Il y a eu plusieurs dernières grosses houles de l'hiver 2017/2018 mais celle ci était vraiment la dernière, au mois de mai!
Ce vendredi matin a été vraiment carton et ultra propre. En fin de matinée, les images qui tombent sur la toile font froid dans le dos, la nord est énorme, effrayante et parfaite et les spots basques de gros sont en feu. Le vent doit tourner fort à 12h, heure à laquelle prend fin ma semaine harassante de travail.
Un coup d'oeil à la cam, brrrr c'est gros, un coup d'oeil à la bouée, pfff c'est en baisse mais c'est encore mastoc avec de la période. Une petite voix me dit d'aller voir plus au sud mais une autre petite voix me dit : allez sors toi les doigts, mets ton gilet et va ramasser un peu sur ce court créneau avant le vent.
On n'est même pas 10 quand j'arrive au fond vers 12h45, le spot a l'odeur des jours puissants. Je choppe d'entrée 2 vagues qui me mettent bien en confiance, avec un drop un peu en retard sur la 2ème où je me dis que je vais forcément piquer en bas tellement ça me parait raide, j'ai mes pieds trop à l'avant de la planche. Problème, je surfe toujours mon gun l'hiver avec des chaussons et je ne waxe quasiment jamais. Là on est en mai et pieds nus, du coup, sur certains bottoms, je contracte les orteils comme si je voulais les enfoncer dans la planche.
Je vais d'ailleurs sortir à cause de ça vers 15h30, des crampes aux orteils!! ça fait très longtemps que j'avais pas eu ça, entre la fatigue et l'adrénaline. Le vent sera resté nul finalement pour se lever en tempête à 15h35. Tout le monde est allé surfer le matin, car c'était annoncé plus gros et propre et ça va donc faire une grosse session en petit comité, un peu imprévue, en limite de mes capacités psychologiques. J'ai jamais pris autant de vagues sur une session avec le gun, j'ai eu peur mais j'ai déverouillé certains trucs.
Dans ces sessions, le plus dur n'est pas de chopper une grosse (quoique des fois, la masse d'eau et la vitesse sont telles que c'est dur de démarrer), mais c'est d'être placé au bon endroit au bon moment, de rentrer à l'intérieur avec tous les risques que ça comporte. Même en faisant hyper gaffe, j'ai pris très cher en milieu de session avec une série qui m'a balayé jusqu'au bord alors que j'étais au fond à voir la rhune que je ne vois jamais sur ce spot car je ne suis jamais aussi loin. Les 2 premières mousses étaient énormes et la 2ème a été horrible, parce que j'étais dans un mélange de mousse et d'eau, que le gun n'est jamais vraiment remonté à la surface et que j'ai pas pu plonger et ramer vers le fond tellement ça bougeait. J'ai sérieusement penser à rentrer quand je me suis retrouvé dans le lagon, mais je me suis dit que je pouvais pas finir la dessus.
Quelques photos pour illustrer.
Petit drop des familles. Dingue la différence entre ce que je percevais à l'eau et cette photo dans la descente :

Un bottom les orteils ancrés dans la planche :

Difficile de faire sauter la barrière psychologique qui m'empêche d'aller ramer 40m plus au pet quand je vois la série qui rentre. Je reste assis sur ma planche et je suis admiratif du gars qui surfe ça décontracté :

En mode snowboard, même si c'est pas les plus grosses, c'est bien bon :

Photo en sortant de l'eau :

10min plus tard, il y avait des moutons partout et ça ne ressemblait plus à rien.
Une des bombes que j'ai vue en direct :

C'est vraiment une autre dimension quand on est près de l'action, l'odeur, le bruit, la concentration à vérifier régulièrement que ça décale pas, et la rame à bloc pour s'échapper tout en gardant de l'oxygène si la suivante est encore plus grosse et qu'on l'a pas vu venir.
Sur celle là, je suis celui qui rame à gauche :

Sur mes photos d'action, les vagues me paraissent plus petites qu'en vrai, et quand je vois les autres, ça me parait plus gros qu'en vrai...
Voilà, c'était un petit report d'une session spéciale ce printemps, par un gars qui aime bien les vagues de 80cm.
Merci à Guillaume (surfpix) et Kevin pour les photos!