Je reviens d'un voyage de 7 mois en amérique du Sud, dont j'ai fait le tour par voie terrestre en partant de Buenos Aires en Argentine, traversant la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, La Colombie, Le Vénézuela, pour rejoindre enfin le Brésil en traversant toute l'Amazonie par le fleuve qui lui a donné son nom. Mon périple s'est terminé dans la petite ville d'Itacaré, au sud de Salvador de Bahia.
Le voyage n'était à l'origine absolument pas orienté surf, notre programme se résumant surtout, dans les grandes lignes, à de la rando en montagne, des treks vers des sites archéologiques, et des trip dans la jungle et autre savane. Cependant comme un passage par certaines côtes était tout de même prévu, j'avais secrètement élaboré un plan pour rejoindre quelques vagues dont j'avais entendu parler, tout ça dans le dos de mon compagnon de voyage évidemment, qui lui n'est pas surfer, héhéhé
LIMA:
A dire vrai, cela faisait bien 3 mois que nous n'avions pas vu un brin de mer, quand on est arrivé à Lima, au Pérou. Et là ce qui devait arriver arriva, la première vision de notre océan tant aimé, qui plus est une nouvelle partie de celui-ci, m'a mis en émoi, et je me suis donc senti obligé de louer une planche sur la première plage venue...
Ambiance de voyage à Lima, sniff ça me manque
Les patas(pote en péruvien) lancent des cailloux...
Et moi je file surfer, héhé!
De là découle bien évidemment une suite d'incidents logiques: j'achète une planche au loueur avec qui j'avais sympathisé, et je force gentiment mon compère de voyage(comme prévu) à s'orienter vers la côte pour remonter jusqu'à la frontière équatorienne... Ça tombe bien, il aime bien jouer dans les vagues! C'est déja ça...
Donc direction Huanchaco, près de Trujillo(où se déroule depuis l'année dernière un WQS 6 star de longboard), pour une petite remise en forme. Et oui, 3 mois sans surfer c'est dur pour les épaules et le petit niveau de surf que j'ai!!(ça fait seulement 1 an que je pratique, avant ça j'étais en biscotte).
HUANCHACO
Engins de surf ancestraux sur la plage de Huanchaco
Une réparation de board et quelques jours plus tard, nous quittions Huanchaco pour Mancora, plus au nord, dans la fameuse région de Piura. Il faut dire concernant la board, qu'ayant un budget très serré pour ce voyage, et n'ayant pas prévu l'achat d'une planche dans celui-ci, après moult négociations j'avais récupéré au loueur une planche pour la modique somme de 40€! Une 6"9 x 19 1/2 x 2 3/4, une monstro-planche. Quant à l'état de la planche, pour ce prix là vous imaginez bien qu'elle n'était pas de 1ère fraîcheur...
MANCORA!!
Cette ville pourrait être résumée en 2 mots: surf et débauche. En effet la ville est parcourue d'innombrables surfers de tous poils et tous horizons, et la nuit y est très animée et se transforme vite en interminable beuverie
conclue dans le lit d'une jeune demoiselle inconnue(ou pas)...Mancora: Myself(au bras de la jeune fille) et les patas à côté
Question vague, je dirais que pour mon niveau, c'est la vague à surf la plus parfaite que j'ai vu de ma vie! Je dis bien à surf, car en tant qu'ancien bodyboarder une vague comme "La Tortue" à la Réunion par exemple, est toute aussi parfaite, mais se classe dans une autre catégorie.
Cette vague donc est un point break en gauche, partant de l'extrémité sud de la playa du pueblo. Elle démarre par un bowl creux et rapide sur des rochers parfois à fleur d'eau voir hors de l'eau selon la marée, et se termine environ 100 mètres plus loin sur un fond sableux assez profond pour ne pas s'y fracasser la tête la première. je dirais donc qu'en dehors du take off un peu sport, cette vague a tout de la vague parfaite: elle ne constitue presque aucun danger, elle est creuse mais pas destructrice et elle déroule de façon quasi métronomique sur plus de 150 mètres quand le swell est au rendez-vous!
En parlant du swell d'ailleurs, ma semaine dans cette ville sympathique est allée crescendo. En arrivant le 1er jour, je découvre le spot avec joie et mes appréhensions s'envolent aussi tôt quand j'aperçois une petite houle d' 1 mètre, pas de quoi fouetter un chat, mais ça tombe bien parce que je ne me voyais pas commencer dans des vagues de 2 mètres dès le 1er jour...
Mancora, tout est là!!
Mancora les 1ers jours, autour d'un mètre
Donc les premiers jours se sont déroulés tranquilou, en mode prise de confiance et apprivoisement du spot. J'ai ainsi pu observer que le surf n'était parfait que le matin, jusqu'à 13H en général, après le vent onshore se lèvait, dégradant la vague et la rendant molle.
Autre observation durant ces 1ers jours: si tu veux surfer, tu iras surfer tôt! Eh oui, ça ne se voit pas tant que ça sur les photos, mais comme toute bonne gauche péruvienne près d'une ville, c'est la Chine à l'eau dès 7H du mat'!! Et en plus ça surf bien!
Résultat pour moi et mon surf techniquement très pauvre, 2 solutions: se lever très très tôt(je sais que certains sur le forum sont des habitués des sessions à l'aube mais moi pas!), et partir le plus à l'intérieur possible, c'est à dire dans le bowl, c'est à dire dans les cailloux... Forcément, plus on s'éloigne de la zone critique et plus les prétendants sont nombreux! Il faut dire que la 2ème partie de la vague se prête parfaitement à l'apprentissage compte tenu de sa régularité. Ajoutez à ça une houle d'environ 1 mètre et toutes les conditions sont réunies pour un rassemblement de l'amicale du surf sud-américain!...
Et ça taxe!
Les jours passent, la houle grossie, et moi j'ai l'impression de progresser chaque jour un peu plus. Il faut dire que dans ce genre de conditions, toutes les manœuvres(à ma portée...) qu'on rêve de passer, passent! J'enchaîne donc les floaters et les cut back, les prises de vitesse et commence même à comprendre le principe du roller frontside, à force de tracer des courbes de bas en haut.
Finalement la monstro-planche aux cotes généreuses se révèle pas si mal que ça et me laisse de la marge sur mes fautes de placement des 1ers jours.
En ce qui concerne l'ambiance à l'eau, malgré le monde, elle est plutôt bonne! Étrangement il n'y a pas beaucoup de locaux, le pic est surpeuplé de touristes, du coup les règles de priorités s'appliquent la plupart du temps correctement, mis à part pour les débutants qui visiblement, n'ont pas bien compris comment ça marchait...
Je me fais donc pas mal de potes à l'eau, principalement des brésiliens ultra sympas, jamais avares de conseils pour me permettre d'améliorer mon surf, et m'invitant à venir passer 1 semaine chez eux dès que j'aurais les pieds au Brésil!
Les 2 derniers jours de swell furent épiques. Des vagues frisant les 2 mètres et moi plus en confiance que jamais, chargeant tout ce qui passe, bien à l'inside, trop à l'inside même... Ceci m'a valu quelques éraflures, mais la houle était tellement bien rangée que même coincé sur les rochers, se sortir de la zone d'impact paraissait un jeu d'enfant.
Mancora qui prend de la taille, vu du bowl de départ et des jolis cailloux...
LOBITOS
Mis en confiance par ces 2 derniers jours nous décidons avec un des collègues brésiliens de partir un peu plus au nord vers un spot de classe mondiale, j'ai nommé "Lobitos"!
Après quelques heures de bus, nous arrivons donc en vue du spot. Le paysage est dramatique, un immense désert mêlé de formations rocheuses donne aux environs une beauté à couper le souffle, bien que froide et inhospitalière.
On peut apercevoir les vagues au loin, et malgré le vent sideshore qui souffle avec brutalité, les vagues se brisent en longues lignes puissantes depuis la pointe rocheuse située sur la gauche.
Lobitos, vu d'ensemble sur le pointbreak
Motivés par cette vision, nous descendons vers le spot et c'est là que nous commençons à déchanter. Plus on s'approche et plus la houle paraît massive et nous montre toute sa force. Il faut dire que ce n'est pas moins de 3 mètres de houle qui étaient attendus aujourd'hui sur la côte nord péruvienne.
Moi à gauche et mon compère brésilien, devant le constat...
Maintenant face au spot, des vagues de plus d'1m50 à 2 mètres nous font face. A taille équivalente, ça à l'air 3 fois plus puissant que sur Mancora... Silencieusement, nous décidons quand même de nous mettre à l'eau.
Une fois les pieds dedans un fort courant nous balaye les jambes et la puissance de cette océan pacifique déchainé nous saute au visage. A ce moment là je crois qu'on est tous les 2 en train de faire dans nos slips, mais évidemment personne n'ose le dire à l'autre... Pu... de fierté!!
Je saute donc sur ma planche et commence à ramer. C'est à ce moment choisi que le set, que nous n'avions pas encore vu péter, se dessine à l'horizon. Mon estomac se noue. En quelques secondes le set est sur moi et une vague de plus de 2m50 explose à quelques mètres de moi. La mousse me projète en arrière alors que j'essaye de passer en dessous. Je réalise alors ma connerie. Moi qui ne vais jamais à l'eau quand les conditions dépassent l'overhead, depuis une session ayant très mal tourné il y a quelques années à la Réunion, je suis là, dans ce maelström épais et violent, tourbillonnant sans direction... Je sors la tête de l'eau, attrape ma board(dont le leash était, qui plus est, à la limite de la rupture) et rame comme un fou pour rejoindre la rive et m'échapper de ce courant qui me tire maintenant en arrière.
Flippé et penaud, je rejoins mon pote brésilien qui avait vécu à peu de chose près la même chose, avec cette idée qui me trottait déjà en tête avant de rentrer à l'eau et revient comme une sale rengaine: C'est trop gros pour moi, je n'ai pas le niveau.
On décide donc de partir avec un local vers les 2 autres spots de Lobitos, à une 10mn de là par la plage, plus faciles, nous assure-t-il...
En arrivant à "El Muelle", les vagues ont perdu un peu de taille, même si la série frise encore les 2 mètres.... Seul problème, la vague est un shorebreak qui pète dans 40 cm d'eau avec une puissance qui n'a rien à envier à La Gravière des grands jours!
Après une longue hésitation et en bon habitué des shorebreak(bodyboard oblige), je me met à l'eau un peu plus à l'épaule que les gars qui sont là et déchirent tout. Après 2 vagues sympas, mais surtout de très grosses taules, je décide de sortir de l'eau...
El Muelle c'est ça
Mais c'est aussi ça
Et c'est surtout, surtout, ceci!!!
Let's droooooooooop!!
Après cette brève entrée à l'eau, mais sans aucune gloire à en retirer, nous partons pour le dernier spot à quelques dizaines de mètres de là derrière une avancée rocheuse. "Piscina", de son nom est censé être la spot le plus accessible du coin.
Mais bien sûr!! Alors certes, c'est moins puissant que sur le pointbreak, certes il y a plus d'eau que sur le shorebreak, mais ça envoie quand même du gras, sans parler de la mise à l'eau plutôt sport sur les rochers où la vague vient s'éclater, les images parlent d'elles mêmes...
A "Piscina", la mise à l'eau se fait d'ici
...
ça remue quand même beaucoup pour une piscine...
"Accessible", sans doute mais ça dépend pour qui!!
Ce mini-trip dur pour le moral et l'égo aura tout de même été enrichissant pour ceci: "Lobitos" c'est un spot magnifique, mais je reviendrais quand j'aurais plus de niveau, ou quand les vagues ne dépasseront pas 1m50...
Voilà pour le Pérou, j'aurais aimé faire un report sur le Brésil, mais mon appareil photo m'a malheureusement lâché au Vénézuela, 1 semaine avant de rejoindre la côte brésilienne... Vivement la prochaine fois![b][/b]
(et ma cop's était malade!)
...
de chance de vivre dans ce coin!!
