Dés l'annonce officieuse de la venue de Malcolm Campbell au sein des ateliers UWL, il me paraissait évident d'aller à la rencontre du shaper californien. Mais pour tout vous dire c'est UWL qui fut plus rapide que moi et m'invita à rencontrer le fameux bonhomme au sein de leur quartier général. Joie et pression au sein de l'équipe Surfrepotes, nous allions rencontrer une figure du shape : une sorte de consécration de notre travail sur le forum.
Rapidement la team s'agrandit avec le shaper Kamikazé qui devait prendre livraison de deux planches commandées au célèbre shaper. Son compère, le glasseur Chacal, devait lui aussi être du voyage. Pour son plaisir personnel et fort de son expérience californienne de glasseur et de sa maitrise de l'anglais "d'atelier", nous avions le traducteur rêvé !
Enfin Rémi surfer et grand admirateur des bonzers originaux devait lui aussi aller chercher sa planche qui devait compléter un quiver déjà bien fourni en planches Campbell venues directement de Californie.
Mais si les chose prévues devaient toujours se passer comme convenues se serait trop facile, trop simple... C'est presque deux jours avant la visite que l'équipe Surfrepotes due se rendre à l'évidence : nous ne pouvions, en regard de nos obligations professionnelles, nous détacher le jour prévu et ce malgré l'importance de la rencontre. Je vous passe le chapitre "regret et amertume" mais imaginez notre déception.
Ceci dit avec Kamikazé, Chacal et Rémi nous avions une véritable dream team qui le temps d'une rencontre devenait pour le coup "ambassadrice" du forum. Le cahier des charges fut élaboré assez rapidement : hormis deux ou trois points importants à nos yeux nos trois compères avaient entièrement carte blanche dans le déroulement d'une possible discussion avec M. Campbell. A nos yeux l'expérience et les connaissances de chacun suffisaient à garantir un échange fructueux et intéressant pour le forum. Cependant et ce malgré leurs profonds attachements à leur titre "d'indépendants" et même "d'underground" pour l'un d'eux, il est à souligner que Chacal et Kamikazé furent très sérieux dans la préparation de la rencontre et à l'écoute de nos demandes.
Voici donc les impressions et le retour de notre fameuse dream team sur cette rencontre tant attendue :
"Chaleureux, sympathique et simple", tels furent les premiers mots de nos trois envoyés spéciaux unanimes pour qualifier Malcolm. En effet après avoir été accueillis par Renaud Cardinal la rencontre avec le shaper californien se fit le plus simplement possible et sans artifice. Ce dernier était d'autant plus content qu'il rencontrait pour la première fois Rémi avec qui il maintenait une relation jusque-là basée exclusivement sur des échanges de mails. C'est avec cette même simplicité que la discussion va s'engager :
M. Campbell est assez surpris de l'engouement suscité par sa venue en France et peut être plus particulièrement sur son fameux concept de "Bonzer". C'est vrai que cette fameuse planche qui vit le jour dans son concept initial en 1970 n'a plus de secret pour lui et fait partie intégrante de sa vie. Mais l'engouement pour les bonzers étant, du moins pour le grand public, encore relativement tout frais dans l'histoire du surf, il ne réalisait peut être pas cet accueil. Il faut dire que malgré les excellents retours de surfers pourtant médiatiques ce n'est qu'avec le support de la vidéo que ce concept de planche fut connu et enfin reconnu. Pour preuve la démonstration en 2007 de Rob Machado sur les vagues chiliennes qui prouve au-delà du style légendaire du surfer que le bonzer et une planche rapide, très rapide et maniable !
Bien sur si l'on doit parler du rapport de la vidéo et du bonzer on ne peut passer sous silence le mythique film "Sprout". Mais pour revenir à la vitesse même on peut citer pour référence les deux frères Jones, Mikala et Daniel, qui avec sous les pieds une Bonzer 5 démontrent dans leurs vagues Hawaïennes les qualités de la planche :
Justement cette notoriété un peu tardive, comment Malcolm la vit-il ? A cette question certes un peu directe, il répond avec le sourire et de façon presque timide : "Pour moi l'essentiel est que des surfers surfent mes planches, c'est ma seule ambition."
Et c'est vrai que le shaper à l'air d'être resté ce qu'il est : un shaper, ni plus, ni moins. Pourtant son tour européen est digne d'un tour de rock star. Avant de passer chez UWL, il a joué du rabot chez "Manila Surfboard Design" au Portugal et devrait après un court retour chez lui en Californie repartir pour l'Angleterre. En revanche si le monsieur est humble et n'a pas les caprices d'une star du rock il a des exigences de vrai professionnel : qualité des salles de shape, aération, matériaux et matériels...
Le cahier des charges est sans cesse contrôlé par une sorte de "manager" minutieux et intraitable. Car tout doit se passer au mieux pour que dans le laps de temps imparti Malcolm puisse répondre à la demande et honorer les commandes. Soit en moyenne de 6 à 8 planches par jour.
Heureusement les ateliers UWL sont équipés pour et leur logistique et habitudes de travail ont de quoi satisfaire pleinement le shaper. De plus leur machine à pré-shape, à la fois précise et efficace, permet au shaper de suivre le rythme nécessaire. Mais ne croyez pas que Malcolm travaille dans l'urgence, c'est d'ailleurs un sentiment de tranquillité qui se dégage dans sa façon de faire ainsi qu'une sensation de facilité posée.
Sa façon de faire, semblable à celle de la plupart des shapers californiens, pourrait se résumer par 60% de préshape pour 40% à la main. Hormis pour des planches telles que l'Octafish qui ne peuvent, en raison de la présence de wings bien marqués, s'appréhender par la machine.
L'Octafish... c'est justement l'une des deux planches commandées par Kamikaze. Cela faisait bien des années que le shaper Bordelais n'avait pas eu une planche shapée par un autre. A sa vue, la première chose que dira Kim sera un "merci" presque ému. Et de parcourir avec les yeux et du creux de la main la réalisation sous l'œil amusé de Malcolm. A ma question qui pourrait semblé étrange pour celui qui ne connait pas bien Kim : "tu n'es pas tenté de mettre ton grain de sel, de passer un petit coup de cale à poncer ?" Sa réponse sera sans détour, pouvant paraître logique en prime abord mais chargée de sens quand on connait bien l'individu : "t'es fou, je ne vais pas y toucher d'un millimètre, c'est une Campbell, qu'est ce que tu veux y ajouter ?".
A la découverte de sa planche Kamikazé demanda alors à Malcolm de quoi était fait son quiver. Et bien en fait celui-ci est assez minimaliste : une Contempory (dernière version du bonzer 5, qui pourrait grossièrement être définie comme une planche rappelant les courbes d'un shortboard en ayant peu de concave et beaucoup de rocker) en 6'5'' et une Bumble Bee en 6'1'', planche qui est une réplique des modèles de shapes des années 70. Un egg devrait bientôt compléter le quiver.
Après avoir partagé un repas avec toute l'équipe d'UWL comme se veut la tradition de l'atelier et en présence bien sur de Malcolm, nos trois compères, ravis de l'accueil qui leur a été fait, chargèrent leurs planches et promirent à Malcolm un retour direct aux premiers essais de leurs nouvelles planches car comme leur a dit ce dernier en leur serrant la main :
"Une planche, tu l'essaies et après tu en parles..."
Voici un petit film réalisé lors de la visite, il n'était pas question de se lancer dans un tournage en bonne et due forme et de gêner ainsi l'organisation de l'atelier et le travail de M. Campbell mais plutôt de garder une trace de cette rencontre.
Merci à,
Malcolm Campbell,
UWL pour l'accueil et l'invitation (ce n'est que partie remise pour l'équipe Surfrepotes) site dédié: http://www.bonzer5-france.com/
Elsa pour les photos (1, 3, 6 et 7) http://elsagiraultphotos.free.fr/
Kamikazé, Chacal et Rémi pour leur disponibilité et pour m'avoir supporté en mode hystérique au téléphone.
Liste des articles et interviews du forum