compagnons de sessions, que je n’avais pas reconnu depuis la plage mais que je connais bien.
Ambiance très particulière au pic, la brume, la légère obscurité, l’absence de contraste, l’eau et le ciel sombre, ainsi que les nuages d’écumes s’envolant avec le très léger vent Off et retombant dans un froufrou presque délectable, donnent une atmosphère très fantomatique. Alors que mes compagnons, eux, plongés dans une espèce de transe musicale, chantent des airs traditionnel aux rythmes endiablés et prenants, cadencés par le rythme des claquements de mains typiquement Marocain (Je trouve) qui vous laisserait presque vous emporté dans la musique. Rien que ça ça m’a collé un sourire vous ne pouvez pas imaginez. C’est dans ces moments que j’adore encore plus particulièrement mon petit coin de vie, les gens qui m’entourent.
Bon retour à nos moutons, je suis pas venu pour enfiler des perles ou acheter du terrain, il est 17h45, par beau temps la nuit m’aurait forcée à sortir sur les coups de 18h45/19h, mais avec cette couverture nuageuse, il me reste pas plus de 45min devant moi.
La vague forme un bowl ultra creux, avec une lèvre qui jette loin devant. La section est franchement très rapide, je ne vois pas beaucoup de mes compères en ressortir. Et malgré le peu de taille annoncé par les prévisions, j’estime les vagues à hauteur de tête environs. La vague on la voit arrivé de loin, de très loin mais entre le moment où elle est prenable, et le moment où elle creuse très brusquement, le timing est très serré, et il faut faire vite, très vite.
Première opportunité, trop confiant, je me dis qu’avec le LB j’arriverai à partir bien plus tôt, ce qui me laisserait le temps de me caler tranquilou. Erreur… Après un take off nonchalant je n’ai pas même pas le temps d’envisager le bottom que les 9’1’’ pieds viennent faire la tangeante et se planter bien lamentablement pour me catapulter sous la lèvre, puis le fond… Une correction comme rarement l’océan m’en a donné par la violence du choque… Je viens de me faire mettre à l’amende bien comme il faut. Comme si l’océan me disait : « C’est moi le chef » - et moi « Oui Madame… »
Retour au pic, avec toute la partie gauche du visage endolorie par la claque que je viens de prendre, je patiente et attends mon tour. Nouvelle opportunité, cette fois ci pas question de planté les 9 pieds, je pars autant que faire ce peux sur la droite, take off, ascenseur, j’engage le bottom, mon cerveau lâche sa dose d’adrénaline et de dopamine, me scotche le sourire et ça y est je file !! L’adrénaline prends encore quelques pour cent alors que mon sourire lui en perds, quand je me rends compte que je file sur un mur à la verticalité presque dérangeante, et que je n’aurai pas le temps de compter jusqu’à un avant de me faire bouffer… 0…1… Correction… Envoyer et scotché au fond…
Celle-ci, ajouté à la première, m’ont sacrément secoué, alors je reste au pic quelques minutes à regarder presque hébété les vagues passer.
Fort de ces deux expériences plutôt douloureuse, et n’étant pas maso dans l’âme, je décide de changer de tactiques en analysant d’avantage les vagues qui se présentent à moi plutôt que de tenter de partir sur tout ce qui bouge. D’autant plus que les séries se font de plus en plus balaises, et de plus en plus creuses… Et que je suis désormais seul, mes compagnons ayant décidé d’en finir avec leur session.
Ca y est c’est de nouveau mon tour, je donne tout ce que je peux pour effectuer le take off le plus tôt possible, ça y est ça pousse, take off, j’engage le bottom au moment où la vague se met à creuser brusquement, un regard en arrière, si j’avais le niveau et les co****** je pourrais me caler un beau tube mais non. Haaa le bottom comme je les aimes en LB, ultra appuyé, la main plongé dans l’eau, avant de remonter légèrement sur la lèvre, attendant que l’inertie du LB me refasse descendre en douceur, cette fois ci c’est bon j’ai assez d’avance, et j’enchaîne de petites courbes sur un beau mur qui se tends devant moi, sans pour autant être trop menaçant.
Fin de vague je fini avec de l’eau au genoux, j’ai du me faire une bonne 50taine de mètre à une vitesse folle, j’exulte, ravi, et refonce au pic !!
Les vagues suivantes se ressembleront, avec quelques belles frayeurs encore, mais pas de machine à laver programme essorage. Ca devient toujours plus creux, et difficile à caler avec le LB…
Au sud on distingue un très pal halo rougeâtre sur l’horizon qui passe difficilement à travers les nuages. Il commence à faire trop sombre, et dans le silence j’entends les appels à la prières des imams qui raisonnent marquant la fin de cette session.
Retour sur la plage déserte, merci à l’océan, prochaine session… Peut être ce soir ?! Sinon la semaine prochaine. Je devrais peut être pensé à faire une petite pause pour 2 ou 3 jours quand même…