En parcourant la presse spécialisée on pourrait croire que le surf Français se concentre exclusivement dans une zone géographique bien délimitée allant des Landes pour se terminer brusquement au Pays Basque. Pourtant il n’en est rien. La preuve ce forum et ses membres de tous horizons ou encore ce film « Barravel » dont le teaser annonce que du bon : Un très bref récapitulatif sur la Bretagne, des paysages verts et c’est très vite des lignes parfaites déroulant au large d’une côte rocheuse qui remplissent l’écran. Puis viennent s’enchaîner sur un morceau des Dropkick Murphys du surf radical complètement en adéquation avec la puissance des vagues filmées. Ce teaser trop court remplit son office : il donne envie de voir le film. Ce dernier qui sortira en pleine chaleur aoûtienne avec le numéro de Surf Session du même mois nous donne l’occasion de rencontrer Ronan Gladu, son réalisateur.
Surfrepotes: Peux tu nous faire ton c.v flash ?
24 ans, BTS informatique à Lorient j’ai ensuite enchaîné sur une licence d’anglais à Brest… mais cette année j’ai complètement lâché l’affaire ! Je suis venu à la photo depuis mes années lycée, et grâce a mon père
( http://www.yvesgladu.com ), photographe pro sous-marin… j’ai vendu m’a 1ere photo a un magazine en terminale.
Srp: Es tu toi-même surfeur ?
Je suis bodyboardeur, mais je me suis mis depuis 1 ans au longboard, bien plus adapté, car je vais à l’eau lorsque les conditions sont moisies (sinon je prends des photos ou je filme !)
Srp: Notre question traditionnelle : ton quiver ?
Divers bodys récupérés avec mes potes sponso… sinon c’est la looze, j’ai un longboard gong (honte a moi !) !
Srp: Peux tu nous expliquer d’où est partie l’envie de faire ce film ?
C’est venu naturellement avec la Jonkette (Thomas Joncour), surtout dans le but de montrer l’ambiance, les surfeurs et les vagues de Bretagne, exactement comme on la vit !
Srp: Le tournage entre la pré production et le montage final a duré combien de temps ?
6 mois de tournage et 3 mois de montage… super rude !
Srp: As-tu rencontré des difficultés particulières ?
Trouver des financements, filmer en Bretagne (c’est une véritable mission !) et puis le montage qui était assez nouveaux pour moi, surtout pour une 26 minute.)
Srp: Comment cela se passe pour réunir à la fois les surfeurs et les conditions ? Existe-t-il un calendrier bien défini ou cela se fait juste à l’arrache et la lecture des previzes ?
A l’arrache, au vu des prev’, c’est d’ailleurs pour ça que nous avons pris autant de temps à faire cette vidéo, parce que, à part Thomas Joncour, aucun surfeur n’est « pro », et donc il fallait en plus jongler avec les horaires de taf et d’études de tout le monde…
Srp: Au générique on peut voir pas mal de noms, peux tu nous éclairer sur ces surfeurs pas tous connus du grand public ?
Effectivement il y en a beaucoup, et pourtant il manque beaucoup de monde !
On n’entend pas parler beaucoup des riders Breton dans la « presse », à part encore la Jonkette… Il y a pourtant du monde à s’énerver un minimum à l’eau !Notamment les frangins Fontaine, surtout Gordon et maintenant Ian, le pti dernier (14ans) qui a fait 4eme au championnat du monde ! Ensuite y a des surfeurs comme Aurel « nono » Jacob, Simon « la loutre » Joncour (le frangin de thomas), Alexis Deniel, et beaucoup d’autres dont on n’entend pas beaucoup parler, et pourtant ils représentent la scène surf Bretonne… ils sont à l’honneur dans BarrAvel, même si, je le répète, ils y a encore beaucoup de surfeurs bretons qui déchirent et qui n’ont pas pu avoir d’image dans la vidéo…
Srp: Faisaient ils partie de tes connaissances ou as-tu été les chercher pour l’occasion ?
Beaucoup était déjà des connaissances, mais j’ai essayé de me connecter avec un maximum de surfeur pour la vidéo, l’occasion de passer plus de temps avec certains, et de faire de nouvelles rencontres avec d’autres : un vrai plaisir !
Srp: Pour les tournages aquatiques, le placement du cameraman et des surfeurs se fait il d’instinct où un « plan d’attaque » est élaboré avant la session ?
Je briefe quand même les surfeurs avant en fonction de l’objectif que j’utilise, et de la lumière (ex, contre jour sur les droites, oubli !), lorsque je suis au fish-eyes, le mot d’ordre est : « fonce moi dessus ! » (Distance – d’1metre !), et au grand angle, je suis plus en retrait, donc je peux filmer une bonne partie de l’action.
Srp: Pour les images tournées du bord, comment fais tu ? Tu enregistres tout en espérant ne rien rater ou sens tu dés que le surfeur rame que cette vague va être la bonne ?
Je filme toutes les vagues…. Le tri ce fait sur le PC au « dérushage », j’ai utilisé 73 K7 lors du tournage !
Srp: Tu as tourné en numérique ou avec de la vraie pellicule ?
C’est du numérique : DV Cam.
Srp: L’explosion du numérique permet à toute une nouvelle génération de filmer sans trop investir au niveau matériel et de pouvoir diffuser plus facilement leur création. Au niveau du montage et des images en elle-même, crois tu que cette explosion bouscule un peu les règles des standards du film de surf ?
Cela permet à beaucoup de gens de diffuser leurs propres images, et c’est génial ! C’est d’ailleurs plutôt dans cette catégorie que je me placerai ! Même si j’ai tout donné pour faire ce film, cela reste de « l’amateurisme », filmer professionnellement reste super onéreux, et très compliqué ! Pour faire un « film » il faut cumuler plusieurs véritables métiers (réalisateur, scénariste, cadreur, preneur de son, monteur…)
Srp: Aux côtés de sponsors plus traditionnels on retrouve la région Bretagne en tant que partenaire. A ton avis cette dernière a-t-elle vue dans le surf un courant porteur pour son tourisme ?
Evidement ! L’activité numéro 1 en Bretagne reste la voile… fort heureusement, Nautisme en Bretagne et en Finistère ont vu un potentiel et une dynamique importante dans le surf en Bretagne. Le surf et la voile se marient très bien, et beaucoup de surfers bretons sont des voileux !
Srp: Justement, il y ’a plus en plus de monde à l’eau et ce en n’importe quelle saison. Ne crois tu pas que certains surfeurs Bretons risquent de ne pas trop apprécier ce coup de projecteur sur leurs spots ?
Bien sur, il y aura toujours des gens mécontents, mais le surf d’une manière générale est en pleine explosion…Barravel n’est pas une encyclopédie du surf Breton, juste une vidéo de surf en Bretagne. Cette vidéo ne changera pas le visage du line up Breton, mais, j’espère, changera un peu le regard des gens sur les surfeurs Bretons. Et c’est d’ailleurs pour ça que la majorité des surfeurs du coin attendent le DVD « pour l’ajouter à leur collection », comme ils l’on fait pour Kornog (livre sur le surf Breton).
Srp: La Bretagne est connue pour ses conditions hivernales assez rudes. Sans nous dévoiler de secrets spots, on peut toujours surfer en Bretagne ? Le repli est il toujours possible ?
C’est surtout toujours possible de faire des km de route pour se prendre des vents ! Mais c’est vrai qu’en hiver, il y a toujours de la houle, donc surfer tous les jours, c’est presque possible… mais les bonnes sess’ restent difficiles à scorer : c’est le charme de la Bretagne, et du surf en général !
Srp: En regardant le teaser c’est tout juste si de manière subliminale je n’ai pas entendu : « Hey, les gars ! Nous aussi en Bretagne on surfe ! » je me trompe complètement ?
C’est à peu près ça… je dirai plutôt « regardez COMMENT on surf en Bretagne » (ambiances, conditions, paysages)
Srp: La distribution par Surf Session s'est elle décidée sur le papier où à la vision du film ?
Dès le départ, Julien Roulland de Surf Session m’a fait confiance, c’était LA condition pour commencer : un distributeur qui tient plus que la route !
Srp: Tiens justement, ton film change de ce que la presse spécialisée a l’habitude de promouvoir. Penses tu que l’on s’oriente vers un surf plus de « proximité« et non plus vers un surf d’élite en termes d’images et de communication ?
Je suis content que tu le voies comme ça, merci !
J’aimerai qu’on laisse plus de place à la France, aux français et à ses régions dans la presse française (comme c’est le cas dans TOUS les autres pays du monde !)… mais ce n’est pas la tendance… jamais on ne verra la couverture d’un mag américain ou australien avec un Français… alors qu’une fois sur trois c’est le cas en France !? Mais il ne tient qu’a vous de réclamer ça ! Peut-être que ça vous plait d’avoir les mêmes choses vues et revues sur le net, dans la presse internationale, rabâché dans la presse française… moi pas ! Surtout lorsque que l’on regarde l’Angleterre par exemple, qui est loin, très très loin de notre potentiel de vague et de surf, et qui a réussi à développer sa propre industrie, ses marques, en forçant les autres à s’investir dans le surf local…
Srp: Certaines séquences aquatiques laissent deviner des houles importantes dans des températures où la cagoule semble de rigueur. Cela ne doit pas être évident d’aller filmer au milieu de telles conditions ?
Effectivement, parfois ce n’est pas facile… mais avec cagoule, gants, chaussons, c’est largement faisable ! En fait, je pense que 80% des sessions en hiver sont bien moins froides en Bretagne qu’en Vendée, ou même une bonne partie du Sud-ouest !! Je m’explique : les eaux Bretonnes sont fortement influencées par le Gulf Stream, qui remonte des courants d’atlantique sud, ce qui nivelle beaucoup la température de l’eau, à Ouessant c’est celle qui varie le moins en France : pratiquement 12° toute l’année… ce qui est super froid en été, mais « chaud » en hiver ! De plus, les sessions d’hiver se font souvent lors de tempête (vent à tendance Ouest), ce qui amène des fronts d’air chaud… donc même si il pleut et vente, ça reste froid, mais beaucoup moins qu’une sess’ offshore parfaite a Bud-bud’ en Vendée par ex, avec un vent d’est, importé direct de Russie !! Je suis passé à Hourtin cet hiver, il aurait fallu me payer cher pour aller dans l’eau tellement ça caillait !!
Srp: Pour le montage il est connu que le réalisateur/monteur doit faire un choix parmi tous les rushs. Cela fait pas mal au cœur de devoir « sacrifier » des images parfois si difficiles à tourner ?
Ah ça oui… même pas 10% des images tournées se retrouvent dans le DVD… j’en pleure encore pour le reste… surtout des images d’ambiances, paysages, délires…
Srp: Lorsque tu tournes en aquatique connais tu d’emblée la qualité des images ou la surprise est toujours là lors du visionnage une fois au sec ?
C’est un peu la surprise totale ! Mais quoi qu’il arrive c’est toujours la déception… après avoir vécu la chose, souvent m’être fait éclaté sur le reef, les images ont toujours l’air nazes ! C’est seulement que quelques jours après, à froid, que l’on apprécie un peu plus la qualité.
Srp: La dernière fois que tu t'es dit qu'il n'y avait pas mieux que la Bretagne pour le surf?
Jamais, y a bien mieux ailleurs !!
Srp: La dernière fois qu'on t’a dit que la Bretagne ce n’était pas une région de surf?
Presque tous les jours depuis 1 mois…
Srp: As-tu des attentes par rapport au film : une reconnaissance du surf en Bretagne ou bien de la qualité des surfeurs bretons….?
Pas grand-chose, si ce n’est une reconnaissance pour l’ensemble du projet : c’est assez « frais », et ça represent’ le quartier !
Srp: Est-ce que le film t’a déjà ouvert quelques portes ?
Non… mais j’espère que cela va me permettre de monter des projets qui me tiennent à cœur depuis de nombreuses années… mais avec une logistique bien plus compliquée !!
Srp: Des projets sont ils en cours ?
Pas vraiment, j’ai plein d’idées, il va falloir choisir la meilleure et foncer !
Srp: Je te laisse le mot de la fin.
Merci pour l’interview ! Et puis j’espère que vous allez apprécier la vidéo, même sans être Breton, on a passé vraiment beaucoup de temps pour faire ce ptit DVD… & a Bientôt sur surfrepotes !
Le teaser du film!
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