Y'a des mecs qui lâchent rien. Rappelez vous la fois où devant un chantier sans nom, une barre au loin, des baines à droite, à gauche, devant, vous n'aviez même pas déballé la planche. Et puis un gusse venu de nul part, se met à l'eau pour se jetter dans ce joyeux foutoir. Vous le lâchez pas du regard, mi-intéressé, mi-amusé. Il en bave grave, ce paye des paquets sur la tronche, mais s'entête pour enfin à votre grande surprise, et quelque part soulagement, enfin rejoindre l'autre côté de l'eau. Le mec a gagné le droit de s'amuser, vous laissant comme un couillon sur le sable.
Lionel Sarran fait parti de ces entêtés. Avec son nouveau projet « Mon, le voyage » il nous le prouve. Certains connaissent le bonhomme perso ou bien à travers ses réalisations dont la « La vie rêvée des surfers ». Il revient donc avec un projet de 52 minutes qui fera bien sûr la part belle à la glisse mais qui, maturité cinématographique oblige, mettra aussi l'accent sur un scénario plus abouti que les précédents opus.
Lionel est actuellement en cours de pré-production, un joli mot pour définir la galère qui regroupe dans le désordre: caler le planning du tournage avec les surfers venu rejoindre l'aventure, les démarchages auprès des municipalités pour les projections en plein air, s'assurer de la logistique. Et enfin nerf de la guerre: trouver des financements. Et oui, tout le monde n'a pas l'enveloppe de Chanel pour aller shooter en noir et blanc l' hawaïen Danny Fuller. Et si l'industrie de la cosmétique semble plutôt bien se porter, il n'en ai pas de même pour la surf industry. Avec des coupes franches dans les budgets et le personnel, la production d'un film indépendant n'est pas vraiment à l'ordre du jour.
Petit court avec Jason Polydor
Mais comme le gars qui lâche pas face à la barre, Lionel lui s'entête. Et si un Grégoire a réussi à sortir de son anonymat avec sa jolie et naïve farandole « toi + moi » pourquoi pas tenter le système du crowdfunding ou financement participatif ? C'est ce que fait actuellement Lionel via le site http://www.kisskissbankbank.com/mon-le-voyage-tournee-2014. J'ose même pas imaginer la pression que doit ressentir notre réalisateur. Car la règle est simple : Les projets doivent atteindre au minimum 100% de l’objectif fixé par le créateur de projet pour recevoir les contributions des internautes et si l'objectif n'est pas atteint les internautes ayant misé seront remboursés à hauteur complète de leur contribution. Tout ou rien quoi.
Sans vouloir jouer les analystes de pacotille ce mode de financement rentre tout à fait dans la logique de la démarche. En effet, la projection de « Mon, le voyage » est en parti destiné à des projections en plein air sur nos côtes grâce à un écran gonflable. Tout comme l'avait été le film « La vie rêvée des surfers ». Un film fait par tous et pour tous. Et avec du matos : Une caméra « RED », petit bijou de technologie numérique, sera là pour graver la team de surfers/copains de Lionel. Tous ont répondu présents. Le planning se cale doucement avec ces derniers. Certains iront jusqu'à la Baie de Lagundy sur l'île de Nias. Rien que ça, ou comment conjuguer ce rêve de gamin avec envie de réalisateurs. Car c'est depuis l'adolescence que cette vague indonésienne hante Lionel. Si certains au même âge placardaient des groupes, du foot ou des jolies nanas, lui c'est un poster de cette baie qui trônait au mur. Le rêve ne l'a donc jamais lâché. Respect au bonhomme, qui une fois adulte va concrétiser ce vieux rêve. Combien d'entre nous peuvent en dire autant ? Alors si vous ne voulez pas être celui qui reste sur le bord à regarder l'autre passer la barre, pourquoi pas se jeter à l'eau pour le rejoindre ?
Nias, la belle...
Bonus, pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, "La vie rêvée des surfeurs" le film