Vraiment très dépaysant ce voyage gart, merci! Pour les School bus américain, je suppose que c'est un peu comme pour le Pérou: une fois finie leur vie aux us ils vont au Mexique, puis une fois leur deuxième vie finie au Mexique, ils vont en Haïti / Pérou?
Pour l'eau c'est forcément en bouteille / sachet pour les touristes, mais du coup pour les locaux aussi? Car après le tremblement de terre tout à été coupe non niveau réseau? As tu vu les zones touchées? C'est déjà reconstruit?
C'est vraiment la destination qui me vient à l'esprit quand il faut imaginer du surf ... vraiment original. Vivement la suite ...
Deux choses sont infinies : l'univers et la bêtise humaine. En ce qui concerne l'univers, je n'ai pas encore acquis la certitude absolue. (Albert Einstein)
zitoune a écrit:Pour les School bus américain, je suppose que c'est un peu comme pour le Pérou: une fois finie leur vie aux us ils vont au Mexique, puis une fois leur deuxième vie finie au Mexique, ils vont en Haïti / Pérou?
Je ne sais pas si c'est leur deuxième ou troisième vie mais on sent l'influence américaine sur la route. Entre les bus, les camions américains, les stations Texaco...
zitoune a écrit: Pour l'eau c'est forcément en bouteille / sachet pour les touristes, mais du coup pour les locaux aussi? Car après le tremblement de terre tout à été coupe non niveau réseau?
Pour les touristes oui, on boit bien sûr l'eau en bouteille. Les sachets, c'est déconseillé pour des raisons d'hygiène mais on l'a fait aussi. Toutes les boissons vendues dans la rue sont hyper fraîches, ça fait du bien. J'ai passé trop peu de temps à Port-au-prince pour savoir ce que boivent les locaux. Mais à part les plus riches, je vois pas qui pourrait se permettre de boire de l'eau en bouteille. Dans notre appart, l'eau courante était livrée par camion, puis il fallait pomper l'eau jusqu'au réservoir de toit. De l'eau non potable pour nous.
zitoune a écrit:As tu vu les zones touchées? C'est déjà reconstruit?
Je n'ai vu des dégâts qu'a Port-au-prince. La plupart des bâtiments du centre politique sont tombés, ministères, ambassades et le palais présidentiel qui est encore dans son jus comme un témoignage de ce qui s'est passé (vous trouverez facilement des photos sur le net de ce palais, c'est impressionnant). Dans ce même centre et le long du port, ce sont des milliers d'habitations de type camp/bidonville plus ou moins permanents. Au nord de la ville, il reste aussi encore une énorme surface occupée par des habitats provisoires. Pour ceux qui habitent là depuis deux ans, le temps doit paraitre long, surtout dans le centre où la promiscuité doit être insupportable. Il y en a de moins en moins parait-il, mais je peux dire qu'il en reste un paquet.
Sur l'artère principale, les façades sont toutes jolies, toutes colorées, mais on voit bien que derrière, c'est ruines et bidons ville. Il y a des travaux de reconstruction mais c'est le chaos. On reconstruit alors qu'a coté, une ruine menace de tomber. Les ONG font ce qu'elle peuvent, mais il n'y a pas d'Etat pour s'occuper du pays. On a bien vu quelques policiers mais pas beaucoup. On a aussi cherché la poste pour acheter des timbres à Port-au-prince dans le centre. On a finit par trouver un petit local avec une porte en fer et une guichetière qui n'a jamais trouvé la monnaie du billet que je lui tendais. La poste centrale de la capitale. C'est assez parlant je trouve. Pour répondre simplement à ta question : non, ça n'est pas reconstruit. La tâche est énorme.
Le lendemain, je suis réveillé bien avant l'aube. La nuit a été courte. La musique s'est arrêtée tard et, la pleine lune aidant, les coqs se sont réveillés très tôt. Nous partons dans la matinée pour arriver avant la nuit au Cap Haïtien, deuxième ville du pays. Il y a environ 250 km, nous prévoyons 7 heures de route et piste.
La veille, nos amis nous avaient réceptionnés à l'aéroport avec un 4x4 très vieux, plein de problèmes mécaniques et la carrosserie réparée avec des sacs en plastique. Heureusement, ils ont pu obtenir un 4x4 « neuf » dans la journée. Quand on dit « neuf » en Haïti, ça veut simplement dire : en bon état. C'est un vrai coup de chance car faire la route ici est bien pire que tout ce que j'ai vu jusque là. Si je n'avais pas eu totale confiance dans le pilote, j'aurais dis stop au bout de 30 km.
Sur la route, nous croisons des bus, des "faux-bus" (bus qui ne s'arrêtent pas), des camions américains, des 4x4, une moto en panne chargée sur une moto qui roule, des bananes frites, de l'eau en sachets plastiques (les vendeurs crient : « dlo ! »), des bananiers, des camps de réfugiés, des vaches, des chèvres, des convois d' UN, un convoi d'officiels avec escorte et flingues en évidence, des porteurs et des porteuses. Et moi, je croise les doigts pour qu'on arrive entier.
Ici, c'est Saint Médard.
Un gros bus.
Les camps qui bordent la capitale.
Transport en commun.
Les UN, que tout le monde semble détester ici.
Premier aperçu de la mer des Caraïbes.
Après avoir aperçu pour la première fois la mer des Caraïbes, nous faisons une pause à St Marc pour pic-niquer. Premier repas typique, acheté dans la rue : un pain frit, fourré au poulet, à l’œuf dur et à la salade, accompagné d’acras, de salade très piquante et de dous, des pâtisseries locales.
Pause pique-nique à la plage. On n'est pas bien là ?
Puis le paysage change et nous voyons défiler les rizières parsemées d'aigrettes et les champs de canne à sucre. Des planches de bois, coupées et délignées à la main, attendent un acheteur au bord de la route.
Rizières.
Bois et bambou.
Vient alors la partie difficile, la plaine fait place à la montagne et la route se fait piste. Un camion dans le ravin ou des morceaux de voiture ça et là témoignent de la dangerosité de la route.
Camion Ravin
Finalement, nous arrivons à temps au Cap pour aller chercher le spot. Si j'avais du conduire, cela aurait probablement pris deux jours.
A notre arrivée sur le spot, c'est la liesse. Il y a bien des vagues. Personne n'osait y croire vraiment. Les filles se marrent en nous voyant sautiller comme des gosses.
Nous observons Ginsu pour la première fois. La droite déroule malgré le vent d'Est et il y un mètre à un mètre cinquante. Trop tard pour ce soir, on s'y collera demain. C'est le spot principal de la côte Nord et un des plus accessibles. Le nom de ce spot a été donné en référence à une célèbre marque de couteaux américains.
Le récif de corail est réputé dangereux et il est peuplé de gros oursins. Ce reef est réellement effrayant. A marée haute, il est à peine recouvert.
Nous repérons deux hôtels : nous entrons à l’hôtel Cormier, le parc est magnifique, peuplé d'arbres majestueux et de perruches, nous savons l'endroit cher mais nous tentons notre chance malgré le parking plein des véhicules rutilants de l'UN. L’hôtel est aux standards occidentaux et la chambre est à 100 € la nuit. Par contre, il est plein. Dommage, nous devrons trouver moins cher. Le deuxième essai sera le bon, Hôtel Ducroix Plage, 30€ la double, ce qui n'est pas rien pour Haïti mais il n'y a rien d'autre dans la zone. Le petit plus de l’hôtel, le chenal utilisé par les pêcheurs pour aller au large est juste devant. Le spot est à quelques minutes de rame. La mise à l'eau se fera sur la plage de l’hôtel.
Nous profitons du repas improvisé par la cuisinière, l’hôtel étant complètement vide. Nous sommes enfin posés pour quelques jours, et nous allons surfer dès demain matin.
Au premières lueurs du jour, on se lève pour checker depuis la terrasse de l’hôtel. Depuis ce point de vue, tout ce qu'on observe, c'est qu'il y a bien des vagues mais on les voit de coté. Le vent est tombé pendant la nuit. Pas d'hésitation, après quelques échauffements nous nous mettons à l'eau.
On rame prudemment vers le chenal mais on est rapidement pris en main par le courant qui se charge de nous emmener au large et vers le spot sans fatigue superflue. Les séries sont rares. A l'est, les couleurs du jour naissant illuminent le ciel au dessus du cap. A l'ouest, la lune, pratiquement pleine, s’apprête à se coucher. C'est dans cette ambiance féérique que nous ramons mollement vers une vague inconnue.
Soudain, une patate de corail apparait à un mètre de moi au passage d'une ondulation. On se réveille instantanément et on se met sur nos gardes. A partir de ce moment là, on ne quittera plus le récif des yeux. On ne le voit pratiquement pas sur les photos et c'est bien dommage car il est omniprésent. Dès qu'une vague passe, le corail émerge, puis la mer le recouvre et ça recommence.
Nous arrivons au pic lorsque le soleil se lève. Sans surprise nous sommes seuls. Ça tombe bien, je ne me suis pas tapé tout ce chemin pour faire la queue au line-up. Nous attaquons notre première session prudemment. Il s'agit de ne pas se blesser. Dans ce pays, se soigner n'est jamais évident. On surfe quelques vagues parmi les plus grosses sur l'épaule. Pas évident, on voit bien des tubes passer à ras du reef mais il est hors de question de faire un take-off là bas.
Il faut se rapprocher progressivement. Mon acolyte shoote quelques vagues tranquillement pendant que je tente un autre reef plus à l'ouest. Je parviens à chopper quelques vagues courtes et j'ai un aperçu de la puissance de la houle. Ça pousse fort vue la taille, 1m-1m50. Je reviens vers le spot principal et prends enfin une bonne vague après un take-off toujours pépère, je ne suis pas un kamikaze.
Deux pélicans passent. Finalement, le vent se lève et on commence à avoir froid et faim. Mission accomplie pour cette prise de contact, on fera mieux demain.
Le petit déjeuner est frugal, les gérants n'ont vraiment pas l'habitude des occidentaux, et encore moins des surfeurs affamés. On nous sert une soupière de café, un thé gout bouillon "intéressant" et une omelette pour 4 qui n'aurait même pas rassasié une des filles. Heureusement, nous avons quelques provisions, rien de tel qu'un morceau de saucisson pour repartir du bon pied.
Petit déjeuner trop juste.
Notre colocataire pour une nuit, découverte ce matin.
Au programme, nous avons choisi de continuer la route vers l'ouest et de prendre un bateau Tap tap (taxi) pour visiter Habitation Labadee, un village mi-touristique, mi-authentique accessible uniquement par la mer.
Sur la route de Labadee
Pour l'atteindre, nous contournons le complexe privé de Labadee, appelé Coco Beach. Celui-ci mérite qu'on s'y attarde un peu. Ce complexe ultra moderne accueille les bateaux de croisière de la Royal Carribean pour une journée. Les milliers de passagers débarquent ici et profitent des aménagements tels que jet-ski, hors-bord, grand-huit. Ils pratiquent le wakeboard, le parachute ascensionnel et que sais-je encore. La présence de ces activités en Haïti peut surprendre. Mais ce n'est pas vraiment Haïti. Cette portion de la côte a été vendue à la compagnie en 1985. L'état a mis tout le monde dehors et empoché l'argent. Les retombées sur la population locale sont minimes, Coco Beach est hermétiquement fermé. Nous avons essayé d'y pénétrer et nous nous sommes fait très rapidement refouler par le service d'ordre. Nous avons juste eu le temps d’apercevoir une couple de trentenaires rougeots dans une voiture du grand huit, tout juste descendu de leur paquebot. Ridicule et scandaleux.
Le beau grillage de Coco Beach, invisible depuis l'intérieur.
Un paquebot amarré, ses 4000 passagers ne savent probablement pas dans quel pays ils se trouvent.
Et c'est parti pour la balade en taxi ! En arrière plan, les voiturettes, le ponton et le bateau, c'est Coco Beach pas Haïti.
Le petit port de Labadee
Je ne m’appesantirai pas sur cette visite touriste de Habitation Labadee qui, bien que charmant et attrayant, n'a que peu d’intérêt narratif. J'y ai cependant dégusté mon premier homard d'une longue série, mais il était cramé.
Oui cette droite est vraiment amusante et puissante. J'en ferai une description plus complète un peu plus tard.
Sinon sympa l'araignée c'était quoi tu sais?
On ne sais pas ce que c'est. Je n'ai vu que les photos en rentrant du surf mais elle a l'air énorme sur le manche à balai. Au début, on a pris ça pour une mygale mais ça n'est pas ça. La mygale est beaucoup plus poilue comme on l'a vu dans notre logement suivant.
Je confirme: merci pour ce report plein de soleil d'une destination très peu connue
Pour ma part j'aimerais avoir ton retour sur le côté humain de Haiti: - as tu engager des conversations avec les haitiens ? - voient ils un avenir à leur île où sont ils dans la survie au jour le jour après tant de catastrophes sismiques, politiques et même écologiques ? - tu sembles dire que personne ne supporte les troupes UN (alors qu'ils sont venus pour les aider): tu sais pourquoi? Voilà, si tu peux nous éclairer un peu sur ton ressenti sur les haitiens ce serait top
Pour ma part j'aimerais avoir ton retour sur le côté humain de Haiti: - as tu engager des conversations avec les haitiens ?
Ne parlant pas créole, on n'a pas pu discuter beaucoup avec les locaux. Je regrette vraiment d'être parti "à blanc", j'aurai du apprendre la langue avant, ça n'est pas très compliqué. Peu de gens parlent français hors de Port-au-Prince. Nous avons cependant pu discuter avec l'homme à tout faire intérimaire de l’hôtel. J'ai aussi discuté rapidement avec un type qui parlait français à une fête patronale dans les montagnes mais je me souviens plus trop Le reste du temps on a essayé de baragouiner quelques mots en créole mais ça n'allait pas loin dans la conversation. C'est assez facile à comprendre mais pas si facile à parler.
- voient ils un avenir à leur île où sont ils dans la survie au jour le jour après tant de catastrophes sismiques, politiques et même écologiques ?
Je sais vraiment peu de choses à ce sujet. Frisnel, l'homme à tout faire, parle français, anglais et espagnol. Il se dit journaliste et a travaillé dans une radio. Il nous a raconté sa vie et nous a demandé du travail. Il a surtout beaucoup travaillé dans les hôtels pour des salaires de misère. Il nous a raconté que lorsqu'il travaillait dans un hôtel en République Dominicaine pour un salaire très faible, le patron lui a un jour annoncé qu'il pouvait le garder mais sans le payer. Il serait nourri et logé c'est tout. Comme un esclave quoi. Il a refusé et est rentré au pays. Bref, je diverge mais quand je vois que cet homme cultivé et intelligent cherche en priorité un travail pour pouvoir vivre, je me dis qu'ils sont plus dans la survie au jour le jour. Mais je n'ai pas une vision globale des choses. J'imagine qu'ils ont tous l'espoir que les choses redeviennent un peu comme par le passé lorsqu'Haiti, surnommée la "Perle des Antilles" était la première destination touristique de la région.
- tu sembles dire que personne ne supporte les troupes UN (alors qu'ils sont venus pour les aider): tu sais pourquoi?
Deux choses toutes simples : les UN s'occupent de la sécurité et donc il y a une animosité automatique. De plus, c'est l'un d'eux qui a importé le choléra. En parallèle, il faut savoir que les UN ont des moyens énormes et leurs salariés sont bien payés. Lorsqu'ils arrivent en masse dans une région, ils déstabilisent systématiquement l'économie en faisant monter les prix. Ce n'est pas bon pour la majorité de la population qui ne peut pas suivre.