Qu'il s'agisse de "grandes vagues", de conditions moyennes, solides ou grosses, jouer à faire évoluer ses limites est l'une des choses qui me paraît très enrichissante dans le surf et dans son cheminement personnel.
Personnellement, je rencontre 2 difficultés: la confiance et l'accroche.
Je distingue la confiance de l'engagement. En effet, on peut être "engagé", c-a-d prendre des vagues qui nous impressionnent, sans toutefois croire vraiment que l'on va être capable de la surfer. Typiquement on rame, on se lève, et là: panique à bord, on se demande "et maintenant, qu'est-ce qui va se passer?!". Et le résultat immédiat est une bonne bouffe dans les règles de l'art. C'est ma première étape.
Je pense qu'elle est nécessaire et peut-être même inévitable et salutaire: on sait qu'on va au casse-pipe, on ne crois pas une seconde qu'on va rider sa vague d'anthologie, mais on y va juste pour apprivoiser ses appréhensions par des séances de machine à laver.
Ensuite, ma deuxième étape, c'est de travailler ma confiance: me dire que je veux et que je peux rester sur la planche. Une fois qu'on sait qu'on a la résistance physique pour une grosse bouffe éventuelle, j'essaie de me "libérer l'esprit" comme le dit Morpheus à Néo dans la matrice
Je vois ça comme franchir ses propres barrières psychologiques. Je ne pense pas qu'on s'affranchissent en un claquement de doigt de ses appréhensions (d'où le plaisir des shoot d'adrénaline) par contre, on peut travailler à être serein et être intimement convaincu qu'il est possible de rider cette "grande vague". Et même d'être convaincu que c'est ce qui va se passer.
Du creux est certainement plus impressionnant au take-off que du gras. A taille équivalente (et hors gros surf), en cas de chute la claque est plus violente, mais on se fait moins brasser dans la machine à laver. Une piste pour s'habituer est peut-être de taquiner des grandes vagues puissantes mais plus plates (et plus difficiles à choper).
Ensuite, avec l'expérience, on pose un autre regard sur ces murs d'eau qui nous paraissent toujours gigantesques mais plus friendly.
La deuxième difficulté que j'ai rencontré, c'est l'accroche. Certes, ce n'est pas la planche qui fait le surfeur, néanmoins s'attaquer à un bon 1.50-1.70 m bien creux et bien tassé avec une planche de débutant aux rails très ronds adaptés aux petites conditions d'été n'aide pas forcément à prendre confiance en soi.
En effet, la planche ne va pas mordre efficacement et sa glisse ne sera pas fluide: à la limite, elle va même avoir tendance à "rebondir" sur le clapot et sera très difficile à diriger. D'où une impression légitime d'instabilité, une surestimation de la vitesse et un ride nerveusement éprouvant.
Tandis qu'avec une planche adaptée, c-a-d pas forcément moins volumineuse mais surtout plus affûtée, on mord plus l'eau, on choisit plus aisément sa trajectoire et il en résulte qu'on est nettement plus en confiance. Donc plus de fun.
En résumé, je pense que pour s'attaquer à de "grandes vagues" il est préférable d'avoir une planche adaptée ce qui n'est pas forcément le cas de tous les débutants qui généralement ne disposent pas plus d'une seule planche.
Ensuite, et je crois que c'est le point le plus important, pour surfer une "grande vague" il faut être persuadé mentalement que c'est possible: avoir confiance en soi. Et il me semble que tout comme la technique, le mental aussi se travaille.
Bon surf