Je lui ai donc bien sur parlé du forum car l'esprit de kickasss a quelques similitudes avec l'esprit qui règne ici.
Depuis longtemps je cherchais à prendre le temps de faire une interview en bonne et due forme. Et puis à force de ne pas prendre ce temps, j'ai simplement contacté Damien en lui disant "Il faudrait qu'on fasse une interview, tu pourrais me jeter 2-3 infos sur Kickasss, tes trips et ton surf, pour que je puisse voir comment creuser une interview".
Damien s'étant pris au jeu, il m'a répondu ce texte, et à sa lecture je ne voyais pas forcément quoi lui demander de plus
Damien LELOUP né en 78, bac + 5 en gestion, un seul "vrai" travail à mon actif, quand je bossais pour la CMA CGM à Marseille en tant que contrôleur de gestion. Ensuite déménagement à Anglet en 2004, petits boulots, bagagiste voiturier dans un hotel 4* de Biarritz pendant les débuts de KICKASSS. Surfeur depuis 95 environ, j'ai commencé par une petite planche parce que c'était plus "cool" mais suis vite passé au longboard (avant la mode vintage) car en fait c'était plus mon "truc". Depuis, je ne surfe pratiquement que des Daniel's Longboards (single fin retro, noseriders).
Suis un ancien funboardeur ayant vécu pendant presque 20 ans à Montpellier, puis à un moment marre de tout le matos, gréer les voiles avant la session etc. Avec notamment Manu le Menu (aujourd'hui prof au BASCS) on a commencé par surfer en Méditerranée (Maguelone, Palavas, la Grande Motte etc.) avec quelques trips vers Cassis, Marseille, l'Arquet.
Et puis tous les étés c'était direction Carcans avec mon vieux combi VW, 10 heures de route par la nationale, des supers souvenirs. On avait l'impression de surfer des "vraies" vagues.
Aujourd'hui un peu plus de moyen donc les trips sont plus lointains, Indo, Australie, Californie.
L'Australie a un coté spéciale pour moi car j'y ai passé un an en 2001/2002 pour mes études, Graduate Diploma in Information Management & Marketing.
Destination atypique, Perth sur la côte Ouest, métropole la plus isolée du monde, elle me ressemble bien, pas envie de partir sur la cote Est, comme tout le monde. Du reste je ne connais que la côte Ouest, mais je la connais bien, de Margaret River jusqu'au Ningaloo Reef.
Une année inoubliable, vie d'étudiant, trips surf au sud et au nord de Perth. En 2010 je retourne là bas avec ma copine pour lui faire découvrir découvrir le coin, une idée derrière la tête...
Aujourd'hui installé entre Anglet où j'habite et Biarritz où je travaille. J'ai créé KICKASSS en 2004 / 2005, a cette époque je bossais donc le matin au Régina (hotel 4* de Biarritz) à conduire des grosses voitures et monter des valises et l'aprem je bossais sur les premiers visuels et sur le site internet pour vendre les premières séries.
J'ai tout commencé avec environ 4000 euros, ma prime de départ de la CMA CGM. Durant la saison, je me déplace sur des événements comme le FISE à Montpellier, des petites compètes de surf, pour y installer des stands, faire connaître la marque et faire rentrer un peu d'argent. En parallèle j'essaie de demarcher quelques shops mais ça ne prend pas, les shops ne prennent pas de risque sur des petites marques, veulent m'acheter mes t-shirts à leur prix de reviens etc. Faut dire que je ne bosse qu'en toute petite quantités, environ 50 pièces de chaque.
Depuis le départ les t-shirts sont tous imprimés chez des sérigraphes locaux, niveau textile, difficile de se fournir en France, quoiqu'on en dise il n'y a plus d'industrie textile en France, donc même si on veut, on ne peut pas. En tout cas au niveau du t-shirt. Les ateliers avec lesquels je bosse sont tous à 15 minutes de chez moi, ce qui m'assure de pouvoir tout suivre et contrôler de visu, chose pour moi primordiale.
Après environ 1 an et demi j'ai l'opportunité de prendre un tout petit local en bail précaire (2 ans) rue mazagran à Biarritz. Un petit carré de 3m sur 3 mais idéalement placé, au loyer néanmoins exorbitant. Le choix est fait, pas d'investissement, mais l'opportunité unique de tester mon aventure en "vrai". Je bosse alors à la fois sur le site web et au shop de Biarritz. 2 ans qui lancent définitivement la machine et rendent viable le projet, je me verse un salaire et sors alors du cadre "vrai travail" selon mes amis et mes proches. La phrase, dans les discussions devient récurrente, aujourd'hui comme une blague: "toi, Dam, c'est différent t'as pas un vrai travail!". Aujourd'hui je crois qu'ils ont raison, je ferme le shop pour aller surfer, jouer au golf, partir en weekend ou en vacances mais bosse quand même pas mal.
2 ans dans le petit shop, quelques beaux succès (premiers Fuck Surf Play Golf et premiers Mustach' is not a crime) et pas mal de certitudes, le projet est viable, le plus dur est passé, c'est alors le moment d'investir. En 2009 j'achète un pas de porte un peu plus loin dans la même rue. Kickasss s'installe définitivement dans Biarritz. A quelques pas de la grande plage et de la côte des basques. En tant que longboarder, j'en fais déinitivement mon home spot. L'une de mes Daniel's est toujours dans le shop me permettant d'aller surfer les longues vagues de la côte à tout moment. L'été je surfe presque exclusivement là bas, emploi du temps oblige, je suis au shop 7j/7 d'avril à fin septembre. L'hiver je suis plus mobile je surfe alors un peu plus sur Anglet (Madrague, Corsaires etc.) et plus dans le sud notamment Cenitz que je trouve dépaysant.
En Australie j'ai découvert le golf, dans un cadre beaucoup plus ludique, pas cher et avec toujours quelques bières au fond du sac. Ce sport, comme la bière me fait alors tourner la tête, comment avais je pu le renier avec autant de conviction avant, sport de vieux, on connaît la rengaine. Alors qu'en fait, une fois dedans, si l'on fait abstraction de son public, de quelques codes, et aprioris, il est l'un des sport les plus intéressant qui soit. Comme sans doute pas mal de surfeurs avant moi, j'y vois plein de similitudes avec le surf. Incidence des éléments climatiques (vent, force orientation), difficulté extrême de l'apprentissage, sport individualiste, choix de la planche, choix des clubs etc.
De retour en France, je mets du temps à m'y remettre, manque de moyen, pas de potes avec qui jouer etc. Et puis avec mes potes on se met au street golf, sessions mémorables devant le premier shop KICKASSS avec les balles qui volent à travers la place Saint Eugenie, qui passent par les fenêtres des voisins du dessus endormis devant la télé etc. Quelques uns se prennent au jeu et on devient membres pendant 2 ans à Ilbarritz, surplombant l'océan, toujours un oeil sur les vagues.
A cet époque né le F*ck Surf Play Golf (bestseller de la marque), à la base programmé pour une seule saison, il est devenu le fer de lance de la marque, le seul design récurrent. Volontairement provoc' il traduit bien l'engouement que j'ai eu, avec d'autres, à cette époque pour le golf. Et puis, il me permettais de dire à demi mot ce que je pense des fois, le surf, c'est plus comme avant. Je vais pas développer mais j'aurai aimer surfer dans les années 60, 70. On a perdu le coté pionniers, le coté atypique du sport, le fait de se sentir surfeur, de se sentir un peu "à part". Du coup c'est ma manière je crois d'exprimer un peu tout ça et de m'adresser à l'industrie du surf, aux vrais faux surfers et de dire que ce n'est plus forcément ce sport à l'image "cool" qui est vraiment "cool" dans l'esprit et donc inversement avec le golf. Et vu aujourd'hui le succès du Fuck Surf Play Golf je me dis que pas mal de gens ont aussi ce sentiment. Après que l'on soit bien d'accord, je n'ai pas renier le surf pour autant, loin de là, avec le recul je me dis aussi que mon choix de surfer des grandes planches n'est pas anodin.
Aujourd'hui c'est drôle car du coup les gens qui passent au shop se demandent si c'est une marque de golf ou de surf. Comme je leur dit ce n'est ni l'un ni l'autre, la marque est très personnelle, les visuels vont être dans la lignée de mes inspirations du moment, mais je l'espère toujours dans un esprit décalé. Je n'aime pas trop ce discours que toute nouvelle marque tient lors de chaque lancement marketing, le coté "nous, on est différent, vous verrez!", pourtant c'est bien ça dont on rêve tous, faire un truc différent, mais au final cette différence trop ouvertement affichée est devenue, la norme.
Je crois que le succès relatif de KICKASSS aujourd'hui, c'est le fait que je sois au shop et que le client va venir acheter un produit que j'aurai fait moi même et dont je pourrai lui parler, lui expliquer d'où vient l'idée etc. Il va repartir avec un t-shirt d'une série de 20, 30, 50 exemplaires (sauf FSPG), qui sera numéroté, imprimé en France, pas trop cher et qui surtout, j'espère, lui parlera à lui et pas forcément à tous, aura un sens.
L'avenir de KICKASSS, c'est j'espère, un second shop à Perth, histoire de vivre moi aussi, l'Endless Summer! Blague à part, ceux qui connaissent Biarritz, le savent, en hiver, c'est mort. Je me fais quand même aujourd'hui une obligation d'être ouvert toute l'année mais parfois j'ai l'impression de passer à coté de quelque chose. Et puis niveau surf, je me fais (un peu) vieux et j'ai moins envie qu'avant d'aller enfiler mes chaussons pour aller surfer, je vous rassure je le fais encore, et heureusement, mais notamment cet hiver quand je suis revenu de Bali j'ai vraiment eu du mal à me remettre à l'eau. Du coup l'idée de passer l'hiver au chaud est tentante. Et puis, une nouvelle étape pour KICKASSS est motivante également, installer un shop à Perth et conserver celui de Biarritz et se partager entre les 2 pieds à terres. 6 mois 6 mois et puis on verra par la suite. Aujourd'hui cela veut dire, démarches (compliquées) de visa et autres réjouissances.
Voilà, je pense avoir fait le tour un peu des différents sujets, en le relisant je m'aperçois que j'ai écrit comme je t'aurai parlé si on avait été en face à face, on va dire que ça donne un style
Merci damien!
http://www.kickasss.com/
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