Haïti.
Pour la plupart des gens, ce mot est associé à trois autres, mécaniquement répétés par les « journalistes » avides de simplification : séisme, misère, enlèvements.
Ce n'est pas une destination surf, ni même une destination touristique, les étrangers que l'on y trouve font pratiquement tous partie d'ONG ou des UN. Mais nous y sommes allés en touristes et nous y avons bien sûr trouvé une réalité plus vivante et plus variée que l'image de pays maudit que nous en avions. Je ne veux pas nier la réalité qui est catastrophique dans certaines zones, notamment la capitale, mais j'aimerais contrebalancer l'orientation générale des infos qui circulent en insistant sur ce que ce pays a à offrir : des sourires francs, un accueil généreux, des montagnes où les mots isolement et quiétude prennent une autre dimension, l'eau chaude et turquoise des Caraïbes, et bien sûr, du surf.
Cela faisait des mois que nos amis, en mission dans le pays, nous demandaient de venir. Chaque fois, je prétextais un manque de temps et déclinais l'invitation poliment. Haïti n'était pas sur ma liste des pays à visiter. Mais leur insistance finit par me faire réfléchir, nous n’avions pas pris de vacances depuis un moment, et la possibilité de vivre une expérience unique nous décida.
Commence alors la planification sur internet. Des spots de surf ? Oui, il y en a. Des images de ces spots ? Cherchez-bien et vous en trouverez quelques unes. Du matos de surf sur l'île ? Il ne faut pas y compter me dit mon pote, lui-même s'organise pour faire rapatrier son matos de bodyboard. Il est comme un fou lorsque je lui envoie des infos optimistes sur les possibilités de surf. De mon côté, je checke les prévis de la côte Nord. Pas folichon pendant 2 mois. Dur d'y croire mais les billets sont pris et on emportera la planche quoi qu'il arrive. Une dizaine de jours avant le départ, alors qu'il n'y a pas eu de houle depuis que je surveille, les choses semblent se mettre en place, une houle de 1m50 à 2m50 est prévue. La date d'arrivée de la houle est le 7 mars : la même que notre atterrissage. Tout simplement. Elle devrait durer une semaine a priori. Un premier exemple de la générosité du pays et un signe positif.
Dans le journal de bord, le 7 mars 2012 :"Sur le tarmac de l'aéroport de Port-au-Prince, les 32°C annoncés par le commandant de bord sont adoucis par le fort vent d'Est. La musique, présente dès l'entrée du bâtiment servant de hall d'arrivée ne nous quittera que rarement lors de notre court passage dans la capitale d'Haïti.
C'est pendant le récupération de nos bagages qu'un amis de nos amis, ayant pris le même vol, nous interpelle et nous accompagne jusqu'au parking. C'est le début d'un voyage réalisé dans des conditions idéales, nous allons être guidés par des compatriotes, parlant créole et habitués du pays.
Sur la route de notre logement d'un soir, nous découvrons une ville chaotique et colorée. Les odeurs de plastique brûlé rappellent le Maroc ou l'Indonésie, mais le décor et les gens font immanquablement penser à l'Afrique noire. C'est pourtant dans les Caraïbes que nous nous trouvons, au cœur d'un pays traumatisé et convalescent mais aussi généreux et envoûtant.
Dans l'artère principale, les vendeurs d'eau ou de bananes frites se pressent contre la voiture, le drive-in est ouvert à toute heure. Notre 4x4 slalome entre les taxis rouges flamboyants et ornés d'inscriptions bibliques, les bus, les Mack, les motos et les autres 4x4. Les façades bariolées des commerces présentent elles-aussi des inscriptions religieuses. Dieu est omniprésent.
Mysticisme et obscurantisme font bon ménage.
Les school bus américains sont légion.
Be carefull ?
Ceci n'est pas une banque mais un bureau de loto,il y en a tous les 10 m.
Attention, créole Haïtien.
Parking motos.
De très vieux camions américains.
"Dlo" en sachet, vendue dans la rue.Nous arrivons finalement au logement de nos hôtes, pour une soirée avec quelques expatriés. Après quelques bières « Prestige » accompagnées de saucisson et fromage français, une charentaise sert quelques verres de Cognac. C'est à ce moment que nous sentons le balcon bouger et la terre gronder. Ce n'est pas une hallucination due à l'alcool, le sol tremble. Quelques cris de panique résonnent dans les appartements voisins puis la population descend rapidement dans la rue. La ville s'anime et, la première frayeur passée, se sont les éclats de rire et la musique qui font vibrer la capitale pendant des heures. Les haïtiens n'ont plus envie de dormir ni de rejoindre leurs logements. De mémoire d'expatriés, ce léger séisme est le premier depuis au moins huit mois.
Bienvenue en Haïti.
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